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samedi 24 septembre 2005, par JF Arènes

Les humains utilisent la nature pour survivre. Les occidentaux le font de manière particulièrement intense. L’eau, l’air, la nourriture, la chaleur et la lumière du soleil sont indispensables aux humains. Pendant longtemps, les humains étaient peu nombreux et la nature immense. Mais nous sommes dans le monde réel et toutes les ressources sont rares. Avec l’accroissement de la population mondiale et le développement économique, des ressources qu’on pouvait considérer comme illimitées ne le sont plus maintenant.

Les occidentaux sont allés plus vite que les autres pour s’accaparer les ressources aujourd’hui indispensables au mode de vie qu’ils ont créé. Ce mode de vie est tel qu’il n’est pas applicable en termes de ressources à l’ensemble de l’humanité et repose de toute manière sur un asservissement d’une bonne partie d’entre elle. En outre, ce mode de vie a une influence sensible selon les dernières connaissances scientifiques sur la Terre elle même (réchauffement climatique, trou dans la couche d’ozone, baisse de la biodiversité...)

Ceci étant dit, que faire ?

Le problème vient du fait que la nature est trompeuse en laissant croire aux hommes qu’elle est immense et illimitée. Par exemple, les forêts d’Indonésie sont immenses et chaque paysan qui coupe un arbre a le sentiment de n’enlever qu’une goutte d’eau dans un océan. L’économie est la science de la gestion des ressources rares. Mais la nature est difficile à appréhender par la science économique parce que sa rareté est souvent masquée. La science n’a encore mis en lumière que partiellement les cycles naturels de l’eau, de l’air, de la vie.

Une des grandes peurs actuelles est le changement climatique, impulsé par la production excessive de CO2 due à l’usage immodéré des énergies fossiles. Avec Kyoto, on parle beaucoup de la consommation énergétique des transports même si ces derniers ont fait de nombreux efforts depuis de nombreuses années. On parle également beaucoup de l’industrie même si celle-ci a également fait de gros efforts pour améliorer son efficacité énergétique. Malgré leurs efforts, ces deux secteurs restent souvent les symboles de la consommation énergétique folle des pays occidentaux dans l’esprit des citoyens.

Il est intéressant de constater en revanche la myopie des individus sur leur consommation individuelle d’énergie. Avez vous une idée par exemple du coût énergétique (production, transport, consommation) de l’ordinateur sur lequel vous lisez ce texte ? Connaissez-vous votre dépense individuelle annuelle d’eau potable ? Appréciez vous le contenu énergétique du flacon de shampoing tout neuf que vous avez utilisé pour votre douche du matin ?

Le chauffage des logements est en cela très intéressant à étudier.

Une directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments a vu le jour en 2002 (comme quoi l’Europe apporte des choses intéressantes n’en déplaisent à certains). Elle vise à améliorer la performance énergétique des bâtiments neufs et existants. Une des mesures les plus intéressante est l’instauration d’un "diagnostic de performance énergétique".

Tout vendeur devra faire établir un diagnostic de la performance énergétique du logement qu’il souhaite vendre et le fournir aux clients potentiels. De même pour la location, tout bailleur devra fournir pour son logement un tel document à remettre aux locataires potentiels. Ce diagnostic comportera une indication de performance énergétique sous une forme similaire à celle existant dans l’électroménager (A, B, C, D...) et des préconisations de travaux pour améliorer le logement. Ce diagnostic sera établi par un professionnel et la performance énergétique sera construite selon une méthodologie éprouvée.

L’idée sous-jacente à un tel dispositif est de rendre visible pour l’acheteur ou le locataire potentiel, la performance énergétique du logement qu’il envisage. Jusque là, l’achat ou la location d’un logement se faisait à l’aveugle sur ce point, chacun ayant sa technique pour apprécier cette qualité. Le diagnostic (s’il est bien conçu) constituera un nouvel attribut de qualité des logements à coté de leur localisation, de leur type, de leur taille.

Cela ne dit pas cependant ce que l’on fera de cette information. Peut-être qu’on s’en fichera !

La nature est difficile à appréhender et il faudrait avoir à sa disposition d’autres indicateurs de ce genre. On pourrait installer un compteur d’eau à coté de chaque douche pour que chacun sache combien il a utilisé d’eau pour sa toilette ! Mais comment faire de même pour l’arbre au fond des bois qui est coupé en Indonésie, pour la baleine péchée par les japonais dans le pacifique, pour l’or extrait en Amazonie qui détruit la forêt ? Ces ressources sont non mesurables et appartiennent à tous donc à personne d’identifié. Or la mesure précède l’action. On ne peut pas agir efficacement en aveugle.

Pour qu’un individu se sente responsable par rapport à la nature, il doit avoir un intérêt à le faire. Limiter la coupe du bois en Indonésie, c’est l’organiser pour que personne n’ait intérêt à piller. La tragédie des communs est un problème classique en économie. La solution viable est dans la répartition du bien commun entre les différents utilisateurs de ce bien, chacun s’occupant ensuite de sa parcelle. Si le bien reste commun, sans règle pour son usage, il deviendra un désert, chacun prélevant au maximum.

...

Il est intéressant de constater que l’élévation du prix du pétrole malgré son importance n’a eu encore que peu d’impact sur la conduite des français, et sur leur consommation de carburant. En revanche, la peur du gendarme a fait diminuer la vitesse moyenne des véhicules et a diminué d’autant la consommation énergétique des transports.