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  L’avenir de la gauche

mercredi 25 janvier 2017, par Stuart Walker

Manuel Valls a bien averti la Gauche qu’elle est confrontée par le choix entre une défaite certaine et une victoire possible. Mais les réalités semblent indiquer que c’est plus qu’une défaite qui l’attend. Le nombre d’adhérents au PS a fondu comme neige au soleil ; avec des centaines de bureaux de vote et un million de votants de moins au premier tour des Primaires, elle sera à la peine pour dire qu’au moins elle aura sauvé les meubles. Il faut espérer que la liquidation ne sera pas totale. Il est possible qu’un Phénix renaîtra des décombres. Si 2003 est un précédent, et les mêmes causes produisent les mêmes effets, c’est deux mandats de traversée du désert qui attendent au tournant. 10 ans qui pourront être l’occasion d’effectuer une refondation.

Pour le moment aucun des candidats en pole position ne semble avoir une dynamique suffisante pou emporter la Présidentielle

Les argumentations de Mélenchon sont ceux d’un grand tribun, mais ne résistent pas à l’analyse. Celui à qui il vouait récemment une grande admiration, César Chavez, n’a pas fait que du bien à son pays. S’il accédait au pouvoir, il ne pourrait l’exercer longtemps. La conséquence serait en toute probabilité le Corbynisation du PS ,et une marginalisation dont il serait très difficile de se relever La dernière tentative d’appliquer un programme de ce type en Angleterre (par Callaghan, le successeur de Wilson de 1976 à 1979) s’est soldé par l’exclusion de Labour du pouvoir pendant 18 ans

A l’instar de Fillon, Hamon a fait une campagne basé sur des promesses à son camp qui s’avéreront intenables à l’approche des responsabilités. Il a eu le mérite de défendre devant le public, avec éloquence et conviction, des propositions très largement occultées par son parti : la priorité écologique, la légalisation du cannabis et de l’euthanasie, les couloirs humanitaires... Mais la France n’est pas la Californie. Il faudra du temps et de la pédagogie pour que ces positions deviennent majoritaires.

Il aura surtout du mal à défendre le revenu universel, à cause de son coût et sa complexité. C’est un programme très ambitieux pour un ministre éphémère de l’éducation.

La démocratie libérale n’est peut être pas le socle de de la politique idéale. Mais le contraire n’a jamais fait ses preuves. La politique est, et restera l’art du possible. L’Utopie est pour les poètes.

Il pourrait y avoir, par contre, une reconnaissance que les deux ailes du PS sont incompatibles et la formulation d’une "troisième voie" à la française. Une "nouvelle gauche" pourrait voir le jour grasse à la grande clarification dont parlait Manuel Valls, avant qu’il soit candidat. S’il aime le combat, il sera servi. La modernisation de Labour par Tony Blair a demandé un acharnement sans faille. Les débats sur l"abolition de la clause de nationalisation dans les statuts n’en finissaient pas de défrayer la chronique. Mais il a apporté à son pays une période de prospérité enviable, comme Clinton a fait pour les États Unis.

Manuel Valls a en sa faveur sa volonté d ’un resserrement des relations Franco-Allemandes à la tette d’une Europe renforcée, indispensable si le nouvel occupant de la Maison Blanche trouve les moyens de faire ce qu’il dit. Il vise un compromis entre protection sociale et équilibre budgétaire. Il assume son mandat, qui a vu des avancées significatives dans la lutte contre les abus financiers, qui a fait voter une loi de transition énergétique en 2015, complété par un bond en avant mondial avec le COP 21, qui a fait le nécessaire pour rassurer la population face au terrorisme , et qui a réussi a imposer le CICE , les lois Macron et El Khomry. On ne peut pas douter de son courage politique et son ambition d’aller jusqu’au bout.

Force est de constater que c’est plutôt l’autre Emmanuel qui a le plus de chances de porter las valeurs d’une centre gauche moderne. Il est affranchi d’un prédigéré socialiste conforme En plus de l’ambition , il a un charisme, une énergie et une ténacité inégalées. Sa fraîcheur rappelle Kennedy sans les frasques. Il est le seul épouser véritablement les recommandations successives de Jacques Attali, de Louis Gallois et de Jean-Denis Combrexelle, et de faire des propositions concrètes et pertinentes par rapport à la raréfaction inéluctable du travail salarié.

Il est probable que la majorité de ceux dont l’avenir semble désespérément bouché préfèrent des conditions qui leur permettront de s’assumer, plutôt que d’être payé à cultiver les jardins qu’ils n’ont pas.

Il promet un programme qui comporte un bouclier social. Il reçoit de jour en jour de nouveaux soutiens de poids. Il a la faveur d’un think-tank aussi éminent en matière grise que Les Gracques. Dans le cas d’une déconfiture d’ampleur du PS, un influx probable de parlementaires de la majorité sortante comblera en partie le handicap de l’absence de l’appui d’un parti politique proprement dit dans le cadre ou il est présent aux Législatives. Il est taxé d’une tendance populiste, mais ses capacités intellectuelles font de lui l’antithèse d’un Donald Trump.

Il ne s’est pas encore déclaré sur le régalien, mais on peut s’attendre à une position cohérente. Son mentor, Jacques Attali, est convaincu que son heure viendra. Il est possible que la déstabilisation que risque d’apporter la nouvelle donne Franco-Américaine rendra indispensable un gouvernement inclusif d’intérêt général sur le modèle allemand. Emmanuel Macron a surtout la volonté de confronter les deux facteurs qui plombent la gauche française : son incapacité historique d’établir un dialogue sociale, et un code de travail sclérosé.