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  Compte rendu du débat sur la ville durable

dimanche 2 mars 2008, par Annie-Claude Verchère

Plusieurs notions amenant à réfléchir ont été abordées par l’intervenant, Monsieur Jean-Marc Zuliani, Maître de Conférence à l’Université de Toulouse le Mirail. Celles-ci et les questions posées lors du débat montrent la complexité du problème.

La forme urbaine soutenable, est-ce une ville compacte, économe en coûts sociaux, en mobilité quotidienne, mais avec un coût plus cher du foncier, une pollution émise et reçue plus importante. Une forme urbaine soutenable, ce peut être une ville plus compacte, moins étalée, avec de meilleures conditions de vie, avec plus d’échanges, de liens sociaux. La concentration des nuisances amène les individus vers des structures de moindre densité. Mais, avec l’augmentation du coût de l’énergie, les gens vont moins chercher à miter le tissu de nos territoires. Il y a donc une diversité de solutions, de modèles pour préserver les générations futures à satisfaire leurs besoins.

La ville doit être aussi socialement durable, elle doit atténuer les fractures sociales, générationnelles Pour faire des choix, il faut s’interroger le projet dans le temps, sur les cycles urbains, économiques, sur la durabilité du bâti (durée courte, patrimoine…matériaux…) sur la limitation des risques, sur les nuisances, la ville doit s’inscrire dans le temps dans son fonctionnement, dans son renouvellement.

Les villes fonctionnent en réseau, mais elles doivent être aussi compétitives (compétitivité économique, solde migratoire..), raisonne-t-on pour une ville ? Ou pour une ville dans un territoire ? Car la ville est ancrée dans un territoire. y a-t-il une bonne taille pour une ville ? Une masse critique pour éviter les problèmes de transport, de « vivre ensemble » Dans le rapport « Attali », les écopoles sont de 50 000 habitants ; Toulouse, Nantes croissent régulièrement… la ville attire quand il y a de la richesse (attractivité économique). Si l’on se réfère au fondamentaux du Développement Durable (1980), rester compétitif sur le plan économique, diminuer les nuisances, développer un bien-être social dans un contexte sociétal de marché, les métropoles sont le site de démarche de compétition omniprésente. La Durabilité c’est gérer sur le long terme l’adaptabilité, les ressources, les conditions de vie, le système marchant qui se renouvelle dans le temps.

Le Développement Durable, n’est-ce pas un compromis entre deux objectifs ; l’humanité s’est donné celui de conquérir la planète, maintenant ne faut-il pas réinventer la notion de croissance ? Ce sont les mêmes qui sont concernés par les inégalités sociales, les inégalités environnementales et écologiques. Il y a un équilibre à trouver, chaque groupe a le droit de s’épanouir. Les villes sont attractives jour les gens qui cherchent du travail et veulent sortir de leur misère. Une interrogation, la Durabilité, est-ce un produit du capitalisme ?, le capital vert aujourd’hui ? On est dans une logique de marché où le capital s’adapte toujours. Les proximités entre acteurs économiques de production sont très fortes.

Le concept de ville enviable, c’est le travail, mais aussi des commerces de proximité, des activités, une proposition culturelle, des services publiques et ceci nécessite un minimum de densité. En dessous d’une certaine taille, les petites communes rencontrent des difficultés. La ville doit se renouveler, et à ces occasions, nous pouvons favoriser la diversité dans une démarche de DD. Construire des villes, ce sont des dépenses énergétiques considérables à une époque où l’on doit les maîtriser. On peut jouer sur le facteur économique, levier à réfléchir à une échelle suffisante, régionale, pour équilibrer le territoire. Mais ce facteur a des limites avec la production de CO2 par exemple. Les cœurs de ville doivent-ils créer du contact social, ou sont-ils déshumaniser avec les hypermarchés extérieurs ? On voit trop souvent le coût à court terme, comme les autorisations de supermarchés en périphérie des villes, créateurs d’emplois, de structures (rond point, routes, voiries…), et les petits commerces de proximité qui ferment. Autre exemple, les résidences éloignées car les loyers sont moins chers, mais l’entretien est mal fait…. Et le coût élevé pour la commune (voiries, réseaux…) Un autre facteur le foncier, comme l’encadrer. (vente, location) pour éviter cet étalement urbain .

Le concept de DD est composé de 4 axes, social, environnemental, démocratique, économique, il y a un problème de transversabilité, de cohérence dans les projets et réalisations, les SCOT ne fonctionnent pas encore suffisamment, les décideurs ont des difficultés à avoir les compétences, les syndicats intercommunaux ont des moyens, et pourraient travailler avec des urbanistes…Quel niveau territorial d’action politique forte pour produire du maillage urbain ? Est-ce que des villes moyennes à moins d’une heure des métropoles sont-elles capables d’accueillir des systèmes de production ? Quelle gouvernance urbaine ? Comment rapprocher les politiques, les experts, et les citoyens ? E. Morin parle de ghettos urbains stratifiés, surtout au niveau des quartiers, comment cohabiter et apprendre à vivre ensemble dans la ville de demain ? L’Agenda 21 permet de prendre du recul, de la hauteur, mais le niveau de la commune est trop petit pour un maillage territorial ; les politiques ont au croisement de ce développement « soutenable » pour les anglo-saxons, durable (= adaptable). La politique des « petits pas », des petites victoires doit savoir sa place, l’agenda local permet des échanges entre élus, techniciens et citoyens.

Quel niveau aussi pour la démocratie ? nous votons pour des élus locaux alors que les décisions sont prises à d’autres niveaux (agglo..), il faut du temps pour réaliser des actions de revitalisation des centres ville, des « pays », de l’intercommunalité. Sur quels critères choisir nos élus ? qui prennent les décisions. Au Canada, la pratique de la démocratie participative se réalise avec des assemblées de citoyens très actifs, avec la possibilité d’avoir un budget sur les fonds de syndicats.

« Avoir envie », envie de vivre ensemble, de vivre autrement, réfléchir à ce qui peut donner envie d’aller vers du collectif. En gardant le contact avec les espaces verts, réfléchir à l’organisation fonctionnelle de la ville avec des conceptions différentes, habitat et activités séparés ou intégrés ? Lieu de résidence et d’activité professionnelle à compenser par les transports en commun, identité verte de la ville (de grands parcs ou de petits parcs ? des chemins piétonniers.)… Le déménagement d’activités génère des déplacements supplémentaires.

Pourquoi on aime la ville ? La culture à porter de main, les rencontres fortuites, l’isolation possible (dans un café), la proximité des services, les odeurs…la vie de quartier (ex : Paris), il faut des centres de vie dans les quartiers des villes. L’espèce humaine a une grande capacité à s’adapter, mais la vitesse des modifications peut générer beaucoup de souffrances. On ne doit pas confondre une ville économe en énergie et une ville économe en équipements publics, quand nous anticipons, nous pouvons faire du positif.

Notes prises par A.C.Verchère Balma le 20 février 2008