Le Café Politique

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  L’alternance

vendredi 19 novembre 2010, par Jean-Louis Caillaudeau

Après ces longs mois consacrés à une bataille qui s’est avérée être un véritable enjeu de société (retraite, partage des richesses, emploi des jeunes et des "vieux") et qui s’est révélée plus importante qu’il n’y paraissait au départ, que reste-t-il à ceux qui viennent de perdre une partie plus ou moins importante de leur salaire ? Bien peu de chose. Sur le fond, la bataille est perdue, le pouvoir a fait la sourde oreille jusqu’au bout, au risque de perdre une partie de son électorat, mais avec une mise à jour de la vraie nature de ce gouvernement ; son clientélisme, qui fait désormais penser plus à la gestion d’une entreprise qu’à celle d’une nation. Est-ce la volonté de redresser cette image qui a conduit Sarkozy à proposer des projets à connotation sociale, comme par exemple le celui sur la dépendance mis dans son programme de 2011 ? Je ne le crois pas une minute, d’abord l’UMP souhaite sans aucun doute conserver le pouvoir, d’où de vraisemblables pressions auxquelles le président ne peut pas se soustraire, car sa survie politique à l’élection de 2012 n’est pas garantie. Il faut s’interroger sur les ambitions personnelles de celui-ci , souhaite-t-il se maintenir au pouvoir ? Rien n’est moins sûr. L’année 2011 devrait nous apporter la réponse. Parmi les scénarios possibles, peu de doute sur la continuité de la casse sociale ; un premier signe : l’annonce de la suppression du bouclier fiscal (une réponse sur les retraites ?) et la suppression de l’ISF. Non seulement on reconnait bien là le camp du président mais aussi, c’est surtout une perte de ressources de l’État, même si elle est minime au regard de la dette. On est là dans la poursuite d’une stratégie rampante de cette droite, qui avant de s’attaquer aux services publics, vident les caisses de l’État. . Je schématise à peine, car de cette façon, on peut s’assurer qu’on ne pourra payer les différentes contributions sociales d’état qui provoqueront du déficit public et ainsi la boucle est bouclée. Ce qui permet de retrouver ce sujet dans les médias, plus ou moins manipulés, sur le ton catastrophiste que l’on connait, et qui a un effet dévastateur dans l’opinion publique.

Par conséquent en 2011, à qui le tour ? A la sécurité sociale sans doute, de nouvelles baisses de remboursement pour tous avec report sur les mutuelles et sur les groupes privés, qui comme pour les retraites y voyaient peu de profit jusqu’ici. Regardez le baromètre télévisuel de la pub que voit-on en ce moment ? Les retraites complémentaires ! Attendons-nous à une privatisation pour la dépendance avec l’annonce d’une décision à l’été 2011, ça ne vous rappelle rien ? Et en septembre sur nos écrans nous aurons la publicité sur l’assurance dépendance. Dans ce contexte peu de doute sur le sacrifice de Sarkozy sur sa réélection et si on pousse un peu le scénario, rappelez vous la nomination de Strauss Kahn au FMI et l’actualité de son retour discret sur la scène politique nationale. Je pose la question : est ce que le programme était scellé depuis le début du quinquennat de Sarkozy ? Casse sociale à la demande d’un capitalisme libéral et prévision d’une alternance au bout, sociale mais libérale. Alternance "décomplexée " avec la mondialisation en justification, et un DSK qui du coup se trouve totalement légitimé .

D’autres pensent que si la bataille est perdue la guerre n’est pas gagnée par la droite. Faut-il que se présentent des personnalités crédibles pour rassembler les français, sachant que nul ne doute sur l’attitude de DSK, c’est de notoriété publique, qu’il ne reviendra pas sur la casse sociale. Il est en accord tacite avec la droite sur les "sacrifices " demandés à la population, c’est pour cela que le parti socialiste s’est fait bien discret dans le collectif retraite créé par l’appel d’ATTAC et de la fondation COPERNIC.

Par ailleurs, les leçons au sortir de cette crise ne manquent, comment ne pas dénoncer, l’erreur de l’inversion du calendrier électoral instaurée par Jospin et Chirac, unis dans un même intérêt, qui nous conduit vers une alternance accompagnée assurément des pleins pouvoirs. Chacun son tour alors que la vraie démocratie voudrait qu’il y ait au moins une consultation à mi-parcours comme aux États-Unis. Dans ce cas Il en aurait été certainement autrement pour nos retraites !