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  Petite réflexion sur la gauche en France

vendredi 21 novembre 2014, par Joseph Saint Pierre

Les partis de gauche français semblent, comme les autres partis de droite du centre d’ailleurs et comme semble-t-il l’ensemble du pays, atteints d’un certain repli national. Bien sûr cela n’est pas total, un parti comme Europe Écologie Les Verts, met le nom de l’Europe en tête de son nom et certains partis d’extrême gauche mettent l’internationalisme en avant. La question de savoir si il y aura toujours une gauche demain ne peut être posée sur le plan interne à la France qu’en minorant la dimension internationaliste de ce courant politique, avec pour conséquence de laisser les réflexions sur la globalisation aux courants de droite ou plus vraisemblablement du centre.

La globalisation est trop souvent réduite à sa dimension économique et financière, alors que d’autres aspects sont présents et peut-être peu pris en compte par la politique, le dérèglement climatique, les épidémies, grippes, sida, ebola, les échanges scientifiques, le réseau Internet etc.

Sur ces sujets internationaux il est possible d’envisager des séparations entre des positions de gauche, de droite, de centre etc. L’exemple du parlement européen montre qu’il existe des ressemblances et pas uniquement des alliances entre des partis appartenant à des pays différents mais avec des sensibilités voisines. Mais le fait que ce soit dans le cadre d’un parlement met en évidence que la France a un régime fortement présidentiel et que l’acceptation de cette présidentialisation est forte tant dans la gauche que dans la droite et chez une majorité des électeurs Français.

Le retour à un système plus parlementaire, plus collégial et donc moins présidentiel semblerait plus conforme à des principes de gauche et pas seulement un rapprochement des systèmes des autres pays européens. Les partis de gauche français semblent globalement et assez durablement s’organiser autour de l’élection présidentielle

La présidentialisation du système français s’accompagne presque nécessairement d’une forte centralisation du pouvoir. La décentralisation du pouvoir n’est pas forcément un principe de gauche, il divise presque autant la droite que la gauche

Les enjeux écologiques ont un effet important sur la mésentente perçue et sans doute réelle de la gauche française. Pour des raisons d’histoire politique la majorité des militants des partis écologistes sont issus de la gauche, voire de l’extrême gauche, cela s’est traduit par la participation de ministres "verts" dans des gouvernements de gauche plutôt que dans des gouvernements de droite. Schématiquement l’écologie ajoute ce que l’on appelle la "nature" dans le débat politique traditionnel entre êtres humains. Le sujet de la croissance économique est contesté par une partie des écologistes, sans aller jusqu’à plaider pour la décroissance, ce sujet divise plus la gauche que la droite pour laquelle la critique de la croissance n’est en général pas envisageable.

Le développement du réseau Internet par les échanges qu’il permet, notamment à travers les frontières, pourrait modifier le rapport entre les citoyens et la politique. La mobilisation rapide, les analyses diffusées, mais aussi les photographies, les films faits par des citoyens ordinaires peuvent changer la façon de faire de la politique. Il y a plus de dix ans on utilisait l’expression démocratie électronique. Les moyens offerts par Internet peuvent être utilisés pour de la propagande, des actions non démocratiques. Il semble qu’à travers de nombreuses lois visant à combattre le terrorisme, la gauche comme la droite française tendent à vouloir réglementer Internet. L’Internet n’est pas uniforme, il y a l’intérieur de ce que désigne ce mot des initiatives, des démarches qui se référent à un idéal démocratique européen et même français. Par exemple Richard Stallman a dit à plusieurs reprises que les principes du logiciel libre, dont il est un des promoteurs historiques, étaient très proches de la devise « Liberté, Égalité, Fraternité ». Les FabLabs, l’encyclopédie libre Wikipedia, Openstreetmap sont d’autres initiatives qui permettent aux citoyens d’apprendre, d’échanger, de s’autonomiser, cela n’est pas du tout en opposition avec des formes plus anciennes et rattachées à la tradition française comme les coopératives, les associations.

L’ouverture vers le monde extérieur, la prise en compte des problèmes mondiaux, l’appropriation des outils techniques scientifiques nécessitent une forme d’implication et cela pose peut être un problème de représentation politique du progrès et c’est souvent un vrai problème pour les partis de gauche qui ont trop souvent plaidé pour une société où tout devient facile et ont souvent contribué à la baisse du niveau scientifique dans le système éducatif avec notamment le cas extrême de Claude Allègre...

Les partis de gauche français, comme les autres partis français, devraient se livrer à diverses remises en cause pour éviter de se focaliser sur les problèmes purement français, trop liés à leur histoire, voire à leurs organisations. Ce n’est sans doute pas facile car l’histoire nationale pèse très lourd dans les représentations. C’est peut être plus dur pour la gauche très attachée à 1789, aux droits de l’Homme, à la Commune, à 1936, à 1945, à 1968...