Le Café Politique

Parce que le citoyen doit penser pour être libre !
  • Article

  Quelques enjeux de Toulouse Métropole

samedi 13 avril 2013, par François Saint Pierre

Cet article a été publié dans la lettre annuelle 2013 de l’association APCVEB

Le cadre de vie pour un balmanais est de plus en plus contraint par les décisions de la communauté urbaine. Toulouse métropole non seulement gère directement bien des questions, autrefois sous la responsabilité de la commune, mais par son importance impose sa vision stratégique à l’ensemble de l’agglomération. Une première phase a vu la mise en place, parfois laborieuse, du transfert des compétences et l’émergence d’une volonté commune : faire de Toulouse une métropole européenne agréable à vivre.

Le dynamisme économique du secteur spatial, la puissance de l’industrie aéronautique et l’expérience dans l’agro-alimentaire ou les biotechnologies, justifient largement cette ambition, qui implique cependant des fortes contraintes au niveau de l’accueil des habitants. L’adaptation de la ville à son développement est indispensable, il est temps de définir les principaux enjeux de cette métropole et d’élaborer un plan d’action qui ait le soutien des citoyen

Première urgence : les déplacements.

"De l’étoile à la toile", ce slogan du PDU, revient à abandonner la logique ancienne de la création d’axes routiers structurants et à construire un maillage efficace du territoire urbain et périurbain. Comme dans les autres métropoles, pour des raisons sanitaires, environnementales, et économiques, il faut proposer une alternative efficace à la voiture : nouveau partage de l’espace public, adaptation de la ville aux modes doux et importants investissements dans les transports en commun. Pénaliser la voiture est une nécessité qui ne peut être acceptée que si des efforts conséquents sont fait par ailleurs.

Un réseau de transports en commun n’est efficace que si la vitesse est acceptable, la fréquence élevée et le nombre d’arrêts raisonnable. Sites propres, densification le long des parcours, recherche d’un mode adapté en fonction de la distance parcourue sont des nécessités difficiles à mettre en œuvre. Mobiliser les urbanistes et des investissements importants sont des conditions nécessaires, mais toute initiative risque de provoquer des nuisances momentanées qui doivent être évaluées au regard des bénéfices attendus. Améliorer les voies ferrées pourrait permettre à la région de mieux équilibrer sa croissance démographique. Créer un périphérique ferroviaire à moyen terme, pourrait éviter la saturation de la gare Matabiau et créer un maillage performant adapté au périurbain.

Deuxième enjeu : inventer un urbanisme adapté aux nouvelles contraintes environnementales et énergétiques.

Il y a consensus pour arrêter le mitage du territoire, favoriser les transports en commun en densifiant certaines zones, améliorer la qualité du bâti, recréer des espaces de maraîchage qui pourraient alimenter les circuits courts, préserver la biodiversité et les espaces naturels de qualité. Faire cela impose de proposer de nouvelles formes urbaines adaptées aux objectifs, mais nécessite d’avoir des outils juridiques et économiques pour les mettre en œuvre. Le SCoT a déjà proposé certaines orientations : il faut les affirmer plus clairement, notamment dans toute la vallée de l’Hers, lors de la prochaine révision de ce document. La création d’un établissement public foncier avec des moyens conséquents qui puisse intervenir au niveau de l’aire urbaine ou régionale est aussi indispensable.

Ces deux enjeux fondamentaux ne pourront être atteints que si la décision publique est en accord avec la volonté de la population. Toulouse et sa périphérie ne constituent pas un bloc homogène, mais représentent des territoires très variés. Gérer la diversité sociale ne peut se résumer à l’affirmation d’une volonté de faire de la mixité à travers le logement social, cela impose d’avoir une politique culturelle, sociale et économique à la hauteur des besoins. Le passage en communauté urbaine a éloigné les citoyens des lieux de décisions.

Certes les élus des communes périphériques peuvent toujours servir d’intermédiaires, mais leur capacité d’initiatives est fortement affaiblie. Sur ce sujet aussi il faut donc inventer. Une démocratie participative métropolitaine, initiée par les élus et par les citoyens déjà engagés dans l’action locale, doit émerger rapidement. Faire jouer un rôle de co-construction de la décision aux associations et aux structures intermédiaires est bien plus difficile que de faire une simple information des projets décidés par les élus et les techniciens : il faut faire dialoguer, dès l’émergence des besoins et dès le début de l’élaboration des projets, citoyens, associations, professionnels et élus. Autrement dit, faire la ville avec les citoyens au lieu de la faire pour eux.

Ce concept d’empowerment ou de capacitation (en version anglo-saxonne ou québécoise) est le nouvel horizon de la politique de la ville. C’est une condition nécessaire pour que la métropole soit en état de faire les transformations indispensables à la réalisation de ses ambitions : il est impératif de passer de la théorie à la pratique à tous les échelons de la vie locale.