Le Café Politique

Parce que le citoyen doit penser pour être libre !
  • Rubrique
  •   N91 République et laïcité

    Lundi 30 mars 20h45

    Salle de réception du stade de Balma

    La fin du vingtième siècle, avec la généralisation au monde entier du modèle "société de consommation", semblait entériner définitivement la victoire du progrès techno-scientifique et de l’idéologie libérale. Malgré quelques conflits résiduels cela semblait aller plutôt dans le sens d’une heureuse "fin de l’histoire" que vers le redouté "choc des civilisations". Mais depuis quelques années, l’optimisme n’est plus de mise et nos États démocratiques sont confrontés à trois gros problèmes interdépendants :

    -la gouvernance économique et sociale dans un contexte de croissance faible,

    -la dégradation de l’environnement et l’horizon limité des ressources naturelles,

    -une mondialisation qui ne sait pas bien gérer les tensions liées aux différences socio-culturelles issues des profondeurs de l’histoire.

    Si le troisième point n’est pas nouveau, le difficile mois de janvier a démontré qu’il y a urgence à penser politiquement cette question. La globalisation de l’économie a mis en lumière les spécificités de la sécularisation dans notre démocratie républicaine. Le "laïcisme", version caricaturale de la laïcité à la française, favorise parfois les discriminations et les fortes inégalités sociales dont sont victimes les personnes issues de l’immigration sont un obstacle quasi insurmontable à l’intégration. Les réformes sociétales, qui nous semblent simplement accompagner l’évolution des mœurs, heurtent de nombreux fidèles attachés au modèle patriarcal.

    Le durcissement, dans l’espace international, des conflits liés au monde musulman interfère de plus en plus avec nos problèmes d’intégration. Notre passé colonial n’est pas encore oublié et la France, en cohérence avec sa volonté de rester une grande puissance, est particulièrement active sur les terrains de combat. L’abandon d’une relative neutralité pour un soutien plus affirmé à la politique d’Israël a aussi joué un rôle déterminant dans la détérioration de l’image de la France dans le monde musulman. Cible des extrémistes radicaux qui justifient leurs actions par des raisons religieuses, la France, convaincue de ses valeurs républicaines, semble prête à payer le prix d’un durcissement sécuritaire.

    Si pour l’instant la plupart des prises de positions sur ces questions s’appuient sur des analyses spécifiquement françaises, on retrouve des difficultés similaires dans presque tous les pays démocratiques. L’échec de l’intégration à la française ne signifie pas pour autant le succès des stratégies dites "communautaristes" menées ailleurs.

    La modernité démocratique avec son grand projet d’autonomie du sujet, portée par les progrès de la science et la domination de l’homme sur la nature, s’essouffle. Individualisme, injustice sociale généralisée, impasses du productivisme en termes de ressources et d’environnement, ce sont ces échecs qui nourrissent le radicalisme de ceux qui sont prêts à sacrifier les avantages de la liberté pour la solidarité de la communauté. L’obsession sécuritaire ou le repli xénophobe ne sont pas des solutions acceptables. Affirmer avec force, notre attachement à la liberté et à l’autonomie du sujet ne doit pas nous empêcher de faire une analyse sans concessions de nos échecs.

    La liberté de conscience et la liberté de culte sont des acquis théoriques incontestables de toutes les démocraties modernes. Sur le plan concret ces libertés ne sont pas forcément opérationnelles et la limite entre ce qui ressort de la pratique du culte et le mode de vie acceptable en société n’est pas facile à définir. Dans une société non homogène comme la nôtre, les valeurs individuelles peuvent s’appuyer sur les croyances de chacun, mais elles doivent être compatibles avec les valeurs collectives construites politiquement en commun. Est-ce aux religions ou aux mécanismes démocratiques de choisir comment doit s’organiser le vivre ensemble ? C’est un vieux débat dont on peut retrouver les traces il y a 2500 ans au moment de la naissance de la démocratie athénienne, mais il n’est pas clos. Nous vous invitons à venir nombreux et dans un esprit de fraternité à le poursuivre au Café Politique de ce lundi 30 mars.

    - Vous pouvez envoyer une contribution à lecafepolitique@free.fr sur ce thème, qui sera placée sur le site : http://lecafepolitique.free.fr/

    - La salle de réception du stade de Balma se trouve derrière les tribunes du stade au premier étage. Le stade est près de la sortie de la rocade N°16 (Balma / Soupetard) au premier Rond-point en direction de Balma. Il y a un grand parking à l’entrée du stade.