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  PLUS ON EST …

lundi 6 février 2012, par Stuart Walker

Attac et les auteurs figurant sur ce site ont cent fois raison de signaler la fin de la croissance libérale comme modèle de progrès sociale. Il semble clair aujourd’hui que la richesse des uns, tant au niveau national que mondialement, ne produit pas la richesse des autres. Le " trickle down effect", (ruissellement) cher à Reagan n’a pas vraiment fait ses preuves

A cote du dogme de la croissance il y a un autre qui me semble aussi digne d’une mise en question, celle qui se manifeste en France sous forme de la politique de la natalité. Selon Jacques Attali notre gouvernement nous octroie 15 formes d’aide familiale et nous sommes en voie de devenir le pays le plus peuplé de l’Europe. Est-ce pour autant que nous aurons le bonheur intérieur brut le plus élevé ? C’est d’autant plus paradoxal que des pays souvent cités pour avoir redressé leurs comptes, comme l’Allemagne, la Suède ou le Canada, sont des pays de faible démographie

Le réflexe de rechercher la sécurité par le nombre appartient sûrement à une époque lointaine, voir primitive. Il y a d’autres moyens pour un pays de se défendre aujourd’hui que d’être celui qui est le plus productif en chair à canon. Il y a fort à parier que l’avenir appartiendra non pas au plus fécond, mais a celui qui sait le mieux s’adapter.

C’était ceux qui ont combattu pour le planning familial en Angleterre qui ont permis l’émergence de son système de protection sociale. La prudence élémentaire du père de famille est de ne pas produire plus de bouches qu’il ne peut nourrir. Au lieu de quoi nous sommes incités à nous procréer par un état qui nous dira que les moyens n’existent pas pour éduquer, loger et soigner la population ainsi créée.

A-t-on une idée de l’empreinte carbone qu’implique le fait de mettre au monde un enfant et de l’élever dans des conditions que nous estimons nécessaires pour qu’il s’épanouisse ? Force est de constater que la pollution c’est aussi nous, nos enfants et ceux qu’ils feront à leur tour dans un monde qui s’approche des 9 milliards d’habitants. Cela ne me rassure que modérément de dire que, la maison étant en feu, l’incendie s’éteindra spontanément dans 20 ans, selon les prédictions de stabilisation de la population mondiale.

Malgré les efforts de Mme Gandhi la démographie de l’Inde n’a pas sensiblement fléchi. Une cause importante de la mortalité féminine est toujours la multiplicité des accouchements. La Révolution Verte est loin d’avoir totalement éliminé la famine ; en augmentant la population elle a ramené certains quasiment à la case départ.

Malgré la politique de l’enfant unique, la Chine subit une telle pression démographique qu’elle est enfermée dans une fuite en avant dans une industrie manufacturière, ce qui déstabilise les marchés des pays de l’occident . La courbe de l’alphabétisation ne suivant pas celle de la démographie au Maghreb, il est probable que la roue y tournera et que le Printemps Arabe accouchera dans certains pays d’une nouvelle dictature, suivant ainsi le déroulement de la révolution Française. (Tout en espérant que le nouveau sera plus éclairé que son prédécesseur, et que l’aboutissement à terme sera une forme de démocratie)

Le rejet du contrôle des naissances dans des régions entières du monde est source de souffrances incalculables, en termes de pauvreté et de maladie, phénomènes qui sont plus ou moins mesurables. Tout aussi important, mais moins tangibles, sont les cicatrices psychologiques et morales des millions qui sont nés ans savoir pourquoi.

Historiquement a surpopulation amène la guerre, comme on a vu avec la recherche de "lebens raum" par l’Allemagne pendant les années 30. Une guerre qui permet aux belligérants de saigner leurs populations pour ensuite se restructurer. Ce n’est évidemment le scénario souhaité, mais cela risque de redevenir une réalité, si nous ne prenons pas les devants.

Nous savions depuis au moins les années 70 que le surendettement des états n’était pas soutenable. Aujourd’hui savoir si nous n’avons pas attendu trop longtemps pour agir collectivement reste une question ouverte.

Nous savions au moins depuis les Conservationistes anglais des années 50 que la croissance industrielle n’était pas plus soutenable. Ce ne sont pas seulement les Peuls que notre inaction, voir notre égoïsme, au fil de conférences Kyoto, Copenhague et Durban a condamné au tunnel de la mort. Je suis persuadé qu’une alter économie s’impose impérativement, et que cela doit passer par plus de solidarité, avec en préambule la fin de notre mode de consommation, autant dans l’intérêt des démunis du monde, que dans le notre, en tant qu’élite minoritaire.