Le Café Politique

Parce que le citoyen doit penser pour être libre !
  • Article

  Compte-rendu du débat sur l’économie sociale

L’ECONOMIE SOCIALE DANS UNE ECONOMIE MONDIALISEE

samedi 8 décembre 2007, par Annie-Claude Verchère

Débat organisé le Lundi 12 novembre 2007, par le Café Politique et l’Union Régionale des Scops. Avec la participation du réseau des AMAP de Midi Pyrénées

Le premier temps a été consacré à la présentation des Sociétés Coopératives de Production (SCOP) et des Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP).

Les SCOPS représentent en France environ 1500 entreprises et 35 000 emplois (il existe un annuaire régional). L’économie sociale, quant à elle, représente 10 à 15% des emplois, environ 10% du PIB, un million de salariés en Europe, 800 000 millions de membres dans le monde. Les scops sont des entreprises de tout secteur (artisans, bureaux d’études, mutuelles, industrie, BTP, entreprises culturelles), …. Elles fonctionnent en tant que SA ou SARL, mais l’objectif n’est pas la recherche du profit pour le capital. La recherche d’un bénéfice est nécessaire pour rester dans le monde de la concurrence et du marché, mais le capital est là pour maintenir et développer l’outil de travail ; lors des AG, une personne = une voix et non une action = une voix ; les bénéfices sont redistribués pour une part aux salariés, une autre aux réserves impartageables, et une dernière, limitée et optionnelle, pour la rémunération du capital. Le gérant ou le PDG est élus par les salariés-associés.

« Tandis que, dans l’ordre de choses actuel, c’est le capital qui, étant propriétaire, touche les bénéfices et le travail qui est salarié, dans le régime coopératif, par un renversement de la situation, c’est le travailleur ou le consommateur qui étant propriétaire, touchera le bénéfice et c’est le capital qui en sera réduit au rôle de simple salarié. » Charles Gide, 1847-1932

Les AMAPS sont un autre exemple d’économie locale alternative. Elles sont nés au Japon dans les années 1960 à la suite des constatations d’empoisonnement des poissons et crustacés par le mercure ; des mères se sont regroupées et ont cherché de petits producteurs de proximité en se portant garantes d’acheter leur production. Les AMAP existent aux Etats-Unis, au Québec, en Europe, en Amérique Latine…Il y a environ 500 AMAPS en France dont 80 en Midi Pyrénées et 3 à Balma (des maraîchers à 90% et des producteurs de viande). Le producteur es engagé sur une charte de qualité dans sa production distribuée par panier à ses clients, dans un rapport direct, et les consommateurs engagés pour 6 mois ou un an à acheter les paniers toutes les semaines avec les produits de saison. Ceci permet à un agriculteur de vivre correctement et de garder des maraîchers de proximité avec leur culture et leur savoir-faire dans l’aménagement du territoire. Les AMAPS veulent reprendre l’initiative dans la relation économique en y ajoutant une dimension humaine, et ne pas tout laisser à l’Etat et au monde du marché.

Le débat a porté sur les points suivant :

la peur de la mondialisation, idée reçue mais non réelle dans le marché des SCOPS. Les scops sont dans l’économie de marché, certaines d’entre elles sont donc directement impliquées dans la mondialisation (exemple de Montdragon, au Pays Basque)

L’articulation nécessaire entre économie sociale et solidaire, économie capitaliste et économie publique

le rôle de l’Etat, , régulation et équité

* 50% des comptes de dépôts dépendent de banques coopératives, l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) n’a pas vocation à fonctionner qu’à petite échelle. Les mutuelles montrent aussi cet exemple, même si selon l’échelle les règles de la démocratie fonctionnent différemment.

* certains domaines devraient revenir au public comme la gestion de l’eau, des transports…

* des collectivités peuvent favoriser l’ESS, par exemple dans leur implication dans les Agenda 21, dans les marché publics (la dépense publique représente environ 50% du PIB)

Où se situe la frontière entre l’ESS et le capitalisme ?

* Le fonctionnement des SCOP, comme des autres entreprises de l’ESS, nécessite d’avoir du capital. Mais celui-ci est un outil de travail, il permet pérenniser à long terme l’entreprise dans le monde du marché. Les réserves impartageables sont la véritable et première richesse de ces structures.

Des précisons sur le fonctionnement des SCOP :

* Une SCOP fonctionne avec un statut et des règles de base

fonctionnement démocratique de la structure

une personne = une voix dans les AG

la moitié du capital est mis en réserve au sein de l’entreprise pour garantir sa durabilité, ce qui permet d’assumer les fluctuations

De ce fait, le salaire n’est généralement pas secret, puisque les salariés sont aussi des associés qui ont un droit de regard et de décision sur la stratégie sociale de l’entreprise..

Respect des règles de qualité

* Repenser les différents modes de fonctionnement, les rôles de l’Etat, les relations internationales, l’ESS et la fraternité, le capitalisme : quelle part laissée à chaque économie ? la concurrence libre … des modes de vie différents selon les pays, ainsi en Afrique, la notion de famille est différente, ses règles aussi. Épargne solidaire :

* Exemple de la NEF, banque dont les clients / sociétaires sont informés sur le devenir de leur argent (champ de l’écologie, de l’agriculture biologique…), convoqués aux AG, l’épargne est rémunéré pour une part au taux du marché, pour une autre part pur les projets que l’on décide de soutenir

- un jeune ingénieur témoigne de sa seule connaissance du système capitaliste, de l’envie de réussir des jeunes, de leurs difficultés. Les actionnaires ne prennent pas autant de risques que l’on dit, pourquoi donc une telle rémunération du capital ?

AMAP : le nombre de maraîchers en Midi Pyrénées : 1500 à 2000 en 1950, 50 à ce jour, avec des pertes de compétence, peu de structure de formation …

Problème de redistribution des aliments ? de qualité, de rémunération honnête et digne des maraîchers, nécessité de respecter aussi les diverses offres, AMAP mais aussi les marchés de grand vent, des magasins qui se fournissent dans la région, des circuits respectueux de l’environnement….

Nous sommes dans une société ultralibérale, pouvant être une folie humaine, c’est déjà un désastre écologique, il faut que les politiques reprennent une gouvernance, un pouvoir de régulation avec la mise en place de normes (ex : pesticides, convoi de marchandises…)

Le gouvernement de L.Jospin avait crée un ministère de l’ESS, celui-ci n’a pas duré… Il nous faut tous réfléchir aux contraintes de l’économie de marché, au rôle du politique, au rôle local du citoyen. Le commerce équitable met en avant des modes de consommation. L’Économie Sociale et Solidaire existe, marche, le système capitaliste aussi, mais l’ESS permet un fonctionnement plus juste pour l’homme.

Notes prises par Annie-Claude Verchère

Relues par géraud Acquier