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  PS, SFIO, même fin ?

samedi 19 novembre 2005, par Olivier Dirat

Nous le voyons avec amusement, consternation ou jubilation, mais nous le voyons tous. Le PS est nul. Ce grand parti qui fut le seul parti de gauche à gouverner vraiment sous la 5ème république est en train de s’auto dévorer. Le constat est évident lorsque nous regardons l’enchaînement des évènements qui se sont produits depuis avril 2001. Pourtant, les Français de gauche ont rarement été aussi demandeurs d’un grand parti à gauche, proposant des analyses robustes et une tactique concrète pour reprendre le pouvoir à une droite très agressive.

Une solution vient à l’esprit rapidement depuis les primaires Italiennes : le vote populaire et la démocratisation réelle de la politique. Quoi de mieux en effet pour guérir le plus grave des maux, la perte de confiance dans nos dirigeants et nos meneurs politiques. Mais nous ne sommes pas Italiens. Alors est ce possible chez nous avec des instruments différents d’arriver au même résultat ?

Oui. Oui car la majorité du "peuple de gauche" ne rêve que de ça. Un programme intelligent, équilibré, réaliste mais avec un objectif social et une vision à long terme un brin utopique.

Mais qui va le faire ?

Le PS s’est laissé emporter par les querelles internes et les jeux de chaises musicales par anticipation. Comme si le plus important était les positions individuelles et pas l’objectif commun. Les cheftains et cheftaines, leaders de tel ou tel courant ont beau décrier cette vision, elle n’en reste pas moins celle que nous avons de l’extérieur. Ce n’est pas en niant la réalité qu’on la change. Mais cela ne répond pas à la question : qui va faire cette unité et ce programme ?

Je ne vois qu’un moyen, la réappropriation du PS par le peuple de gauche. Hors pour que cela soit possible, il faut que le PS s’ouvre, se découvre et accepte de jouer le jeu de la démocratie. Je suis personnellement assez pessimiste sur la capacité des dirigeants du PS à ouvrir les portes.

Il y aurait une autre solution. Chaque petit parti de gauche refuse le compromis avec un PS en voie de décomposition, la gauche perd durablement le moyen de gouverner et le PS explose en vol car son existence ne dépend que de son utilité. Puis on reconstruit. L’inconvénient de cette solution est double : cela prend beaucoup de temps et surtout la réussite n’est pas assurée.

Nous nous trouvons donc devant plusieurs paradoxes. Nous avons besoin maintenant d’un grand parti de gauche pour pouvoir reprendre le pouvoir mais celui ci a besoin de temps pour se démocratiser et devenir vraiment une alternative crédible. Et nous avons besoin des dirigeants actuels car ils possèdent le pouvoir de ralentir ou d’accélérer le processus de démocratisation de ce partie mais nous ne voulons pas d’eux (et ils le savent).

Comment résoudre ces paradoxes, je ne sais pas et cela m’inquiète.

Nous pouvons aussi nous demander si la faute n’est pas partagée. En effet, les partis politiques regrettent l’absence de mobilisation, le manque de militants. Mais à qui la faute ? La tentation du repli est normale. Beaucoup se sentent agressés par le monde et voient peu de leviers disponibles pour agir sur celui ci. Nous n’appartenons plus à un grand parti poussé par des idées. Nous nous recroquevillons sur nous mêmes et nous nous rassemblons entre particularismes. Ceci n’est pas bon, c’est la société telle que la voit Sarkozy, une lutte de corporatismes les uns contre les autres, un combat ou les plus faibles, les moins représentés seront toujours les perdants. Moi, ça ne me fera jamais rêver, je ne suis pas un cowboy, j’ai envie de partager, de comprendre, de rendre le monde meilleur. Mais cela passe par une réappropriation du fait politique.

Les moyens existent et le PS a même commencé à les mettre en place avant de faire marche arrière par reflexe conservateur. Donner envie aux citoyens de s’investir, leur donner les moyens de comprendre et de proposer, et surtout redonner aux citoyens de gauche le pouvoir de faire changer les choses à travers le PS.

Sans cela, le PS finira comme la SFIO a fini : mal.