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  FAUT- IL MORDRE LA MAIN QUI NOUS A NOURRIS ?

mardi 20 mai 2014, par Stuart Walker

Je trouve les contributions à ce jour très défaitiste. Y’aurait-il aujourd’hui plus de plus d’emplois, de prospérité, de stabilité, de libertés ou de paix sur notre continent, si l’UE n’existait pas ?

Cette union est taxée d’un excès de libéralisme, suite, en partie, à l’Article 123 du Traité de Lisbonne interdisant aux pays membres de se refinancer auprès de leur banque centrale. Mais les monnaies ont toujours eu tendance à se dévaluer. Dans une économie en phase de développement Pinay a du déclarer qu’un franc ne valait plus qu’une centime. La lire était dans un tel état dans les années 70, qu’on collectionnait les petites pièces pour les revendre en tant que métal. Une autre quasi- fatalité historique est la récurrence des crises économiques. Chacune de ces crises, depuis l’époque d’Hamilton aux Etats Unis il y a plus de deux siècles, a donné lieu à de grandes réformes préventives ; ce qui n’a pas empêché de nouvelles crises de sévir une vingtaine d’années plus tard.

L’idée d’un préteur de dernier ressort, qui prêterait sans intérêt, aura toujours un effet inflationniste. L’option de banques fortes est peut être le moindre mal. Aux instances européenne de surveiller leurs agissements. Ce qu’elles commencent à faire avec une nouvelle version des accords de Basle, et un renforcement de la lutte contre l’évasion fiscale, avec une première version d’une taxe Tobine. Initiatives qui resteront lettre morte si la multiplication des abstentions et votes blancs donne aux populismes la capacité d’affaiblir l’Union de l’intérieur.

Si chaque pays membre peut emprunter impunément sans limites, c’est l’Europe elle-même qui sera en faillite. La sévérité allemande pourra être assoupli, mais seulement en contrepartie d’un minimum de réformes structurelles, le cout de la prodigalité antérieure des pays endettés. Mettre fin à l’engouement de la société de consommation irait dans le même sens, puisque cela supposerait une plus grande rigueur de la part de tous.

Dire qu’après cette élection ce sera toujours la même chose, revient à nier les fondements de la démocratie. Il vaut mieux faire ce qu’on peut avec ce qu’on a, au lieu de s’en laver les mains. Il pourra y avoir des avancées au niveau de la démocratie directe, mais si chacun privilégie sa propre musique, il n’y aura pas d’orchestre. Une pléthore de petites parties est une recette d’impuissance.

Le pouvoir des grands argentiers et la volatilité de l’argent sont tels que c’est seulement en unissant leurs efforts que les Etats-Unis et l’Europe pourront obtenir des résultats concrets dans la maitrise des abus financiers dans le monde. Dénoncer le TAFTA, avant que ses termes ne soient connus, me rappelle ceux qui condamnent les films qu’ils n’ont pas vus.

Faire semblant que rien ne s’est passé en Ukraine serait effectivement une façon d’enfoncer la tète dans le sable d’Ostende. Tout en bafouant des libertés, la Russie s’est d’un coup emparé des réserves pétrolières de la mer Noire, potentiellement aussi grandes que celles de la Mer du Nord. Sans parité militaire, l’Europe n’a d’autre choix que d’exercer, en concertation avec les Etats-Unis, l’arme de sanctions économiques, sans pour autant isoler la Russie en la retranchant dans un patriotisme exacerbé.

Un pays qui se renferme sur lui-même aujourd’hui ne sera qu’un pion sur l’échiquier. Même Attac, ou les Economistes Atterrés sont plutôt euro-réformistes qu’europhobes. Une sortie unilatérale de l’Euro ferait courir le risque d’un scénario à l’Argentine. Ce pays, potentiellement riche, a du répudier ses dettes en 2001, pour plonger dans une récession dont elle n’est toujours pas sortie. Incapable d’emprunter elle est loin de pouvoir assurer les minima sociaux qui sont la norme sur notre continent.

Les dettes souveraines peuvent être au moins stabilisées dans un premier temps. La Californie, sous Jerry Brown, a réussi, par une politique de modération, à résorber son déficit chronique. Le gouverneur peut maintenant envisager de nouveaux investissements sociaux. Il est sans doute difficile pour beaucoup de reconnaître que, aujourd’hui, la France est à l’Europe ce que la Californie est à l’Amérique.

Ce n’est pas parce que le fédéralisme n’a plus le vent en poupe qu’il faut annoncer sa mort. Il reste une meilleure alternative que la spirale : protection, isolation, course aux armements et conflagration. La diversité des langues en Europe n’est pas plus grande que celle qui existait outre-Atlantique au 19è siècle. C’est un obstacle que l’Amérique a pu surmonter dans l’intérêt commun.

Le commerce n’est peut-être pas le variable essentielle du comportement humain. Mais il reste notre meilleure parade contre les épisodes d’auto - destruction massive. Les hommes sont plus innocemment occupés à poursuivre l’argent, dans un contexte de règles, que de s’entretuer dans des conflits armés ou tout est permis.

Il existe une troisième voie entre le renoncement et la refondation : la réforme. Par une action politique déterminée de la part des héritiers de ceux qui ont accompli la même tache contre le capitalisme sauvage de la révolution industrielle. En votant, et en donnant une majorité aux orientations portées par Martin Schultz. L’Europe est jeune ; elle se cherche. Mais elle a le potentiel de devenir une force unique dans la défense dans le monde des valeurs humanistes sur lesquelles elle a été fondée