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  L’Union Européenne, le monde et le nucléaire en France

dimanche 13 mars 2022, par Joseph Saint Pierre

Quelques années avant la signature du Traité de Rome, constitutif de l’Union Européenne en 1957, il y a eu la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, la CECA, en 1951. Cela montre que l’énergie fait partie de la construction de l’Union Européenne. Le Traité de Rome a été signé en même temps que le Traité qui a institué la Communauté Européenne de l’Énergie Atomique connu sous l’appellation Euratom. La création de ces instances semble bien une conséquence de la seconde guerre mondiale. La Communauté Européenne de Défense était un projet de création d’une armée européenne. Ce projet correspondant aux mêmes 6 pays fondateurs de la Communauté Économique Européenne. Le projet a été rejeté par la France. Malgré le développement du Marché Commun, le renforcement de certains aspects de la coopération entre les pays de l’Europe, parlement européen, monnaie euro, échanges universitaires et scientifiques etc. Il y a eu une sorte d’abandon d’une politique énergétique commune. Le choix fort de la France, après la crise pétrolière de 1973, du développement des centrales nucléaires pour la production d’électricité a été un choix national sans que cela corresponde à une politique énergétique commune en Europe. Il s’agit d’un choix singulier.

Si la France fait partie de l’Union Européenne elle a longtemps gardé des liens économiques assez importants avec des pays de son empire colonial. Une grande partie de l’uranium nécessaire pour le fonctionnement des centrales nucléaires françaises est venu du Niger. Cela fait partie de ce que l’on nomme la Françafrique... Les accidents nucléaires de Tchernobyl en 1986 et Fukushima en 2011 ont montré l’importance des produits radioactifs à longue distance. Ces accidents ont incité de nombreux pays à freiner leurs politiques en faveur du nucléaire, ce n’est certainement pas le cas de la France. Ces accidents ont surtout montré que les conséquences des radiations ne concernent pas seulement le pays où se produit l’accident. La volonté de relancer la construction de centrales nucléaires en France semble issue de considérations nationales et ne pas correspondre à une concertation européenne. Cette volonté a été affichée par le président de la République en période proche des élections présidentielles françaises de 2022 alors que des candidats nationalistes sont susceptibles d’obtenir des résultats plutôt élevés. Dans ces conditions de l’opinion publique française il semble très difficile d’imaginer des réflexions favorables à un renforcement de l’Union Européenne en matière d’énergie. Il semble tout aussi difficile d’avoir des réflexions concernant l’ensemble de la planète.

La France veut donner l’impression, en choisissant une politique volontaire en faveur de l’énergie thermonucléaire, que le pays est soucieux du changement climatique. Hélas si l’utilisation du nucléaire est bénéfique pour le climat il faudrait une politique mondiale en faveur de cette énergie et cela est impossible en raison des réserves non infinies d’uranium. Le nucléaire n’est en rien une source d’énergie renouvelable, le Niger a fermé des mines et la France achète son uranium au Kazakhstan. La durée de fonctionnement des centrales thermonucléaires n’est pas très longue, environ un demi siècle, peu de centrales ont été démantelées et cela demande beaucoup de temps et de mesures de sécurité.

Un des problèmes de fond de la politique énergétique vient du décalage entre le court terme des mandats électoraux et le très long terme des conséquences des choix. Le choix en faveur d’une relance de l’énergie thermonucléaire semble lié à une campagne électorale actuelle alors que les conséquences d’un tel choix concernent les prochaines générations. Ce choix semble ne concerner que la France alors que les conséquences de ce choix concernent l’ensemble de la planète.