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    D31 Une politique d’immigration cohérente est-elle possible ?

    Lundi 25 septembre 20h45

    Salle de réception du stade de Balma

    La question de l’immigration n’est pas, d’après les sondages, la préoccupation majeure des Français, pourtant elle sera certainement au cœur de la prochaine campagne électorale, soit directement, soit à partir de questions voisines comme la sécurité, les banlieues, ou l’école. Les récentes mesures de régularisation et l’activisme du Réseau Éducation Sans Frontières ou l’évacuation du squat de Cachan ont partagé l’opinion publique française, les "réalistes" veulent des lois fermes et une application stricte car : "la France ne peut accueillir toute la misère du monde" les autres veulent un peu plus "d’humanité" en accord avec la suite de la fameuse phrase de Michel Rocard " mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part."

    L’immigré est parfois perçu positivement quand il apporte une compétence et une forte volonté de travailler. C’est le concept d’immigration utile cher à Nicolas Sarkozy, à peu de frais du côté de la formation et de l’éducation, on peut remédier à une démographie faiblissante et maintenir une pression concurrentielle sur le marché du travail qui sert à maîtriser les coûts de la main d’œuvre. Il est pourtant plus souvent perçu comme une charge que l’on accepte charitablement, et à condition de ne pas en avoir de trop, ou comme un intrus qui perturbe la société qui l’accueille.

    Si la question de l’immigration se pose dans chaque pays de manière spécifique en fonction de l’histoire et de la géographie elle est délicate dans les grandes démocraties qui sont toutes confrontées à une forte demande d’immigration. Les valeurs consensuelles dans le discours occidental comme la liberté, l’égalité ou la solidarité, mais aussi la volonté de mondialisation du modèle politique et des échanges commerciaux se heurtent aux différences objectives des conditions de vie. Les tensions internationales sur fond de crise pétrolière et de guerre au terrorisme ne sont pas faites pour améliorer la situation. De plus en plus souvent l’immigrant est présenté comme voulant profiter de l’État Providence, mais avec des racines culturelles et anthropologiques qui le rendent inassimilable et si l’immigration interne au monde occidental est admise et même encouragée, l’immigration venant des pays pauvres est partout de plus en plus mal toléré.

    L’immigration sert d’épouvantail pour l’extrême droite depuis de longues années, comme pour la sécurité en 2002 on peut penser que la droite va prendre le relais sur ce sujet pour disqualifier la gauche. Si cette dernière veut rester crédible, il faudra qu’elle ne se contente pas de solutions fictives du style : " il suffit d’aider les pauvres à devenir riches et ils ne viendront plus chez nous". Un projet cohérent doit effectivement s’appuyer sur la coopération avec les États d’où proviennent les migrants, mais il doit aussi proposer une gestion des flux migratoires et une politique d’intégration souple mais efficace. Est-ce possible, si on veut simplement rester en accord avec la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ?

    Pour nous aider dans notre réflexion, nous avons invité Hasnia-Sonia Missaoui et Olivier Bernet, jeunes chercheurs du laboratoire CIRUS-CERS UMR 5193 CNRS à l’Université de Toulouse-Le-Mirail, qui travaillent sur les questions des migrations, de la déscolarisation, des mixités sociales et de l’intégration.

    L’équipe du café Politique