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  Plus ou moins d’impôt

dimanche 21 septembre 2003, par Le Webmestre du Café Politique

L’impôt sur le revenu et sa récente baisse imposée par le Président de la République pour cause de promesse électorale, occupe le devant de la scène médiatique. Décision surprenante en cette période de dérapage budgétaire. Ce marronnier de rentrée, cache en fait une forêt complexe de taxes et d’impôts divers qui alimentent le budget de l’État. Du direct, de l’indirect, du local, du proportionnel, du progressif, tout cela est le coût de production des "richesses publiques" (biens, services, institutions etc.….) qui sont créées pour satisfaire les besoins de la population. Plus que vers une baisse de l’impôt, la politique actuelle s’oriente vers la diminution des impôts progressifs, qui ont un fort effet de redistribution sociale et vers l’augmentation des taxes proportionnelles. Au-delà d’un manque évident de justice sociale, ce qui est en jeu c’est le risque de favoriser l’émergence d’une importante catégorie de rentiers manquant de dynamisme. Comme la bien montré l’économiste Thomas Piketty : " L’impôt progressif en limitant la concentration du capital, peut favoriser l’émergence de nouvelles générations d’entrepreneurs". On est bien loin du discours du MEDEF et du gouvernement qui ne voit dans ces impôts qu’un mécanisme qui favorise la fuite des "cerveaux" et dans la baisse qu’un turbo au moteur de la croissance !

Les "richesses publiques" ne sont pas financées uniquement par les impôts. Les contributions sociales et les cotisations sociales représentent une part très importante des recettes. L’ensemble donne un système de financement des dépenses publiques extrêmement complexe, dont l’équilibre, l’efficacité, la transparence et la justice sont un enjeu permanent. S’il est important de comprendre d’où vient l’argent, il est tout aussi important d’analyser à quoi il sert et à qui profitent les mécanismes de redistribution. Le gouvernement est décidé au nom de l’efficacité libérale à privatiser tout ou partie des services publics, à alléger les contraintes liées à la solidarité et à affaiblir certaines institutions républicaines, pourtant il lui faut aussi trouver un financement supplémentaire pour satisfaire ses orientations sécuritaires.

C’est sur ces questions, plus que sur les déclarations de bonnes intentions, que se mesurent concrètement la validité et la cohérence des choix politiques. Nous vous invitons à venir en débattre avec nous.

L’équipe du Café Politique

P.S.

1) Thomas Piketty : " les hauts revenus en France au XXeme siècle. Inégalités et redistributions, 1901-1998" . Livre qui, au temps de la baisse de l’impôt sur le revenu proposée par Laurent Fabius, avait provoqué beaucoup de remous .

2) Autres références : Jacques Généreux, "Les vrais lois de l’économie" et pour ceux qui ont des doutes sur la croissance et le toujours plus...Serge Latouche, "Justice sans limite".