Le Café Politique

Parce que le citoyen doit penser pour être libre !
  • Article

  Culture nationale et individuelle

jeudi 21 novembre 2013, par Stuart Walker

Il y a autant de définitions du mot culture que du mot travail. Une première, serait l’appartenance à un groupe. Qui pourrait être ethnique ou national. Ce qui soulève la question de la définition de la culture, et donc, l’identité nationale française. Un débat qu’on a peut être eu tort de vouloir occulter.

Si on eut respecte d’autres cultures, on pourrait commencer avec la sienne. Ce n’est pas en soi stigmatisant, dans le pays des droits de l’homme, d’interdire des pratiques comme la lapidation, ou la mutilation génitale féminine, qui font partie de cultures auxquelles adhèrent des milliers de gens sur d’autres continents

Même des pratiques apparemment plus anodines sont problématiques. Est ce qu’une cantine, une piscine, ou un hôpital doit se réorganiser si son fonctionnement est contraire à des préceptes religieux en vigueur dans d’autres pays ? Si un pays veut continuer à être considéré comme un pays d’accueil, il ne faudrait pas baisser les bras sur des principes du vivre ensemble. C’est une précaution nécessaire de poser, comme fait l’Amérique, des conditions de connaissance de la langue et la culture, avant d’accorder la nationalité.

Même si elle fait figure d’exception, la loi sur la laïcité est bien fondée. Le Ministre de l’Education a eu raison de diffuser ses principes dans les écoles primaires. Céder là -dessus serait un pas en arrière dans le progrès de l’émancipation féminine. Derrière la voile se cachent des formes beaucoup plus sévères de la répression des femmes.

Les différences culturelles sont source de conflits à tous les niveaux. Les gourous du management y ont trouvé un nouveau terrain de conseil aux entreprises. En ce qui concerne les effets sociaux, mieux vaut, à partir d’une règle de base, traiter chaque différend potentiel au cas par cas, en incitant les interlocuteurs concernés à faire preuve de citoyenneté en s’efforçant d’être leur propre médiateur.

Le concept de l’état-nation représentait à ses origines une immense libération. Il a ensuite amené deux guerres mondiales. Mais est-ce que ce n’est pas aujourd’hui l’entité la plus apte à assurer une bonne gouvernance ? Nos institutions y sont calquées ; Tout le monde peut s’y identifier. Les excès de patriotisme peuvent être maitrisés par la vigilance du législateur.

L’état nation n’exclut pas une appartenance à la culture d’une région. Mais si l’Ecosse, ou la Bretagne, devenait indépendant demain, est-ce que leurs populations seraient mieux loties ? L’idéal serait que tout le monde se considère comme européen, mais l’Europe n’a pas encore fédéré les esprits.

Ce serait intéressant d’avoir l’avis de l’expert sur les difficultés relatives d’autres cultures (Europe centrale, Europe du sud, Afrique.. de s’intégrer, par exemple, en France.

La culture individuelle, dans le sens de la poursuite d’une activité récréative ou artistique, deviendra de plus en plus fondamentale, étant donné le peu de probabilité que la courbe du chômage soit inversée. Le précaire risque de devenir la norme. 2013 se soldera par un millier de plans sociaux. On voit paraître une nouvelle catégorie sociale : des personnes avec ni éducation, ni formation, ni emploi. Même des taches "intelligentes" peuvent être informatisées. Le nombre de travailleurs étrangers augmentera (il est estimé qu’ils apportent plus aux comptes sociaux qu’ils en retirent)

Dans ces conditions il est très regrettable que les activités périscolaires soient boudées par tant d’enseignants et les mairies pour des problèmes d’organisation ou de disponibilité de locaux. Celui qui n’a pas bénéficié d’un éveil culturel dans sa petite enfance risque d’en être privé tout au long de sa vie. Surtout si les emplois qui existent deviennent si abrutissant qu’il ne restera au travailleur ni les moyens, ni l’énergie de se cultiver.

La démocratisation de la culture est possible. Des expériences menées par des gens dévoués ont amené des enfants de quartiers difficiles à jouer du Feydeau, ou produire des concerts de musique classique. Dans "Comme un Roman" Daniel Pennac a décrit comment il a converti à la littérature une classe réputée intenable.

Le travail restera une forme de production et d’épanouissement indispensable. Mais la culture aura un rôle dans la dédramatisation de l’absence d’un emploi régulier. Qui perdra son travail souffre autant par la perte de face que matériellement. La pratique ou l’animation d’une activité culturelle peut permettre une plus grande autonomie psychologique.

Il est possible que les joueurs de cartes fassent plus pour la cohésion d’une société que ses millionnaires ; Quand Voltaire conseillait de cultiver son jardin, il ne pensait pas uniquement au potager.