Le Café Politique

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  •   J73 Présidentielle : les candidats, les propositions, le peuple

    Lundi 19 mars 20h45

    Salle de réception du stade de Balma

    Depuis septembre 2011 la campagne électorale pour les présidentielles envahit tout l’espace démocratique. La possibilité d’une alternance dynamise le débat et laisse entrevoir la possibilité de sortir par le haut d’une crise qui n’en finit pas. Au-delà des propositions tactiques des candidats, il existe un important débat de fond sur la société que nous voulons demain et le Café Politique se doit d’y participer.

    La crise économique pousse tous les candidats à se positionner d’abord sur ce thème. Sarkozy, Bayrou et Hollande proposent tous les trois de continuer comme avant avec un peu plus de rigueur, mais il n’y a pas besoin de regarder de près pour voir que ce ne sont pas les mêmes qui dans les trois cas sont en première ligne pour supporter l’austérité. Le Front National cohérent avec ses fondamentaux propose une sortie de l’Union Européenne. Les autres partis proposent avec plus ou moins de crédibilité une réorientation profonde du système économique et politique, invoquant des mots pendant longtemps tabous comme celui de protectionnisme ou celui de sobriété et proposant de repenser la constitution et la politique commune européenne. Ce qui pendant longtemps était considéré comme irresponsable semble de plus en plus envisageable pour sortir de la contradiction dans laquelle se débat les partis principaux : il faut de l’austérité pour rembourser la dette, mais l’austérité est contradictoire avec le retour de la croissance.

    Au-delà de l’économie la campagne va permettre de remettre sur le tapis les questions sociétales . Les conservateurs vont pouvoir ressortir les rengaines sur la sécurité, la paresse des chômeurs et l’abandon des bonnes mœurs. Les libéraux mal à l’aise sur ces sujets sont en train, une fois de plus, de faire des compromis avec les franges les plus "réactionnaires" pour ne pas perdre le pouvoir économique. La gauche égalitariste sur le plan économique, mais libérale sur le plan sociétal va devoir trouver des compromis entre les ultras et la majorité des français qui ont sur tous ces sujets des options assez modérées. La faiblesse des solutions économiques proposées peut conduire certains à tenter de "cliver" dangereusement autour de valeurs qu’auraient les uns et pas les autres.

    Le citoyen a aussi des raisons d’être inquiet, le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple ne doit pas se résumer au choix d’une personnalité providentielle tous les 5 ans. Les conditions de cette élection, imposées par la constitution de la cinquième République, mais aussi par le fonctionnement des médias sont loin d’être satisfaisantes. L’importance de l’argent et des sondages dans cette campagne ne peut que nous interroger. Le peuple est toujours là pour s’exprimer, mais notre démocratie fonctionne un peu à l’envers : ce n’est plus le peuple qui élit ses représentants, mais les hommes politiques qui se font élire en utilisant tous les moyens que leur offre la modernité. Dans le même ordre d’idée les référendums proposés par le Président de la République apparaissent plus comme un moyen technique de contourner les institutions démocratiques que comme une réelle volonté de favoriser l’initiative populaire.

    Profitons de cette campagne pour débattre des enjeux, mais à nous de ne pas nous laisser enfermés dans une démocratie représentative biaisée qui voudrait imposer son calendrier et ses priorités.

    François Saint Pierre