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  Tant de crises à gérer

vendredi 24 avril 2020, par Stuart Walker

Nous voilà confrontés par trois crises inédites : sanitaire, économique et écologique.

La première, la plus urgente, monopolise actuellement tous les esprits. Dire qu’elle a été mal gérée ne nous avance pas beaucoup vers une solution. On peut toujours jeter la pierre, mais on ne refait pas l’histoire. On peut dire, après coup, que le non- renouvellement, par l’administration Hollande, des stocks de masques périmés, était une erreur. Mais peu de pays, à l’exception de quelques pays asiatiques, qui étaient en première ligne à l’époque du SRAS, n’ont évité d’être pris de court.

Un phénomène aussi inconnu ne peut donner lieu qu’à des interprétations divergentes. Malgré ses contradictions, le gouvernement français a pris le problème à bras le corps. On ne peut pas lui reprocher d’avoir cassé l’économie pour sauver des vies. Ce n’est pas un mince exploit pour le Ministre de la Santé d’être devenu une des personnalités les plus populaires du pays. Bon gré, mal gré, on a établi un plateau, une situation enviable, si on regarde les courbes qui continuent de monter de l’autre côté de l’Atlantique et de la Manche.

Il semble encore plus compliqué de déconfiner que de confiner. Même avec un déconfinement réussi, on va vers de très grands problèmes économiques. Il faudrait un jour palier aux déficits qui se creusent : "le trou de la Sécu", les faillites en chaîne, l’indemnisation des sans-emplois... Air France à lui seul perd un million par heure.

Tout cela ne va disparaître tout seul. On peut incriminer le libéralisme, mais, si on veut éviter l’alternatif de l’autocratie nationaliste, il faudrait miser sur une social-démocratie stable et solvable

Elle peut être fondamentalement améliorée. Le nouveau mot d’ordre de Macron pourrait être, comme disait Mandela " Je ne perds jamais ; si je ne gagne pas, j’apprends ". Les événements quotidiens ont mise en lumière des écarts qu’aucune théorie économique peut justifier. D’une part le cadre, grâce au télétravail, est peu impacté. D’autre part des aides-soignantes, des livreurs, des caissiers... se donnent corps et âme pour des salaires qui les permettent à peine de s’en sortir.

Cependant l’expression « quel que soit le coût " doit être prise avec précaution. Quand les Américains sont partis en guerre en 1940, ils n’ont pas fait un budget prévisionnel. Mais dans le cas d’une guerre classique l’industrie des armements fait tourner des usines et emploi des populations. La reprise va être autrement plus problématique aujourd’hui.

A moyen terme on ne peut pas se laisser croire que nos dépenses peuvent être illimitées. Cela entraînerait un endettement et une inflation ingérables. Il y a des limites à ce que les banques centrales peuvent injecter dans les économies, ou aux ressources qu’on peut trouver en confisquant les fortunes. Des pays comme l’Argentine, la Grèce ou le Venezuela ont imaginé que leur patrimoine leur permettait d’emprunter à volonté. Les trois ont fait faillite.

Une nouvelle trajectoire est souhaitable, mais ne devrait pas nous faire oublier que, dans une démocratie, l’argent aura toujours une valeur. Si l’Allemagne a pu mieux faire face au virus, c’est que ses excédents lui avaient permis d’investir préventivement dans les équipements médicaux nécessaires.

Les choix à venir seront cornéliens. Quel que soit les truchements, ils donneront lieu à des critiques. Peut-être ce qu’il y a à craindre le plus c’est le sort de la cause écologique. Elle risque d’être oublié dans le cas d’un redressement à l’identique basé sur une industrie carbonisée. La priorité des priorités restera, plus que jamais, le respect de l’environnement et des traités internationales.

Il est à la fois rassurant et inquiétant de voir la Chine inonder l’Afrique avec des équipements. On ne peut qu’espérer qu’un nouveau gouvernement américain, en bonne intelligence avec une Europe plus solidaire, travaillent pour rallumer les bougies qui risquent de s’éteindre dans le monde de demain.