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  Elections régionales Midi Pyrénées 2010

Que peut-on espérer ?

lundi 1er mars 2010, par Christian Bressan

L’aménagement durable du territoire garant de la qualité de vie et de la qualité de l’environnement exige un développement des activités et une répartition des populations équilibrés ; une gestion raisonnée des ressources qui irrigue et profite à l’ensemble du territoire.

C’est le rôle que nos institutions depuis les lois de décentralisation en 1982 confient aux Régions, collectivités qui peuvent agir sur un grand territoire et approprié pour cela.

Notre Région Midi Pyrénées la plus étendue de France avec 8 départements compte 2,7 Millions d’habitants, mais plus de 40% vit dans l’agglomération toulousaine qui chaque année en accueille 15 à 20 000 supplémentaires. Sa zone d’influence économique et sociale déborde sur le territoire des départements voisins et concerne plus de 1,2 million d’habitants. C’est donc 50% de la population régionale qui vit dans la métropole toulousaine !

Celle-ci s’étale toujours plus et de surcroît les transports collectifs ne peuvent la suivre, ce qui est source de difficulté pour se déplacer, de pollution et de ségrégation des populations. Par ailleurs les villes petites et moyennes se vident, source de désertification du territoire rural

Ce n’est pas l’aménagement équilibré et durable du territoire que vie aujourd’hui Midi Pyrénées, mais l’inverse par la concentration urbaine et des activités autour de la métropole toulousaine.

La décision récente du Conseil Régional (La Dépêche du Midi du 5 02 10) qui vient d’accorder 67 M€ au Grand Toulouse pour financer 19 projets d’investissements locaux qui ne présente aucun intérêt pour la réduction des déséquilibre régionaux : Projet urbain du quartier Matabiau, patinoire aux Argoulets, salle Nougaro, rénovation du cinéma ABC, site Job, rénovation bibliothèque à Colomiers, Espace culturel à Cugnaux Saint Alban et Tournefeuille, etc., montre que la Région n’a pas vraiment la volonté de réduire les déséquilibres régionaux. Certes la chaîne de construction des Airbus ne peut être implantée qu’à Toulouse, mais de très nombreuses et diverses activités économiques et industrielles peuvent l’être partout ailleurs en Midi Pyrénées avec les populations associées. Des exemples montrent que c’est possible comme Latécoère à Gimont dans le Gers, même si cette ville est proche de la métropole.

D’autre part l’argument d’une métropole toulousaine toujours plus forte de dimension internationale capable de rivaliser avec ses concurrentes européennes pour être reconnue et considérée n’est pas justifié. En effet, les décisions en Europe autant industrielles, institutionnelles que culturelles qui n’ont pas été favorables à Toulouse jusqu’ici, pourtant bien placée, l’ont été pour des raisons politiques et non pour sa dimension, taille ou compétences.

C’est le cas de la chaîne de montage de l’Airbus géant A 380 partagé avec Hambourg alors que Toulouse est le berceau d’Airbus ; c’est encore le cas de l’Agence Européenne de la Sécurité Aérienne initialement prévue à Toulouse et finalement installée à Cologne ; c’est encore le cas du système Galiléo équivalent du GPS en Europe partagé entre Bruxelles et Saint Germain en Laye alors que Toulouse à l’origine de l’Europe de l’espace avec le CNES, Ariane et tous les satellites qui y ont été conçues et construits a été totalement écartée. L’Airbus A 300M destiné au transport des troupes est construit à Séville en Espagne où tout a du être entièrement créé alors qu’à Toulouse l’usine existait déjà comme les moyens d’essais et de qualification. Sur le plan culturel si Marseille a été choisie pour être capitale européenne de la culture en 2013, Toulouse n’a pas pour autant été écartée pour sa taille inférieure. De nombreux autres exemples pourraient être cités.

Il convient de mieux répartir les activités sur le territoire régional en contractualisant avec les communes, les intercommunalités d’agglomérations et les entreprises cet objectif, sur la base de compensations pour celles-ci. La révision du Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire (SRADDT) outils actuel de planification régionale et la tenue d’une nouvelle Conférence Régionale d’Aménagement et de Développement du Territoire (CRADT) qui réunit la représentation de l’Etat, des différentes collectivités et des acteurs économiques et sociaux doit permettre d’atteindre cet objectif.

Mais il est nécessaire de donner davantage de pouvoir aux Régions. Le SRADDT seul outils de planification régionale n’est qu’incitatif et non prescriptible. Il ne peut être imposé aux collectivités. Tant que la Région ne pourra exercer sur les Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) un contrôle en vue de limiter les déséquilibres régionaux le phénomène actuel de concentration métropolitain se poursuivra. Le droit du sol ne doit pas appartenir qu’aux seuls Maires dont la grande majorité considère comme inéluctable les migrations de population, il doit pouvoir se partager entre tous les acteurs publics et dans l’intérêt de l’ensemble des citoyens.

Il ne faut pas laisser les SCOT monter seul en puissance, mais planifier au niveau régional en accord avec les collectivités locales le développement équilibré des pôles urbains et des zones d’activités, comme des espaces agricoles. C’est une mesure qui de surcroît ne coûte rien et peut être facilement décidée par le législateur. C’est avant tout une question de volonté politique.

Toutes les équipes qui se sont succédées à la tête de l’exécutif régional depuis les lois de décentralisation ont souvent dénoncé les déséquilibres régionaux notamment à l’occasion des élections régionales.

Le concept de développement en étoile ou multipolaire est né à ces occasions, mais les chiffres montrent qu’il est resté à son stade de naissance et qu’il n’a été que démagogie, d’ailleurs aujourd’hui il a disparu !

Aujourd’hui le renouvèlement des conseillers régionaux est l’occasion pour les électeurs non pas de confondre cette élection avec les présidentielles, mais de choisir des femmes et des hommes nouveaux qui n’ont pris aucune responsabilité dans la situation actuelle et qui manifesteront vigoureusement leur souci pour une gestion équilibrée et durable de la Région.

Christian Bressan

Ancien délégué communautaire du Grand Toulouse