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  Manger en amap : une alternative économique et alimentaire ?

dimanche 2 décembre 2012, par Sylvie Schetrite

Le mouvement des Amaps en France s’est construit à l’origine pour lutter contre la disparition des petits paysans de proximité : Une livraison de bons produits pour un coût réduit en échange d’un salaire : du donnant/donnant en quelque sorte. C’est sous forme de partenariats solidaires entre paysans et citoyens mangeurs regroupés autour d’une charte en 19 points, que s’organise le réseau des AMAP.

On se prend à rêver à un mouvement solidaire de grande ampleur, comme on le trouve depuis l’après-guerre au Japon, qui court-circuiterait la grande distribution et qui permettrait à terme de nourrir sainement la population, favorisant le repeuplement de nos campagnes.

Nos producteurs, héritiers des connaissances de pratiques agricoles ou d’élevages datant d’avant l’industrialisation de la production agricole, sont porteurs d’une alternative économique et alimentaire qui répondrait aux objectifs du Grenelle de l’environnement de 2007 : réduction des dépenses énergétiques, protection de la biodiversité et des sols, création d’un environnement respectueux de la santé, instauration de productions et consommations durables.

Pourquoi ne pas développer ce mouvement puisque tout le monde y trouve son compte ? Force est de constater que si la solidarité a réussi à freiner la disparition des petites exploitations agricoles, le mouvement est loin d’être inversé.

En Midi-Pyrénées, 120 amaps environ se sont développées depuis 2002 qui nourrissent environ 15000 personnes : c’est beaucoup et très peu à la fois. Cela montre en tous cas une prise de conscience grandissante de la population sur la nécessité de modifier leur mode d’alimentation. Mais dans le même temps les exploitations agricoles continuent à disparaitre au rythme de 4% par an et touchent essentiellement les plus petites. Et la relève n’est pas assurée par les jeunes dont on ne doute pas que parmi les millions au chômage certains seraient surement attirés par la vie en pleine nature avec pour objectif, somme toute très noble, de nourrir sainement la population. Ce qui freine, en premier lieu, c’est la pression immobilière sur les terres agricoles qui rend les reconversions impossibles et conduit dans le même temps à la disparition de 200 ha de terre agricole par jour, souvent les meilleures terres maraichères situées dans les vallées, au cœur ou à proximité des agglomérations, soit l’équivalent d’un département tous les 10 ans qui disparait ainsi sous le béton ou le bitume.

Et puis, il y a également les règlementations qui freinent la reconversion des paysans déjà propriétaires vers des modes de production plus doux : deux ans avant de pouvoir recevoir un étiquetage « bio », quasiment plus aucunes aides de l’état leurs sont attribuées et sans aide les produits plus chers ne se vendent pas.

En politique tout est affaire de financement et dans ce domaine on entend peu de volontés désireuses de remettre en question la Politique Agricole Commune . Bien au contraire, les décisions prise à Bruxelles sont sous la coupe des agro-industriels : lois permissives pour les OGM, dégradation du label « bio », interdiction des échanges de semences…, sans se soucier de l’aspect destructeurs que ces décisions ont pou l’agriculture vivrière.

Le combat pour une autre alimentation est sans doute un point de pivotement vers une autre société. Nous regrettons que ce combat soit si peu présent dans les consciences politiques en particulier à gauche pour laquelle il n’est pas traditionnel de défendre des petits propriétaires terriens, éradiqués par la politique économique mais non soumis à une pression patronale.

Souhaitons que la pression populaire en faveur d’une autre alimentation soit un point de déclenchement vers une modification profonde de notre société, modification devenue urgente sous la pression du réchauffement climatique et de la disparition des ressources énergétiques, qui seront très certainement la cause des crises sociales et alimentaires à venir.