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  Médias et politique

samedi 20 décembre 2003, par François Saint Pierre

Médias et politique

Il y a bien longtemps que le bouche à oreille ne suffit plus à satisfaire les besoins de communication des sociétés humaines. L’art, la culture, l’information et le débat politique n’ont eu pendant de longues années que très peu d’intermédiaires. Le développement des techniques a permis de créer, conserver et transporter textes, images et sons. Cette évolution est quasiment indissociable de la complexité croissante de nos sociétés. Les grands médias, (radio, cinéma, télévision, presse, Internet) ne sont pas des contre-pouvoirs mais font partie de l’ossature de nos sociétés modernes. Si pendant longtemps les entreprises d’Etat étaient fortement présentes, maintenant ce sont des composantes de grands groupes privés qui regroupent l’essentiel des grands médias. Dans les pays démocratiques les médias se sont de plus en plus émancipés de la domination directe du pouvoir politique pour accompagner l’évolution libérale de la société. Culture, information et débats politiques sont devenus des produits marchands, jusqu’aux lecteurs ou téléspectateurs eux-mêmes qui sont devenus une marchandise que les médias vendent aux annonceurs. Les critiques acerbes sont faciles : abrutissement des masses, informations biaisés, débats qui ne sont que la mise en spectacle d’opinions, etc……Mais il est difficile d’être totalement satisfait d’une critique sommaire, si les grands médias sont un des éléments essentiels du pouvoir et à ce titre responsables, ils sont aussi le reflet d’une société qui préfère consommer de la culture plutôt que d’en créer et regarder ironiquement les jeux politiques plutôt que de participer au débat citoyen. Les points de vue sont multiples, par exemple l’emballement médiatique sur la sécurité avant l’élection présidentielle de 2002 peut être lu comme une habile machination de la droite ou comme le résultat d’une série d’erreurs d’appréciation de la gauche. L’audimat est-il l’élément fondamental des interactions entre producteurs et récepteurs ? L’étude sociologique de ceux qui "construisent" l’information et organisent le débat politique en spectacle mérite aussi un petit effort ; leurs soucis maniaques des règles formelles et leurs déclarations d’objectivité sont-ils une garantie crédible ? Peut-on au nom de la liberté montrer ou écrire n’importe quoi ? Pourquoi chaque fois que l’on est au courant d’un sujet a t-on l’impression que l’information est fausse ou le débat tronqué ? Pourquoi certains sujets ne sont quasiment jamais abordés tandis que d’autres explosent pendant quelques jours avant de repasser à la trappe ? Pourquoi c’est presque toujours la même "clique" que l’on voit en boucle sur l’ensemble des médias ? Pourquoi…. ? Pourquoi…. ?

Peut-on résister à cette puissante machinerie médiatique qui finit par penser à notre place sans en arriver au refus aristocratique et radical de tous les médias de masse ?