Le Café Politique

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  •   I70 Enseignement supérieur et recherche : état des lieux et perspectives

    Lundi 17 octobre 20h45

    Salle de réception du stade de Balma

    Invité : Bertrand Monthubert

    Professeur de mathématiques à l’université Paul Sabatier

    Ancien président de "Sauvons la recherche"

    Secrétaire national du PS en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche

    Pour sortir de la crise économique, pour faire face à la montée en puissance des pays émergents, pour gérer la transition énergétique, pour faire face aux défis environnementaux et au changement climatique, tout le monde compte sur l’économie de la connaissance. En Europe cela a donné la "stratégie de Lisbonne" élaboré au printemps 2000 et depuis l’expression par tous les responsables français de la volonté de favoriser la recherche, l’innovation et l’enseignement supérieur.

    Comme souvent le diable se cache entre les bonnes intentions et la mise en pratique. Pendant que le système financier faisait ses choux gras sur un système de production/consommation à bout de souffle, une bonne partie des classes moyennes voyait l’ascenseur social redescendre. La démocratisation de l’enseignement supérieur est en panne et sa relative massification est plombée par la difficulté à trouver un vrai emploi à la sortie de nombreuses formations. Notre enseignement supérieur, malgré un retard dans l’adaptation de ses structures aux évolutions mondiales (PRES, articulation grandes écoles/universités) n’est pas pour autant obsolète et le niveau scientifique des enseignants est en général très bon. Avec des moyens financiers et quelques adaptations structurelles notre système de formation des élites peut rester de haut niveau et devenir socialement plus juste, tant d’un point de vue territorial que social. Cela est nécessaire pour redonner confiance à la jeunesse.

    Le secteur de la recherche et de l’innovation est, dans beaucoup de domaines, beaucoup plus performant sur le plan international que ne le laisse penser les évaluations médiatiques superficielles, mais l’objectif de 3% du PIB est toujours loin d’être atteint. Une partie des aides de l’État à la recherche privée, comme le Crédit Impôt Recherche (CIR) a permis d’améliorer la comptabilité des grands groupes, mais n’a pas eu l’effet de dynamisme industriel escompté, par contre les PME innovantes mériteraient d’être accompagnées plus fortement et sur une durée plus longue. Dans le secteur public, depuis quelques années les deux axes d’évolution ont été l’autonomie et la mise en concurrence. Si sur le fond le premier semble faire l’unanimité, à condition de mettre en place des mécanismes de compensation pour éviter les inégalités territoriales, le second semble beaucoup plus discutable. La mise en place de budgets centralisés pour favoriser les pôles d’excellence et l’évaluation par l’Agence d’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (AERES), organisme digne de la défunte union soviétique, sont même en contradiction avec la volonté d’autonomie. De plus, comme pour le sport, croire que l’on peut faire des champions sans avoir beaucoup de pratiquants est une illusion grave. Si tout système a besoin d’une saine émulation, il ne faut pas sous-estimer l’importance de la coopération entre les chercheurs, entre les laboratoires et entre les régions, mais ce qui semble le plus urgent c’est de valoriser socialement l’ensemble du secteur pour motiver les jeunes et favoriser l’excellence.

    En cette période de précampagne électorale on peut souhaiter que ce sujet, fondamental pour le long terme, soit au cœur du débat politique.

    Pour avancer dans notre réflexion nous avons invité Bertrand Monthubert qui a un point de vue d’enseignant chercheur et de responsable politique.