Le Café Politique

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  Redonner du sens au travail

jeudi 9 février 2023, par Joseph Saint Pierre

Dans la présentation de ce Café Politique sur les retraites on peut percevoir un léger décalage entre le titre, où apparaissent les exigences comptables, la justice sociale, et le paragraphe qui me semble soulever les enjeux de fond. Cette réforme semble totalement paramétrique et n’aborde pas la qualité du travail effectué ni l’adéquation entre les formations et les emplois occupés. Le terme d’efficacité utilisé dans la présentation semble un peu dur mais assez juste. Implicitement, avec le durée, il y a une notion de quantité de travail au détriment, éventuellement de la qualité du travail effectuée. Dans de très nombreux domaines il est préférable d’avoir un bon travail très bien fait rapidement plutôt que beaucoup de travail imparfait.

L’adéquation entre formation et emploi soulève implicitement des questions sur les systèmes d’éducation. En raison de l’évolution des techniques il peut être délicat d’adapter l’éducation à des besoins professionnels de manière trop stricte.

L’expression "pression psychologique" évoque une vision du travail comme une souffrance. Les origines de cette vision est ancienne et se retrouve dans l’expression "gagner son pain à la sueur de son front." On peut opposer cette vision du travail comme corvée pour gagner sa vie à une vision plus agréable et moins sacrificielle, et surtout il est important de voir les résultats du travail effectué comme le but premier du travail.

Ces principes semblent oubliés au niveau macro-économique. Il faut des productions pour satisfaire des besoins et pas pour occuper des personnes tant nombre d’heures sur tant nombre d’années. Les nombres d’heures de travail ont eu tendance à diminuer avec des productions qui ont augmenté, en grande partie avec l’utilisation de machines et surtout d’énergie non humaine. Il y a très longtemps que l’on utilise des moulins à eau pour moudre les grains de céréales et cela a permis d’éviter le travail d’esclaves. Plus récemment les ordinateurs et des robots permettent de faire certaines activités. Le métro de Toulouse n’a pas de chauffeur et il fonctionne plutôt bien et transporte beaucoup de monde.

La pression psychologique sur les travailleurs rappelle cette vision du travail comme une souffrance nécessaire.

L’augmentation de l’âge de départ à la retraite est plutôt contraire à une évolution longue de diminution du temps de travail, avec une augmentation du temps d’études et une baisse de l’âge de départ à la retraite.

Il semble difficile d’aborder le sujet des retraites sans prendre en compte l’ensemble de l’économie et cela peut paraître évident pour le chômage des jeunes. C’est surtout les inégalités de revenus qui sont essentielles, une part des revenus ne sont pas liés au travail mais au capital, or il n’y a pas de retraite pour le capital. Le capital se transmet beaucoup plus facilement que les emplois. Les réflexions sur les changements concernant la retraite sont sur les travailleurs mais pas les rentiers.

L’efficacité du travail dépend très fortement des types d’activités. Une vision paramétrique qui considère l’âge et les années d’activité ne prend pas correctement les difficultés physiques de beaucoup de métiers. Ce point est lié à un système démocratique qui favorise l’accès aux fonctions politiques des personnes ayant des activités plutôt intellectuelles et souvent issues de ce que l’on nomme des sciences politiques ou de l’administration. Les réalités de l’activité professionnelle et surtout ses difficultés sont transformées en quelques chiffres, années d’activités, cotisations...

Si il est important de manifester contre un projet sur les retraites qui semble injuste il est aussi nécessaire d’argumenter de manière plus approfondie pour tenter d’expliquer les origines de cette injustice.