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  LES VERTUS DE LA RIGUEUR

vendredi 18 mai 2012, par Stuart Walker

Je suis étonné qu’on puisse abondonner l’objectif de l’équilibre budgétaire. Le surendettement suppose quelque part une volonté de vivre aux crochets des autres. Au déficit moral s’ajoutent une série d’aléas pragmatiques. Comment investir quand les remboursements de l’intéret de la dette souveraine française absorbe la quasi totalité de l’impôt sur le revenu ? A l’encontre de ce que souhaitent ceux qui oeuvrent pour l’égalité, le mécanisme de l’endettement enrichit le préteur et appauvrit l’emprunteur. A force de reporter les échéances, ce sont nos descendants qui porteront le fardeau des imprudences commises pendant les années fastes.

Qui plus est, prêter excessivement, sans garanties suffisantes, place le prêteur dans une situation de dépendance par rapport à son débiteur, le dernier cas de figure étant l’Europe face à la Grèce. La fermeté de Mme Merkel a ses origines dans le traumatisme allemand provoqué par une inflation non maîtrisée. C’est grâce à sa rigueur que l’Allemagne a réussi son unification, et reste dans le dernier carré des pays solvables du continent, vers lesquels les autres se tournent pour leur salut. C’est leur propension à l’épargne qui, traditionnellement, a fait la force des pays protestants dans le monde

Si la mauvaise gestion d’un PDG amène sa société au bord de la faillite, celle-ci est mise en redressement, ce qui suppose des mesures de tutelle et d’économie. Pourquoi les normes de solvabilité que les accords de Bâle prévoient d’imposer aux banques, ne s’appliqueraient-elles pas également aux états ? Établir et faire respecter une forme de règle d’or, semblerait être un premier pas.

Il est instructif que autonomie des régions en Espagne leur a permis de s’endetter au point de mettre en péril l’économie du pays. Pour éviter le même sort au niveau de l’Europe, il faudrait que ses régions, qui sont les pays membres, soient tenues par une gouvernance économique centrale. On peut imaginer plusieurs issues à l’apparente aporie de la situation en Grèce.

- La Grèce décide de quitter la zone Euro et de faire cavalier seul. Un pare-feu sauterait. L’effet économique du retour au drachme serait tel que l’instabilité du pays pourrait aboutir à une révolution du type cubaine. L’effet domino risquerait de solder l’échec de l’aventure européenne.

- La Grèce quitte la zone Euro, mais reste état membre. De nouvelles élections font émerger un gouvernement assez fort pour imposer les réformes nécessaires, telles que la fin des exonérations fiscales de église, des armateurs et des propriétaires. Le pays se remet d’aplomb sur une dizaine d’années, en appuyant sur ses atouts, le tourisme, l’agriculture et le maritime... Les banques européennes prendront leurs pertes, qu’elles estimeront moindres que de verser d’argent sur le sable avec des plans de sauvetage à répétition. Le choc immédiat sur l’économie grecque provoquera une meilleure compliance par les autres pays en difficulté, et l’Europe aura appris une leçon

- La solidarité européenne aura gain de cause. Au fond, si Bruxelles a fait une bêtise en laissant la Grèce faire partie de la zone Euro sans vérifier ses comptes, il faut qu’elle assume une part de responsabilité. L’Allemagne aura trop à perdre si son marché extérieur s’effondre. On se rendra compte que, étant dans le même bateau, il vaudrait mieux tous ramer dans le même sens. Il existe des marges de manœuvre dans l’existence des fonds structurels, la mutualisation des dettes, la création d’eurobonds... Des mesures qui prendront du temps, mais qui seront une avancée vers une gouvernance économique. En échange de nouvelles facilités pour atténuer les effets dramatiques d’un excès d’austérité, on ne pourra qu’ imposer des contrôles plus strictes. Il ne sera plus question de construire des monuments de prestige, comme le stade olympique qui n’a plus d’autre vocation que son propre entretien. Sauf en doses homéopathiques, on ne donne pas alcool à un ivrogne. Le réalisme veut que ce soit le payeur qui décide. L’Allemagne a les poches profondes, mais si elle dépasse ses limites, qui sauvera l’Europe et les valeurs humanistes qu’elle incarne ?

Notre Président veut re-négocier le nouveaux traité. Si chaque élection en Europe a la même conséquence, le résultat sera une paralysie chronique. La croissance, si elle n’est pas verte, est un vieux pieux dans un monde ou les matières premières s’épuisent. Il est fort à parier que, après quelques prodigalités, il reviendra à une politique de rigueur, sauf à passer pour un imposteur. L’enjeu est de sauver les meubles, de créer les conditions d’un rebond économique à long terme sur des bases plus solides. Au moins il le fera dans un souci de justice sociale

Quant aux erreurs des sondeurs, le jour ou ils seront infaillibles , ils pourront se substituer aux élections, permettant ainsi de considérables économies.