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  Non, ce n’est pas l’hyperinflation allemande qui a conduit au nazisme

lundi 25 mai 2020, par Gérard Verfaillie

Par ce texte, je voudrais juste corriger ce que je considère comme étant une erreur historique dans le texte de Stuart Walker du vendredi 22 mai intitulé « Quel nouveau paradigme ? ». Dans ce texte, Stuart affirme : « Le lien de cause et effet entre l’inflation galopante (en Allemagne) et la 2è grande guerre n’est plus à démontrer. ».

Rappelons tout d’abord que si l’hyperinflation en Allemagne a été énorme (valeur du Mark divisée par mille milliards en quelques années) et traumatisante (ruine des rentiers, incapacité du régime démocratique parlementaire de la République de Weimar à la juguler, au moins dans un premier temps), elle s’est étendue sur une période très courte : essentiellement de 1921 à 1924, bien avant la montée en puissance du Parti National-Socialiste. Elle fut d’ailleurs très vite suivie d’une période de rétablissement économique (Mark retrouvant dès 1926 son cours d’avant la première guerre mondiale), interrompue cette fois par le krach financier de 1929 qui a déferlé des Etats Unis vers l’Europe et dont l’impact a été accentué par les politiques de fermeture des frontières et (paradoxalement) de Mark fort

Les historiens s’accordent à dire que, plus que la période d’hyperinflation, c’est la période de l’après 1929 qui a fourni à Hitler l’armée d’entrepreneurs en ruine et de chômeurs désemparés qu’il a ensuite manipulés. Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hyper...

Mais les erreurs historiques sont dangereuses quand elles perdurent dans l’imaginaire collectif.

Un autre grand classique est celui du Front Populaire qui, avec les 40 heures et les congés payés, aurait préparé la défaite de 1940, alors que les racines de la défaite de 1940 face à l’Allemagne sont plutôt à chercher du côté de l’incompétence et du défaitisme des élites politiques et militaires de l’époque (voir « L’étrange défaite » de Marc Bloch). Il s’agit là de discréditer un peuple français qui aspirait à la paix et au bonheur et de glorifier un peuple allemand pris à la même époque dans un délire expansionniste et guerrier. Pour les éternels partisans de l’ordre, du travail et de la souffrance, c’est toujours du pain bénit.