Le Café Politique

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  Derrière le voile

lundi 1er décembre 2003, par Olivier Dirat

Quel voile ? Celui des adolescentes qui vont encore au collège ou au lycée ? Celui des femmes musulmanes, heureuses ou malheureuses dans leur couple ou/et leur pratique religieuse ? Celui des politiques qui avancent voilés, pour nous faire du bien malgré nous ? Celui qu’on agite, comme un chiffon rouge, pour exciter nos pulsions communautaristes, nationalistes ou bien xénophobiques ?

Si le sujet est le port du foulard dans l’enceinte des lieux de culte laïques que sont les écoles, est il possible de l’aborder sans rattacher ce problème au traitement de l’information par les médias et à l’exploitation politique des sujets de société ?

La dernière affaire en date de foulard est, je trouve, assez éclairante. On apprend tout d’abord que deux jeunes musulmanes refusent de quitter leur voile pour aller à l’école et en sont exclues par conseil de discipline. Puis on apprend que le père est juif, que la celui çi élève en ce moment seul les enfants de ce couple divorcé, que l’année d’avant, c’est le piercing que la mère avait du combattre. Puis on apprend que les ’affaires’ de voiles sont de plus en plus rares. Les membres du gouvernement, et les politiciens en mal d’écoute, prennent alors la parole par médias interposés pour, grâce à leur maîtrise des sujets de fonds, nous proposer leur solution. Une loi, pas de loi, une directive aux chefs d’établissement, etc... Traiter donc le symptôme seul, sans même chercher à savoir quelle ’maladie’ sociale a pu le provoquer.

A moins qu’on veuille grâce au règlement de ce symptôme soigner les causes ! Mais bien sur ! Il n’y a qu’à interdire le port du voile et la guerre au moyen orient s’arrête, les banlieues sont apaisées, la pauvreté disparaît, les adolescentes et les adolescents deviennent aimables avec leurs parents et leurs enseignant(e)s, la domination masculine mise en évidence par Bourdieu disparaît, les religions perdent tous leurs archaïsmes pour ne garder qu’un message de tolérance, les citoyens reprennent confiance en leurs élus, la presse devient pertinente, etc. etc...

Alors pourquoi ce débat qui semble stérile isolé de son contexte ? Quel message subliminal doit il nous faire passer ? Qui sont les destinataires de ce message ? Les profs, les musulmans, les électeurs de telle ou telle obédience, ... ?

Alors que rares sont les cas ou un lycée ou collège échoue à régler le problème, le sujet revient de façon récurrente depuis quelques mois. A moins que la laïcité ne soit réellement en danger, je ne vois pas l’intérêt de prendre comme support pour le règlement de ces problèmes de société l’école publique.

Pour moi, le débat serait pourquoi tant de problèmes devraient ils être réglé à l’école ?