Mai 68 : inventaire avant liquidation ?
Lundi 05 Mai 20h45
Salle de réception du stade de Balma
"Dans cette élection, il s’agit de savoir si l’héritage de mai 68 doit être perpétué ou s’il doit être liquidé une bonne fois pour toutes". Nicolas Sarkozy
Les Français ont élu comme Président de la République quelqu’un qui pense clairement qu’il faut liquider l’héritage désastreux de mai 68.
La génération qui a vécu cette époque, malgré la grande diversité des positions théoriques, semble en garder un souvenir plutôt positif. Sur le plan politique l’excès d’étatisme, mis en place par le pouvoir gaulliste, a été atténué. Les accords de Grenelle, conséquence de la plus grande grève de l’histoire de France, ont permis une augmentation de 35% du SMIG et le droit de créer des sections syndicales d’entreprise. Sur le plan sociétal le patriarcat, alors fortement dominant avec son autoritarisme et sa domination masculine, a été fortement affaibli. De manière générale, ce moment historique marque en France la fin du modèle national républicain autoritaire et la montée en puissance de nouvelles préoccupations démocratiques : droits des femmes, droits des travailleurs dans l’entreprise, droits des minorités, prise en compte de l’environnement, critiques du totalitarisme et de l’impérialisme sous toutes ses formes, etc....
Pourtant la lecture positive de cette période, qui n’a pas concerné uniquement la France, ne fait pas l’unanimité. Certains intellectuels de la gauche républicaine analysent mai 68 comme le début de la montée en puissance du libéralisme et de l’individualisme qui semble régner en maître aujourd’hui. La droite, beaucoup plus critique, reproche à cette période d’avoir introduit le "relativisme intellectuel et moral". Cela aurait gangréné dans les années qui ont suivi la société tout entière, en déstabilisant toutes les appartenances symboliques qui font tenir un pays. Si les conservateurs ont su garder le pouvoir politique, le couple, la famille, l’armée, la nation ont mal résisté aux flots de paroles qui ont jailli de partout. Ce n’est pas uniquement la rigidité des mÅ“urs et des institutions qui a été mise en cause mais, plus profondément, l’autorité morale conférée par les différentes positions institutionnelles. Le père, l’enseignant, le chef, le patron, personnages indispensables au bon fonctionnement de la société en seraient les principales victimes.
40 ans après, au nom du pragmatisme ou de la morale religieuse, faut-il remettre de l’ordre dans la société française ?
mardi 29 avril 2008