Le Café Politique

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  Instinct de survie

mercredi 28 février 2007, par Charly Bouti

Ecrit 1

Questions soulevées par la candidate PS aux élections présidentielles françaises de 2007 :

« Comment faire de la France un pays exemplaire et moteur dans le monde en matière d’environnement et aller, dans les faits, au-delà du protocole de Kyoto ?

Comment susciter les innovations et développer les technologies qui prennent le tournant de l’après-pétrole, dépassent l’opposition stérile entre environnement et croissance, constituent des gisements d’emplois durables pour demain ?

Comment donner aux énergies renouvelables toute leur place en France ? Quels leviers actionner (fiscalité, commande publique, subventions à l’équipement…), quels objectifs et obligations de résultats se fixer ?

Comment imaginer une utilisation des ressources de la planète propice à un développement plus équitablement partagé et plus protecteur de son environnement ?

Comment aider les pays pauvres à tirer tout le parti des énergies naturelles dont ils disposent ? »

Si cette notion de l’après pétrole est abordée, c’est que notre génération, et encore plus celle de nos enfants, sera confrontée à l’épuisement de cette ressource fondamentale au fonctionnement de nos sociétés dites développées. Mais doit-on réellement ou raisonnablement aborder la question du pétrole, et des énergies fossiles dans leur ensemble, sous l’angle de la rareté ? Il me semble que le véritable enjeu de cette notion de l’après pétrole ne se situe pas dans la contrainte du « manque » mais bien dans notre capacité à mettre en place une politique globale de restriction de la consommation des énergies fossiles, non pas par souci de rareté mais par « instinct de survie ».

« Instinct de survie » car la rareté entraînera inévitablement des guerres et des morts…non…ce n’est pas là que je veux en venir. « Instinct de survie » pour maintenir l’ordre établi et nos modes de vie, sans concessions aucune, par peur d’envisager le moindre changement dans nos modes de consommation, ce « chacun pour soi » ou plutôt ce « chacun contre tous »…non…ce n’est pas encore là que je veux en venir. Ce que j’entends par « instinct de survie », c’est la volonté de placer au centre du jeu politique et économique, et ce à l’échelle mondiale, la question de la validité de notre développement dans une contrainte environnementale. Les décisions politiques courageuses doivent trouver la preuve de leur validité dans le temps, ce temps qui aujourd’hui tend à nous échapper et qui coupe le présent de son avenir. Comment obtenir de si magnifiques résultats sans avoir préalablement attenté à l’intelligence des personnes et à leur discernement, sans intégrer leur décomposition humaine, sociale et spirituelle à la destruction globale, dont le saccage de la nature est la forme la plus manifeste ? La violence faite à la nature est à la fois le recours des pauvres qui luttent pour survivre aussi bien que des riches qui détruisent pour prospérer et sa protection passe par la double lutte contre la misère et contre le gaspillage, fléaux complémentaires bien plus qu’antagonistes. La propagande économique a formé « un chacun pour soi » ou « chacun contre tous ». La responsabilité de chacun a été transformée en pouvoir d’achat et les lois politiques et économiques appliquées aboutissent à une gestion politique du vivant libre de toutes inconséquences. Si l’ordre établi aujourd’hui maintient sa logique d’évolution future, les choses de ce monde ne sont pas faites pour s’arranger…ceux qui veulent nous faire croire le contraire nous mentent.

Il est nécessaire de réfléchir au ton et au discours à tenir, à la substance cachée qu’il faut analyser, synthétiser pour rendre les faits accessibles au plus grand nombre, s’entendre sur la question qui doit primer sur toutes les autres, celle qui doit retenir le plus notre attention et mobiliser nos efforts, que l’on se mette d’accord sur ce qui doit être placé au centre du jeu. L’Humanité ne veut rien voir ni rien entendre du désastre qui se prépare. La prise de conscience écologique ne s’effectue pas, le consommateur ne change pas, les décideurs (politiciens, industriels, vous et moi) ne tiennent pas compte de ce qui se passe réellement. Les textes lucides ne sont suivis par aucun acte efficace. Les bonnes décisions s’enlisent dans le jeu de la bourse et des profits illicites. Les projets subtils passés sous silence pour défendre l’avidité de quelques-uns, les intérêts individuels, familiaux, corporatistes, religieux, communautaires ou nationaux.

Chacun d’entre nous n’a pas le droit aujourd’hui, avec toutes les informations que nous possédons, par respect et dignité pour nos enfants, d’ignorer ou de freiner les leviers qui peuvent être actionnés afin que l’opinion publique et la classe politique puissent encore créer l’électrochoc nécessaire pour endiguer l’autodestruction de notre Terre. Nous n’avons pas le droit de nous moquer à tel point de l’avenir de nos enfants.

Ecrit 2

Le parti socialiste affiche clairement votre volonté de mettre en œuvre une politique d’excellence environnementale pour la France afin de prendre en compte réellement l’impératif écologique : Engager des changements radicaux en matière de politique énergétique pour lutter contre les gaz à effet de serre. Mettre en place une fiscalité écologique créatrice d’emploi dans les filières éco-industrielles et dans l’agriculture. Proposer des plans concrets pour l’habitat bioclimatique et la construction de bâtiments de haute qualité environnementale Proposer un soutien déterminant aux économies d’énergie et à la promotion des énergies renouvelables. Le problème posé par la mise en place d’une telle politique, dans une économie de marché, est celui du coût engendré par l’application de ces mesures ; par exemple les technologies disponibles actuellement, qui limitent les gaz à effet de serres, sont tenues à la marge du système économique car leur coût n’est pas acceptable par le marché et les consommateurs. Les mesures (nationales, fiscales et règlementaires) prises par les pouvoirs publics ne suffiront pas. Il est nécessaire de créer un environnement incitant les acteurs économiques à faire leurs les objectifs de réduction de gaz à effet de serre et surtout d’innovations technologiques. Or, la réalisation de ces objectifs ne peut s’entreprendre, d’un point de vue économique, de manière isolée ; entraînant un écart trop important de compétitivité entre les acteurs qui se plieront aux contraintes environnementales et ceux qui les ignoreront invoquant le maintien de leur efficacité au sein du marché afin de ne pas affecter les profits réalisés par leur activité. Une politique économique isolée ne peut pas poursuivre une politique de réduction des gaz à effet de serre. Il est donc nécessaire d’harmoniser ces efforts à une échelle plus large pour être capable de supporter les coûts et les changements engendrés par le respect et l’application d’une politique environnementale efficace. Dans l’urgence de la situation, et au vu des difficultés rencontrées pour faire appliquer le protocole de Kyoto, ne serait-il pas judicieux, faute de pouvoir appliquer une politique d’excellence environnementale mondiale mais également nationale, de se fixer comme objectif de construire un chantier intégrant pleinement les contraintes écologiques au niveau de l’Europe ? Cela peut être tiré et porté par la France. La taille de l’Union et sa place dans le jeu économique mondial peut lui permettre de supporter les coûts d’une telle politique. L’Europe pourrait faire naître les nouvelles technologies de l’énergie et de l’environnement dont la production et la diffusion seront les moteurs de croissance les plus puissants à venir. A l’échelle de l’Europe, la préoccupation écologique, loin d’impliquer une décroissance, est un moteur de croissance. Si l’on veut « une France qui revient à la table d’une Europe qui protège et prépare l’avenir », donnons-nous comme objectif de jeter les bases d’un chantier européen de politique d’excellence environnementale. Rapprochons les peuples européens autour de la question écologique et bâtissons ainsi les piliers d’une intervention internationale, assise sur des objectifs communs à long terme, et adossée à des accords cadres pour modifier radicalement le jeu économique actuel. Le développement économique à venir devra se faire en intégrant pleinement la préservation de l’équilibre de la vie sur Terre et le respect des générations futures.

Ecrit 3

No Coment

1972 : Premier rendez-vous « écologique » ; la conférence de Stockholm lance le Programme des Nations Unies pour l’Environnement

1976 : Conclusion d’une étude rédigée par le Ministère de l’Industrie Français : « Que se soit pour limiter la pollution due à l’utilisation des hydrocarbures ou pour pallier la pénurie de ressources en combustibles fossiles, l’utilisation de l’hydrogène comme vecteur d’énergie fait l’objet de travaux importants de recherche et d’évaluation dans le monde entier et plus particulièrement au sein de la Communauté Européenne, aux Etats-Unis et au Japon. L’ampleur de ces travaux est justifiée […]. Si, comme de nombreux experts le pensent possible à l’horizon … 2000, le prix de mise à disposition de l’hydrogène devient compétitif, on assistera au développement d’un système énergétique fondé sur ce nouveau vecteur. »

1992 : Premier Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, fait état de la situation urgente des problèmes d’émissions de CO2 : les experts demandent aux gouvernements des pays riches de prendre des mesures radicales pour diminuer de 60 % les émissions de CO2 d’ici 2010. (en 1990, les activités humaines rejetaient 21 milliards de tonnes de CO2 : 45 % dus à la production d’électricité, 25 % aux transports, 20 % liés à l’industrie et 10 % à la biomasse (bois, incendies…))

1997 : Elaboration du Protocole de Kyoto : demande aux pays riches une diminution de 5,2 % des émissions par rapport à 1990 pour la période de 2012. (contre les 60 % évoqués par les experts). Les Etats Unis, le Canada, le Japon, l’Australie, la Russie constitue l’Umbrella Group et refuse de signer le protocole.

2002 : Deuxième Sommet de la Terre à Johannesbourg : Mr W. Bush, Président du pays responsable de 25 % des émissions de CO2 mondiales, refuse d’y participer : « Le protocole de Kyoto n’est pas dans l’intérêt économique des Etats-Unis, il en exempte les pays en voie de développement, et le mode de vie américain n’est pas négociable ». Jacques Chirac, sous la plume de Nicolas Hulot prononce un discours exemplaire en invoquant « la maison qui brûle » et nous qui la regardons brûler…discours resté sans acte efficace.

2006 : Bilan des émissions de CO2

Union Européenne (signataire de Kyoto) : Hausse de 0.3 % par rapport à 1990 (les experts alertés et demandés en 1990 un baisse de 60 % en 2010 !!!!!) Prévisions : baisse de 15 à 30 % pour 2030

Etats-Unis : Hausse de 16 % par rapport à 1990 Prévisions : hausse de 54 % pour 2030

Australie : hausse de 15 % ; Canada : hausse de 13 % ; Japon : hausse de 10 % ; Russie : non connu

Perspectives pour les transports :

2006 : 800 millions de véhicules dans le monde aux énergies fossiles 2020 : 1.4 milliards de véhicules, toujours aux énergies fossiles.

A méditer…en famille, entre amis, comme on veut !!!

Ecrit 4

Postulat de base

Placer au centre du jeu économique mondial et comme priorités des décisions politiques le problème du réchauffement climatique.

Définir ce phénomène comme une priorité commune à l’ensemble des Etats et des êtres humains.

Prendre appui sur les études scientifiques menées (GIEC) pour en dégager clairement les causes et établir une grille de lecture du phénomène lisible par tous.

Utiliser cette grille pour cibler les secteurs dans lesquels les décisions adéquates aux contraintes environnementales posées par le phénomène devront être prises ou imposées.

Adapter les règles du commerce international pour prendre en compte les logiques de développement des pays riches comme des pays en voie de développement en fonction des contraintes environnementales définies.

Construire ces nouvelles règles dans le but de générer des fonds capables de financer des travaux de recherche de grande ampleur en matière écologique, de faire naître des secteurs de croissance porteur d’emplois dans le domaine de « l’éco-industrie » et de soutenir les multiples stratégies à mettre en œuvre pour anticiper les premiers effets incontrôlables des conséquences des énormes quantités de carbone accumulées à ce jour dans l’atmosphère couplées au phénomène de déforestation.

L’environnement doit devenir une question transversale.

Si notre civilisation ne tient pas compte, dans sa réalisation profonde, des déséquilibres majeurs que son organisation actuelle, économique, politique, sociale provoque, et que nous nous retranchons derrière le fait que ces prévisions soient erronées ou alors que, même si elles sont reconnues comme vrai, tout changement de cap est d’office désigné comme étant trop coûteux tant en terme financier qu’en frustration de désirs individuels et ne sera donc pas entrepris. Si nous n’utilisons pas le jeu économique actuel, les énormes capacités de communication et d’échanges d’informations et de marchandises pour dresser les fondations d’une organisation économique mondiale, qui place au centre du jeu la réalisation et l’application de stratégies qui vont porter peu à peu l’humanité à organiser un temps présent empreint de réparation et de respect pour notre descendance.

Alors cela veut dire que notre civilisation n’aura pas réussi à dépasser dans sa conception des choses, l’aboutissement ultime des jouissances individuelles, de l’enrichissement à outrance, allant jusqu’à créer un méprisant rapport de force entre le maintien de l’ordre établi pour protéger ces priorités individuelles, pour bloquer tout changement qui nuirait aux puissants de ce monde et l’impérative nécessité de réorganiser, d’adapter l’activité humaine aux contraintes environnementales nées de notre dérive présente qui place au dessus de tout, le mieux être individuel et non pas le bien être commun.

On pourrait dire que le rapport de force actuel n’existe pas tant les leviers pour réaliser les changements qui s’imposent sont bien tenus. Aucune force n’est en mesure aujourd’hui d’intervenir au cœur du fonctionnement de ces leviers, interventions pourtant incontournables mais qui remettent en cause l’utilisation qui est faite des richesses produites par le jeu économique et son accaparement par le système boursier.

La réorganisation du système économique international doit avoir comme objectif unique de déclencher les dynamiques financières nécessaires à la réalisation d’un système économique intégrant dans son essence la vision de l’avenir, qui doit être soutenue et insufflée par le grand nombre de ce monde…à partir de là, le rapport de force prendra forme.

Le point déclenchant de cette réorganisation se trouve au cœur de notre système économique actuel, dans ce qui constitue le système nerveux du grand corps financier, le jeu boursier. Une reconsidération des règles du jeu boursier et de l’utilisation faites des profits dégagés par les entreprises qui fondent l’économie mondiale actuelle, jetterait les bases financières et morales du changement radical que notre civilisation doit entreprendre pour sa survie et au delà, pour ne pas être directement responsable de l’extinction massive et rapide de la Vie sur Terre.

Il faut donc réfléchir et se demander comment la transformation du système économique peut avoir lieu et se créer, comment fonder les énergies et les forces qui vont agir et permettront une réorganisation du jeu adéquate aux objectifs définis par la prise en considération de la Contrainte environnementale.