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  Animal ou végétal ?

vendredi 5 novembre 2021, par Stuart Walker

Il y a au moins 3 bonnes raisons de modifier nos habitudes alimentaires, surtout en ce qui concerne la viande et les produits laitiers : elles sont d’ordre éthique, sanitaire et climatiques.

Depuis longtemps l’idée de Descartes que les animaux étaient insensibles a été discréditée. En mémé temps on a vu le développement de l’industrialisation de l’élevage. De milliers de vaches, poules, porcs ou lapins sont entassés dans des hangars automatisés qui sont considérés comme des usines à protéine. Les cruautés qui leur sont imposées, ainsi que les conditions de travail des abattoirs, ne sont pas acceptables dans une société civilisée. Une des premières voix à les dénoncer était celle de Brigitte Bardot. Les animalistes ont pris le relève. Il faut espérer que leur parti prendra de l’ampleur dans les élections à venir.

D’autant plus que ces procédés ne répondent pas à un besoin alimentaire essentiel, mais plutôt à une satisfaction gustative . Il est possible que cette satisfaction a son origine dans le manque d’alternatifs après la guerre, ou dans le fait que, avant la révolution, la chasse était réservée à la nobilité, le braconnage étant sévèrement réprimé. Sans être psychologue, je soupçonne que croquer la chair rassure l’homme qu’il est capable de dominer les autres espèces.

Les effets néfastes des produits animaliers sur la santé ne sont plus à démontrer. Le « Beefeater » britannique était jovialement rubicond mais avec une obésité reconnue aujourd’hui comme facteur cardiaque. La toxicité de la viande a été démultipliée par le nombre de produits chimiques intégrés dans l’alimentation des troupeaux pour assurer leur rendement. Par ailleurs notre quasi-addiction à la viande augmente le risque de famine dans certains pays producteurs , ou l’utilisation de céréales pour nourrir leurs bêtes, destinées à l’exportation, prive la population d’aliments de base. Quant au lait, s’il peut être indispensable pour le nourrisson , il est mal digéré par la majorité des adultes, qui peuvent le remplacer pas le lait d’avoine , plus nutritif.

Des sportifs de haut niveau, comme les sœurs Williams ou Novak Djokovic attribuent leur succès en partie à la pratique d’un régime végan. Un paysan indien obtient un rendement énergétique plus important en mastiquant longuement une poignée de riz complet qu’un américain gobant à la va-vite un hamburger frites.

L’élevage joue aussi un rôle certain dans la dégradation climatique. Les vaches françaises émettent dans l’atmosphère autant de méthane que 15 million de voitures. Leurs déjections et les déchets ses abattoirs sont des sources majeurs de la pollution des eaux.La déforestation catastrophique qui se déroule à la vitesse grand V sous nous yeux a souvent comme objectif d’augmenter les surfaces de terres de pâturage. plus rentables.

Des solutions pour l’avenir existent. Il est possible, par exemple d’extraire les protéines dans des légumes ou des fruits secs et de les cultiver dans un laboratoire pour produire un substitut de viande . Créer le lait sans passer par la case vache n’est pas de la science fiction. Dans certaines conditions l’aquaculture peut être une source de protéines produits plus localement. Il n’y a pas de raison théorique pour que les insectes et les algues ne prennent pas une place plus importante sur nos assiettes.

Pour le présent le poids des traditions reste une chape de plomb. La surabondance des rayons alimentaires de nos grandes surfaces émerveillerait les populations d’un grand nombre d’autres pays. Certains parleraient d’un « crime contre l’humanité » Ce qu’on peut tenter de faire c’est d’inverser le postulat , qui remonte à Brillat-Savarin, selon lequel « on est ce qu’on mange » pour décider ce qu’on veut être, et adopter une alimentation qui correspond à cet objectif.