Le Café Politique

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  Plus ça change...

lundi 4 février 2013, par Stuart Walker

Aux innombrables contributions positives de cette révolution, on pourrait ajouter une plus grande représentativité politique, s’i est vrai que le Président américain doit sa réélection en partie à une judicieuse utilisation de l’Internet. La commande numérique a permis une réduction spectaculaire dans la pénibilité de beaucoup de métiers manuels. Moins d’écoliers français partent à l’école avec un tiers de leur poids sur le dos. On peut voyager avec quelques centaines de romans en poche. Le volume d’informations consultable sur une tablette n’était pas imaginable par les plus visionnaires des scientifiques d’il y a quelques générations.

En même temps les appréhensions se multiplient. Le rêve de J-J Servan-Schreiber dans les années ’70, selon lequel les pays du tiers monde pourraient se moderniser sans passer par la case industrielle, ne semble pas en voie de se réaliser lorsque en constate les moyens dont sont dotés le trader New Yorkais et le paysan du Sahel.

Le réflexe des casseurs d’ordinateurs de la même époque n’était pas totalement sans fondement. La destruction d’emplois continue sa marche inexorable. Ceux qui sont entrés sur un nouveau marché du travail, grâce à la délocalisation de prestations tertiaires, risquent d’en ressortir lorsque l’intelligence artificielle permettra de rapatrier ces travaux dans les pays commanditaires.

Déjà le cerveau de l’homme vaut peu de chose quand on sait d’avance que le champion du monde d’échecs serait battu par un produit d’IBM. Qu’en sera-t-il dans quelques décennies, sachant la nature exponentielle des capacités de calcul ?

Les combat contre les mauvaises utilisations du web (fraude, perversion, fichage, piratage, propagande…) est loin d’être gagné. Comme dans d’autres domaines, tels que l’environnement, ou la finance, il manque cruellement une autorité mondiale capable de faire respecter les règles nécessaires à l’intérêt général à travers le monde.

La crainte d’un grand crash numérique ne me semble pas uniquement psychologique. Les financiers ne croyait-ils pas que leurs modèles leur permettraient de s’enrichir indéfiniment, comme si les arbres pouvaient pousser jusqu’au au ciel ? Quelle start-up aujourd’hui n’est pas construite sur une foi dans les capacités d’une nouvelle application ?

Une prise de conscience de ces risques pourrait cependant nous permettre d’espérer que le monde numérique de demain sera un meilleur monde. L’outil informatique semble par exemple, être parfaitement adapté à la réalisation des dispositifs de pétitions citoyennes européenne ou française, restées fermement sous le coude pour le moment. Le site américain Avaaz a montré la voie en réunissant jusqu’à un million de signatures contre des abus humanitaires dans le monde. The pen is mightier than the sword (ou, à peu près, "les paroles sont des actes") .

Si les informations numérisées remplacent progressivement la presse, celle-ci n’aura peut-être plus la même tendance à vendre du papier an attisant les passions des va-t-en guerre. Il y a des chances que le contenu soit plus diversifié et plus équilibré.

Est-ce qu’il ne sera pas possible, pour la première fois, de mettre fin au triste axiome historique selon lequel les révolutions finissent toujours par amener une population d’une révolution à une autre ? Tel est aujourd’hui l’enjeu actuel en Chine ou dans les pays du printemps Arabe. Est-ce que l’information sans frontières ne nous permettra-t-il pas de mieux exercer cette vigilance sans laquelle la liberté ne peut exister ?