Lundi 4 décembre 20h45
Salle de réception du stade de Balma
La logique du premier tour du scrutin présidentiel est de mettre sur le devant de la scène l’ensemble des grands courants politiques. L’importance de cette élection est telle que l’absence de candidature signifie une quasi disparition de l’échiquier politique. Mais, pour la droite comme pour la gauche, la multiplicité des candidatures fait courir le risque d’une déroute totale.
La droite s’est pendant longtemps coupée en deux : la droite extrême plus ou moins marginalisée et la droite de gouvernement. Au sein de la droite de gouvernement on a eu pendant plus de trente ans, d’un côté, les "gaullistes" plutôt « nationaux républicains » et, de l’autre, les démocrates chrétiens plutôt centristes et européistes. Plus récemment, avec la création de l’UMP et la tentative de marginalisation de l’UDF, la carte politique s’est fortement modifiée. François Bayrou a refusé de faire hara-kiri à l’UDF et a opté avec une minorité d’élus pour une position très critique par rapport au gouvernement. L’UMP sous la houlette de Nicolas Sarkozy a vu naître une opposition interne venant des chiraquiens, fronde menée de manière surprenante par le premier ministre du gouvernement dont Nicolas Sarkozy est ministre de l’intérieur. Pour augmenter la tension au sein de l’UMP une frange très souverainiste avec Nicolas Dupont Aignan conteste la dérive libérale et une autre minorité derrière Christine Boutin aimerait une politique plus morale et plus sociale .D’autres courants, encore, comme les libéraux purs et durs, style Madelin, ou les radicaux de droite, malgré la notoriété de Jean-Louis Borloo, n’ont pas suscité de candidature à la présidentielle.
Les écologistes de droite, comme Corinne Lepage ou l’insaisissable Nicolas Hulot sont influents mais ne sont pas perçus comme des candidats sérieux. Par contre Le Pen avec ses 17% d’électeurs d’extrême droite et Philippe de Villers avec ses quelques pour cent de nostalgiques de la « vieille France » réduisent les marges de manœuvre de la droite de gouvernement. Les efforts de respectabilité de Jean Marie Le Pen qui se traduisent par une évolution très nette des médias à son égard ainsi que la surenchère sécuritaire du président de l’UMP sont des symptômes inquiétants. Plutôt qu’une simple digestion par la droite de sa composante extrême on semble plutôt s’acheminer vers un durcissement idéologique du parti qui représente la majorité de l’électorat de droite.
Les ambitions personnelles existent et ne poussent pas les candidats à faire des compromis. N’empêche que ces clivages dépassent les questions des personnes. La vision néo-conservatrice proche de celle de Bush défendue par Nicolas Sarkozy est très différente de celle du gaulliste De Villepin. Il existe un fond commun à la droite qui permet de la distinguer clairement de la gauche mais il y a incontestablement une histoire et des valeurs différentes qui structurent des sous ensembles nettement différenciés. Fidélité au gaullisme,libéralisme, nationalisme, conservatisme, traditionalisme, pragmatisme, simple réticence au changement ou attitude profondément réactionnaire, la droite est bien multiple dans ses origines et dans ses valeurs de référence.
C’est à un débat au carrefour de la politique politicienne, de l’analyse historique, de la philosophie politique voire de l’ethnologie que nous vous invitons ce soir.
vendredi 5 janvier 2007, par Annie-Claude Verchère
vendredi 1er décembre 2006, par François Saint Pierre