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  Regard de l’idiot du village Sidi Lahcene sur l’Algérie

jeudi 23 mai 2019, par Mohamed El Bachir

« Nos concitoyens n’étaient pas plus coupables que d’autres, ils oubliaient d’être modestes, voilà tout, et ils pensaient que tout était encore possible pour eux, ce qui supposait que les fléaux étaient impossibles...Ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu’il aura des fléaux. » (1)

(20/05/2019) Mohamed El Bachir

Acte I : Bouteflika dégage !

Après le fléau qu’à connu l’Algérie(1992-2005), on ne peut qu’admirer la grande patience du peuple algérien pour avoir ’’permis’’ à A. Bouteflika l’exercice du quatrième mandat en tant que Président . Patience admirable d’autant plus que les courbes du chômage, de la pauvreté et de la corruption ne faisaient que ’’monter’’ sans discontinuité...Quelle capacité de résistance !

A cause de graves problèmes de santé, A.Bouteflika n’était plus en mesure de présider à la destinée de l’Algérie depuis au moins 2013. Et dans les faits, le pouvoir était dans les mains d’une bourgeoisie mercantile qui a su au cours du temps installer un système politique opaque. Et l’instrumentalisation de Bouteflika, entre autres, par ses proches, pose tout d’abord un problème philosophique avant d’être politique. En effet, comment des humains et en premier, son propre frère, doués de raison et sous la ’’surveillance du très- haut’’, en arrivent à une telle décadence morale ?

En effet, utiliser un être dans un état végétatif à des fins mercantiles et pour assouvir une soif de pouvoir est le signe d’une lente décadence. Une décadence que les psalmodies de versets du Coran à longueur de journée ont du mal à masquer ...

En effet, construire une mosquée à 2 milliards de dollars pendant que l’enfant est mal encadré dans une École publique naufragée relève du cynisme et d’une déchéance morale et intellectuelle d’une classe politique au service d’une bourgeoisie dont l’insatiable cupidité et l’ignorance constitue un obstacle, pour ne pas dire un frein, au progrès et à l’émancipation.

Ce lourd fardeau est, à quelques détails près, porté par tous les peuples arabes des monarchies du Golfe jusqu’au Maroc en passant par l’Egyptair. Précision : palestinien, libanais, irakien, syrien et yéménite ne font pas partie de la liste...

Ce petit détour sert à souligner que le calme soulèvement de la population algérienne n’a pas résolu l’immense problème politique et philosophique qui se pose à l’Algérie mais il a dévoilé l’ampleur de la tâche à accomplir. Il a ouvert la boîte de pandore. Donc encore bravo pour la sage volonté populaire d’avoir ouvert la porte du théâtre où des comédiens sans foi ni loi jouaient une comédie où le peuple était le héros tout en étant absent.

Cependant une fois ce noble acte accompli, tout ou presque reste à faire !

Il est évident que les problèmes graves et urgents qui se posent au peuple algérien exigent une vision à long terme. Et encore une fois, cette vision à long terme si elle est politique, elle ne peut se passer du philosophique. Mettre l’humain et le bien commun comme sujet de toute réflexion et comme horizon à atteindre !

Et une telle ambition n’est possible qu’à une seule condition : interroger le passé pour y puiser des richesses morales et intellectuelles afin de démonter les idées reçues et démasquer ceux qui s’en servent. À commencer par dénoncer la lecture obscurantiste de l’islam et son instrumentalisation politique. Soit dit en passant, il ne faut pas oublier que la religion a été utilisée par le colonialisme lui-même pour assujettir le colonisé. Et aujourd’hui, les charlatans ne manquent pas pour utiliser le même instrument et pour les mêmes objectifs. Aussi l’Éducation pour l’émancipation individuelle et collective est l’un des premiers combats politiques et philosophiques à mener. Un combat où toutes les volontés bonnes sont les bienvenues « car dans un monde où chacun triche, c’est l’homme vrai qui fait figure de charlatan. »(2)

Et des femmes et des hommes vrais ont existé et existent en Algérie comme ailleurs de par le monde. Ce modeste rappel nous ramène de nouveau à l’actualité algérienne.

Acte II : Système dégage !

Depuis plusieurs vendredis, après la prière de l’après-midi, une grande partie de la population algérienne joue la même pièce de théâtre où seul ’’Le personnage ou l’objet’’ appelé à dégager change. Il n’est pas superflu de souligner que cette pièce de théâtre se joue dans un environnement politique régional et international explosif. Un état de fait que beaucoup d’analystes et commentateurs de la chose algérienne minimisent, voire, mettent sous le tapis. À croire que l’Algérie ne fait pas partie de ce monde. Pourtant, elle n’est pas à l’abri des secousses géostratégiques qui ébranlent son environnement géopolitique aussi bien africain que moyen-oriental. Aussi le peuple algérien devrait se méfier de certaines forces politiques étrangères qui le flattent à tout va. Ceci dit et vu l’ampleur du mouvement, on ne peut faire l’économie de rappeler une loi de la physique : tout mouvement est animé par une force. En s’appuyant sur cette remarque, on en arrive à la question suivante : quelle est cette force idéologique et politique qui anime ce mouvement populaire algérien ?

Question d’autant plus légitime que ce mouvement est bien organisé, pacifique...Festif...Tout à l’opposé des fins de matchs de football... Et si on utilise l’image de la pièce de théâtre, la question se poserait ainsi ; qui est ou qui sont les scénaristes et le ou les metteurs en scène ? Une réponse fuse sans hésitation : le peuple...L’idiot du village répond : trop beau pour être vrai !

Vers une révolution algérienne ?

[Premier scénario

Dans le cadre institutionnelle, élire un nouveau président !

Avec une nouvelle exigence : la souveraineté du peuple doit être garantie. Une souveraineté qui ne peut s’exprimer qu’à travers un suffrage universel libre et démocratique. Afin de garantir cette liberté et l’honnêteté du scrutin, un contrôle impartial est nécessaire. Mais vu les caractéristiques du mouvement populaire, soulignées ci-dessus, la population algérienne a toutes les capacités et les qualités indiquées pour assurer pacifiquement de telles conditions.

Une simple formalité à accomplir.

Une formalité que l’armée et son chef d’État-major, Gaïd Salah, ne peuvent qu’assumer en veillant à sa concrétisation. De toute façon, quand la sagesse s’exprime à travers des millions de citoyens, celui qui a connu le maquis à l’âge de 17 ans ne peut que s’y plier.

Mais la population algérienne ne semble pas emprunter cette direction et agir dans ce sens !

Deuxième scénario

En refusant le scénario précédent et en exigeant le ’’départ du système’’, il ne reste plus qu’à écrire l’équivalent d’un 1789 à l’algérienne. Une prise de la ’’Bastille’’...Un octobre 1917...Organiser une longue marche ... En s’inspirant tout simplement du passé maghrébin... Mais de toute évidence, les metteurs en scènes rejettent les deux scénarios. Ces derniers, pensent-ils à un troisième : donner l’illusion à chaque citoyen algérien qu’il est à la fois acteur et metteur en scène...

Un acteur instrumentalisé ! Je n’ose dire une marionnette.

En effet, en l’absence d’une force politique algérienne agissant à visage découvert et qui, au lieu d’être guidée par la négation, est animée par une affirmation sous forme d’un projet de société, l’idiot du village que je suis, pense qu’il y a anguille sous-roche. Et une anguille dangereuse !

Beaucoup d’observateurs, journalistes, analystes politiques dont le propriétaire de la chaîne Amel.tv, H Aboud, excellent commentateur de bistrot au service de... Diront : l’idiot du village est un complotiste !

1. A. Camus : La peste. Edition : Gallimard Collection Folio (1947)

2. André Gide : les faux-monnayeurs. Collection Folio. Gallimard (1977)