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  Un nouveau désordre mondial

lundi 17 février 2003, par Le Webmestre du Café Politique

Après l’épuisement du bloc Soviétique et la disparition du mur de Berlin, certains avaient rêvé d’un nouvel ordre mondial ! On pouvait l’imaginer pacifié après la cessation du soutien des U.S.A. aux dictatures Sud-Américaines et les accords d’Oslo qui annonçaient la fin possible du conflit Israélo-Palestinien.

Pourtant il a vite fallu déchanter.

Les accords de l’OMC ont mis la mondialisation ultra-libérale sur la voie d’une réalité planétaire. La nouvelle politique géostratégique des U.S.A. a remplacé l’équilibre de la dissuasion atomique, par une volonté hégémonique sur l’ensemble du Monde.. Politique annoncée clairement par l’administration Républicaine dès l’élection de G.W. Bush. Réponse par anticipation à la montée bien réelle du terrorisme. Les U.S.A., convaincus de l’inconscience de leurs alliés traditionnels face aux « états voyous » qui protégent et encouragent les terroristes, se sentent investis d’une responsabilité historique. Au centre de ce nouveau désordre mondial sont-ils bien, comme ils le prétendent, les combattants zélés de la démocratie et de la liberté ?

Trois livres qui font date :

F. Fukuyama, après la chute du mur de Berlin, écrit dans la « La fin de l’histoire », que le capitalisme et son corollaire la démocratie constituent le point oméga de l’histoire. La défaite du communisme est aussi la fin du dernier adversaire sérieux de l’idéologie libérale. Il n’y aura plus que quelques combats locaux d’arrière-gardes. L’Occident, avec sa locomotive les U.S.A., est un convoi de marchandises que plus rien ne pourra arrêter.

E. Huntington quelques années plus tard, en 1993, annonçait de manière concurrente mais en même temps complémentaire que les conflits à venir seraient d’origine culturelle. La nouvelle grille de lecture est : « Le choc des civilisations ». Là aussi, les U.S.A. ont un rôle privilégié : défendre la civilisation chrétienne, démocratique et libérale face aux civilisations concurrentes, l’islamique en tête.

E. Todd dans « Après l’empire », soutient au contraire une thèse quasiment opposée. Les U.S.A. n’ont pas su devenir un vrai empire, il leur a manqué des valeurs réellement universalistes pour se faire accepter par les peuples dominés et leur économie n’est pas si solide qu’il y paraît au premier abord (ENRON, A.O.L...). C’est justement cette faiblesse qui les pousse à faire du micro-militarisme théâtral pour faire croire au monde entier qu’ils sont toujours une hyper-puissance qui mérite d’être encore le miroir aux alouettes des capitaux et des élites du monde entier. Pour Todd le monde est en train de devenir multipolaire, et la grande puissance militaire des U.S.A., même en permettant un hold-up sur les principales réserves pétrolières, ne saurait lui assurer de conserver une suprématie durable sur le plan économique et politique.