Lundi 4 juin 2018 - 20 h 45
Centre culturel des Mourlingues à Balma
Invité-e-s : des syndicalistes et des responsables politiques
Notamment Jérôme Monamy secrétaire du syndicat des cheminots Cadres et Maîtrises CGT de la région Midi-Pyrénées
Entrée libre
Mouvements sociaux multiples, malaise dans les universités, grogne dans les territoires. Un président qui, au nom de sa légitimité électorale et de sa croyance en la verticalité de sa fonction, réforme sans cesse en négligeant les négociations avec les corps intermédiaires. Si l’adaptation au monde qui advient est une nécessité, le gouvernement actuel semble plutôt vouloir en finir avec le modèle social français. Ce qui pendant longtemps a fait notre fierté est devenu dans le discours médiatico-politique la cause de notre immobilisme. Pour la droite dure, il n’y aurait pas d’autre alternative que d’éradiquer ce modèle obsolète ; pour les centristes, il suffirait de l’euthanasier en douceur.
Les services publics, et tout particulièrement les services publics en réseaux comme l’électricité, l’eau ou le chemin de fer, sont au cœur du modèle social français. Le rôle de l’intervention étatique dans le fonctionnement de ces réseaux était en 1933 le thème du mémoire de thèse du jeune Pierre Larroque, celui-là même qui, après-guerre, porté par le programme du Conseil national de la Résistance, mit en place les bases de la « sécurité sociale ». L’État providence n’est pas un simple mécanisme de redistribution chargé de corriger les inégalités excessives, c’est aussi une dynamique sociale qui permet à tous d’avoir la garantie d’un accès égalitaire aux services essentiels. L’État providence s’est donc créé sur la volonté d’aller plus loin que la simple égalité des droits, en permettant au nom de l’intérêt général de favoriser, pour les besoins essentiels, une égalité réelle.
Même les économistes libéraux comme John Stuart Mill avaient compris que, dans certains cas, le monopole étatique, même s’il semble contradictoire avec le principe de l’efficacité économique de la mise en concurrence, n’est pas qu’un choix idéologique, mais un choix rationnel. En effet, la manière la plus efficace pour assurer des services industriels en réseaux est que le même opérateur couvre l’ensemble d’un territoire, car cela évite la duplication de coûteuses infrastructures.
La critique actuelle de ces services publics en réseaux repose plus sur des arguments idéologiques que sur une analyse économique rationnelle. Si la SNCF est en déficit, ce n’est pas en raison du manque de concurrence, mais parce que la société accepte de prendre en charge une bonne partie des coûts d’investissement et d’entretien pour maintenir une équité territoriale et pour favoriser un mode de déplacement efficace, peu dangereux, peu polluant et peu producteur de gaz à effet de serre. De la même manière, les délégations de service public pour l’eau n’ont jamais pu démontrer une meilleure efficacité et un moindre coût pour l’usager que la gestion en régie publique, qui peut mieux articuler traitement de l’eau et gestion de la ressource.
Ceux qui veulent réduire le rôle de l’État dans les fonctions autres que régaliennes mettent en avant le statut des fonctionnaires ou des salariés des entreprises publiques. Statut protecteur et avantageux qui serait trop coûteux pour les finances publiques et dans certains cas contradictoire avec les règles du marché mondial. Cela revient à dire que le modèle social français ne correspond plus aux normes de l’Europe et, plus généralement, aux standards économiques imposés par la mondialisation libérale. Pas étonnant que les économistes soient divisés sur cette question : les uns pensent que l’avenir est au dépérissement de l’État-nation au profit d’une gouvernance pilotée essentiellement par l’autorégulation des marchés et souhaitent la fin du modèle social français ; les autres, au contraire, considèrent que le territoire national doit être un espace de régulations collectives, compensant l’accroissement structurel des inégalités, et défendent avec vigueur notre héritage social.
La dernière élection présidentielle, si elle a disqualifié les grands partis traditionnels, n’a pas fait exploser l’axe gauche/droite. A droite les tenants d’un modèle social basé, pour des raisons d’efficacité, sur la propriété privée, la hiérarchie et la concurrence, à gauche ceux qui croient que l’égalité et la solidarité sont encore des valeurs structurantes de nos démocraties libérales.
Nous vous invitons à venir nombreux à participer à ce débat.
Le Centre Culturel / centre de loisirs des Mourlingues à Balma http://www.openstreetmap.org/ ?mlat=43.60259921649&mlon=1.5057363693115&zoom=15#map=15/43.6025/1.5056
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