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Contribution du syndicat CGT cheminot de Toulouse au café politique du lundi 4 juin 2018 "Faut-il adapter ou euthanasier le modèle social français

  La lutte des cheminots

lundi 4 juin 2018, par CGT cheminot Toulouse

Les cheminotes et les cheminots entament le 3eme mois d’actions de grève, pour sauver et développer le service public ferroviaire, qui est attaqué depuis de nombreuses années par les gouvernements successifs, quel que soit la couleur politique. Monsieur Pepy, directeur général de la SNCF a été mis en place par Nicolas Sarkozy.

Le gouvernement actuel, par le biais d’un soi-disant pacte ferroviaire, attaque notre entreprise et les droits sociaux des cheminot-e-s. Le but n’est pas le développement de la SNCF mais bien l’ouverture à la concurrence, pour permettre à une minorité de s’engraisser plutôt que de répondre à l’intérêt général. Au-delà du pacte du ferroviaire, c’est bien le modèle social français qui est attaqué.

Les organisations syndicales cheminotes, et les cheminot-e-s qui lors du Vot’action se sont exprimé-e-s à 95 % contre cette réforme, ne sont pas pour l’immobilisme et Il est clair que le service public de transport ferroviaire est mis à mal depuis de trop nombreuses années, suite aux nombreuses réorganisations issues de décisions politiques qui n’ont rien fait pour améliorer les choses. La SNCF ne peut pas rester en l’état. C’est d’ailleurs de manière unitaire que les organisations syndicales représentatives, CGT, CFDT, UNSA et Sud Rail ont établi une plateforme comprenant 8 points :

- Reprise intégrale de la dette du système ferroviaire, et propositions pour assurer un financement pérenne de la SNCF. Création d’un pôle financier public pour donner la priorité à l’emploi, à la création de richesses dans les territoires et la préservation de l’environnement, et non plus à la recherche de la rentabilité des capitaux. Création d’une caisse d’amortissement de la dette. Nationalisation des autoroutes. Mise en œuvre de l’écotaxe poids lourds. Utilisation de la TICPE. Arrêts des Partenariats publics privés.

- Relance du transport de marchandise par le fer. L’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire en 2007 a amené 2 million de camion (1 millions rien que sur la région parisienne) (60 000 par jours en Occitanie) en plus sur les routes. Ceci entraine que sur les dix plus grosses villes françaises 30% des enfants de moins de 7 ans souffrent de la pollution. Veut-on la même chose dans le transport des voyageurs ?

- La SNCF doit rester sous statut d’Entreprise public industrielle et commerciale, propriété de la nation et non objet de tractation et de spéculation financière. Donc nous voulons le regroupement des EPIC SNCF Réseau(le rail), SNCF Mobilités(les trains) et de l’EPIC SNCF (fonctions transverses) au sein d’un seul EPIC SNCF.

- Organisation de la production .Une réorganisation complète de la production qui doit mettre fin au cloisonnement par activité, réactiver une véritable coopération opérationnelle entre les cheminots et assurer le retour à la qualité de service qu’exigent les usagers.

- ré internalisation des charges de travail, pour mettre fin au surcoût de la sous-traitance, améliorer le statut social des salariés et de regagner la maitrise complète de la production pour en assurer la qualité et la sécurité.

- ouverture à la concurrence, qui pour nous est un mauvais système qui se base uniquement sur le dumping social, et qui n’est pas adapté aux contraintes techniques de l’exploitation ferroviaire, notamment la sécurité. L’exemple de l’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire depuis 10 ans est une catastrophe industrielle, et nous ne voulons pas la même chose pour le service voyageur.

- droits sociaux des cheminotes et des cheminots, garanties sociales. Maintien du statut, y compris pour les nouveaux embauché-e-s et convention collective nationale de la branche ferroviaire qui doit être revu à la hausse. Le statut n’est pas un coût mais une nécessité pour maintenir un niveau de sécurité ferroviaire de haut niveau, et un service de qualité du aux usagers. Le statut intègre l’obligation de continuité de service public.

Avec cette plateforme revendicative, nous défendons de fait le modèle social français, issue des combats du conseil national de la résistance. D’ailleurs pour les plus curieuses et plus curieux d’entre vous, je vous invite à découvrir le projet CGT « ensemble pour le Fer ».

Le modèle que nous défendons implique l’égalité de traitement des citoyens sur tout le territoire, afin de permettre à chacun d’utiliser le transport ferré pour ses déplacements de loisirs ou professionnels. Nous luttons pour éviter que demain il existe des TGV pour les riches et des bus pour les pauvres, et du covoiturage pour les autres.

Notre combat se mène aussi sur le développement durable. Dans notre région Toulousaine ou les routes et rocades sont congestionnées tous les jours, nous estimons que le rail est un moyen pour répondre au besoin de déplacement des citoyens, et peut permettre aussi de lutter contre la pollution.

Le nouveau pacte ferroviaire voulu par le gouvernement actuel, en se retranchant derrière les soit disant bienfaits de l’ouverture à la concurrence ne va qu’entrainer la fermeture des petites lignes, et restreindre l’offre ferroviaire. L’ouverture à la concurrence dans le domaine du fret ferroviaire a été mise en place il y a 10 ans, et a engendré une hausse du nombre de camion sur les autoroutes permettant ainsi à VINCI de remplir les poches de ses actionnaires et au groupe SNCF de développer ses filiales routières, GEODIS par exemple. Pour information la SNCF est le premier transport routier en France et le deuxième en Europe. D’ailleurs le groupe public ferroviaire est près avec ses filiales KEOLIS ou OUIBUS à concurrencer le rail.

Ce qui est attaqué aussi, c’est l’ascenseur social à l’intérieur de l’entreprise. En effet tout le monde n’a pas la chance de réussir à l’école, et cela va être encore plus difficile avec la mise en place de parcour’sup, et la promotion interne, avec la mise en place d’examen interne, a permis à beaucoup de cheminot-e-s de rattraper le retard et de servir l’entreprise avec une conscience professionnelle incroyable.

Ce que portent les cheminot-e-s, c’est une certaine conception de la société intégrant le partage des richesses et le partage du travail. Ce que portent les cheminot-e-s, c’est une certaine vision de l’utilité de la politique. A quoi sert la politique ? Permettre que le plus grand nombre soit heureux (intérêt général), ou que quelques-uns s’engraissent (intérêt particulier) ? . N’oublions pas comment est né ce modèle social et pourquoi il a été créé. Un petit retour en arrière sur le programme du conseil national de la résistance et son programme politique appelé les jours heureux. Alors que les bombes et la torture étaient à l’ordre dans notre beau pays, des utopistes de tout bord politique, religieux et social réfléchissaient à l’après-guerre et comment faire pour que l’horreur ne reproduise pas. De cette réflexion naissait la sécurité sociale, la nationalisation d’entreprises qui deviennent le bien commun, les services publics (Les PTT, EDF GDF, les Hôpitaux…) qui sont le seul bien de ceux qui n’ont rien.

Pour revenir à la question du débat, »le modèle social français doit-il s’adapter ou être euthanasié », à la CGT nous avons une autre approche. Pour nous il doit être développé pour permettre au plus grand nombre de mieux vivre ensemble.

Pour nous la question n’est pas d’euthanasier ou d’adapter le modèle social français mais bien de choisir dans quel type de société nous souhaitons vivre.