Invité : Olivier Baisnée
Maître de conférence, IEP de Toulouse
Lundi 4 octobre 2010
20h45 Salle de réception du stade de Balma
Les élections de 2012 approchent et l’équipe autour de Nicolas Sarkozy essaye de se préparer à affronter la bataille électorale dans de bonnes conditions. Le programme pour 2010 était clair : solder les dernières réformes avant les traditionnels cadeaux de période préélectorale, mais aussi accentuer la politique sécuritaire afin de resserrer les rangs parmi le noyau dur de l’électorat.
La réforme des retraites sera évidemment votée par les députés et un peu améliorée par le sénat, mais par son aspect bâclé, par le manque de dialogue avec les syndicats et en raison de la prise en compte insuffisante de la question de la pénibilité, elle est apparue à l’ensemble des travailleurs, mais aussi à l’opinion publique, comme une occasion ratée. La volonté réformatrice affichée lors de la campagne électorale de 2007 n’aura donné au final que des réformes mineures, incomplètes ou contestées.
Il est traditionnel avant de se lancer dans une bataille électorale d’affirmer son identité politique et de négocier avec ses alliés ensuite. Les multiples maladresses, qui ont accompagné les expulsions de l’été et qui ont fini par faire mettre la France en accusation au niveau européen, avaient pour fonction de rappeler aux électeurs les plus à droite qu’il était inutile de lorgner vers le FN. Mission accomplie, mais certaines composantes républicaines de la majorité présidentielle (gaullistes, centristes, chrétiens sociaux, etc...) ne peuvent pas se sentir solidaires d’une politique aussi ambiguë.
L’affaire Bettencourt a permis de montrer les liens nombreux et récurrents entre le monde de l’argent et l’équipe en place. Occasion de raviver les sentiments négatifs provoqués par la fête du Fouquet’s et la croisière sur le yacht de Bolloré. Mais aussi occasion de mettre en lumière la volonté du pouvoir de faire taire la presse d’investigation et de contrôler la justice.
Péripéties politiques certes, mais sur un fond de crise économique qui n’en finit pas il devient difficile de reprendre la main en faisant quelques cadeaux. La droite qui s’appuie depuis pas mal d’années sur l’individualisme ambiant, qui pousse les citoyens à privilégier le court terme, a du mal à satisfaire le désir de toujours plus de consommation. Difficile en l’absence de croissance et avec des monceaux de dettes de satisfaire le « Panem et circenses » que réclame le peuple comme prix de son soutien.
Situation délicate pour les différentes composantes de la droite qui veulent bien marquer leurs différences, mais qui hésitent à s’entre déchirer de peur d’une déroute électorale. Piège pour l’opposition, qui plutôt que de construire un projet positif pour affronter les nombreuses difficultés qui s’annoncent, préfère surfer sur la critique facile et sur les sondages flatteurs.
La France, comme beaucoup de pays occidentaux, traverse une période très difficile. Les paramètres fondamentaux de l’économie ne sont pas bons et seuls les pays asiatiques semblent pouvoir continuer pendant quelques années encore à suivre le vieux modèle productiviste. Adapter notre société à cette nouvelle donne demande une forte lucidité sur les enjeux de long terme et une volonté de transformer en profondeur les mécanismes économiques et les structures sociales. Le pouvoir actuel est-il le mieux placé pour remplir ce contrat ? Après 40 mois on peut légitimement en douter.
C’est pour débattre de cette actualité, mais aussi pour envisager l’avenir politique et économique de la France que nous vous invitons ce lundi 4 octobre.
François Saint Pierre
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