Le Café Politique

Parce que le citoyen doit penser pour être libre !
Accueil du site > Les rencontres des années précédentes > Les rencontres 2017 > Oui, la gauche est hors course, tout comme la droite l'est...
  • Article

  Oui, la gauche est hors course, tout comme la droite l’est...

dimanche 29 janvier 2017, par Didier Kouino

Oui, la gauche est hors course, tout comme la droite l’est... sauf à considérer que l’aventure de Donald Trump puisse avoir un quelconque avenir ! Même s’ils sont devenus nombreux, ces Trumps... ces Poutines... ces Fillons, ces Erdogans, et qu’ils nous effraient... à juste titre, ce ne sont que des dinosaures sans futur. Georges Bush, le conquérant, a perdu sa guerre d’Irak, une première cassure... puis il y a eu la parenthèse Obama, une sorte de passage à vide, sans pensée... puis le retour des faucons... en pire... ils vont remettre le couvert, mais ils perdront encore et disparaîtront définitivement dans les poubelles de l’Histoire. Ils sont les derniers soubresauts d’un monde qui s’effondre. Après l’effondrement du bloc de l’Est, et de son idéologie, c’est au tour de celui de l’Ouest, son symétrique, de s’effondrer sur lui-même et cela sera tout aussi radical. Le temps des empires, des polices politiques et de la guerre est terminé. Le temps des révolutions aussi d’ailleurs, qu’elles soient d’extrême-droite ou bien d’extrême-gauche. Gauche et droite sont enfermées ensemble quelque-part entre le XIXème et le XXème siècle et ne veulent pas savoir que nous sommes au XXIème siècle. Une forme d’autisme collectif. Mais il faudra bien qu’ils entendent. Il n’y a pas de retour en arrière possible.

D’une certaine manière les excès de cette droite sont une chance pour aider la gauche à se remette sérieusement en cause. Les soubresauts en cours ferment au moins un cycle, celui de l’après 68 et de sa pensée magique : les purs/rêveurs (à gauche de la gauche) et les corrompus/réalistes (à droite de la gauche)... débat sans fin. Leur défaite commune (à venir) et le basculement violent que cette défaite va engendrer, va effacer les frontières internes de la gauche. Une bonne nouvelle... en quelque sorte !

Les frontières ? C’est le maître-mot des temps présents ! A l’heure de la globalisation des échanges où une simple crise d’un marché immobilier aux États-Unis est capable de mettre à bas la finance mondiale en à peine quelques semaines (la crise des subprimes en 2009), les frontières cela n’existe plus. Il va falloir s’y faire. Lorsque nous achetons un téléphone Apple 600Euros, 5Euros servent à la fabrication, le 595Euros qui restent, ce sont des matières premières, de l’argent, de la matière grise... qui circulent à l’échelle de la planète entière. Cela dit bien l’évolution des rapports de force, ou plutôt des changements d’échelle entre capital et travail et de la puissance que cette circulation de l’argent crée. Le fait que ces téléphones soient fabriqués en Chine est donc sans importance au regard de la globalité de l’impact économique. Cela ne changerait pas non plus grand chose à la situation globale des travailleurs américains si la production était rapatriée aux États-Unis.

Mais la libéralisation des échanges internationaux au cours des 30 dernières années a permis à l’inverse à des centaines de millions de personnes dans les pays émergents de rentrer dans le cycle de la production et de devenir ainsi très rapidement nos alter ego. Nos alter ego, y compris intellectuellement parlant. Comme nous, ils pensent que l’Amérique de Donald Trump n’éclaire plus le monde, mais qu’elle l’insulte. Comme nous, ils ont fait l’apprentissage de la liberté. Ils n’ont pas l’intention de retourner dans leurs rizières, parce que Donald Trump fait la moue. Nous avons un bulletin de vote pour nous opposer à nos dirigeants, ils ont eux une arme plus puissante qui est celle de l’économie. Ceux qui pendant 30 ans ont œuvré à la libéralisation des échanges internationaux (les États-Unis) voudraient aujourd’hui les interdire. Mais ce faisant ils scient la branche sur laquelle ils sont eux-même assis. Nous vivons dans un monde d’interdépendance et c’est autant vrai pour la puissante Amérique que pour le Zimbabwe. La guerre n’est pas compatible avec une économie mondialisée. Sinon Mr. Trump prend le risque que Apple aille s’installer au Zimbabwe.

Une première conclusion pour la gauche. Les rapports de force, c’est à l’échelle du monde que cela se construit. Si l’on ne sait plus faire vraiment la différence entre un discours de Jean-Luc Mélenchon et un discours de Marine Le Pen (puisqu’ils ont les mêmes solutions), et si le Président de la République, François Hollande et son ancien Premier Ministre, Manuel Valls nous ont fait tellement honte, à propos de la déchéance de nationalité, c’est parce que tous vivent dans un logiciel qui n’a plus le moindre lien avec le réel : le cadre national. Il est temps de jeter les drapeaux à la poubelle et de les abandonner définitivement à l’extrême-droite. Ils étroitisent l’esprit. Il n’est qu’un seul moyen de lutter contre les excès de la finance internationale, c’est de militer ardemment pour l’avènement d’une gouvernance politique mondiale, il n’est qu’une seule manière de répondre à la problématique terroriste en France, c’est de militer ardemment pour une réforme du droit de veto au conseil de sécurité (et donc un abandon de la France de son droit de veto), outil de domination des ex-grandes puissances qui sont les principaux responsables de la situation actuelle du moyen-orient. Une économie mondialisée ne peut exister que si toutes les sociétés qui la composent y sont à égalités. Le XXIème siècle verra l’avènement d’une démocratie planétaire ou ne sera pas. La force du marxisme, c’est d’avoir accompagné les bouleversements de son temps en étant à la fois le porteur d’un combat et un porteur de valeurs universelles. Dans une économie globalisée, les frontières sont un frein à l’égalité entre les hommes.

Une deuxième problématique centrale. C’est celle de la démocratie. La gauche n’est plus porteuse de rien. Une image simple pour l’illustrer, c’est celle de la CGT. Affaiblie politiquement dans l’après 68, elle ne défend plus depuis lors que les intérêts des siens (ses bastions dans la fonction publique) sans le moindre regard sur les immenses basculements qui ont eu lieu pendant ce temps dans le monde du travail et sur les déséquilibres que cela crée. De fait, elle ne défend plus que des privilèges. Elle est à l’image de l’égotisme des sociétés modernes et son message politique n’a plus le moindre sens, au regard de ce qu’était son idéologie d’origine. Si l’on rapporte cela à l’ensemble du champ politique de la plupart des grandes démocraties occidentales, gauches et droites indifférenciées, le repli sur soi qui s’exprime à travers le discours sur la nation protectrice et qui étouffe tout autre forme d’expression politique a lui aussi pour seul objet de défendre des intérêts et des privilèges. La France ne regarde plus que son nombril. Nous sommes devenus des citoyens/clients livrés à des démagogues. A partir de quel moment, durant les années 30 et 40, les Allemands ont ils été les victimes d’une crise dont ils n’étaient pas responsable et à partir de quel moment sont-ils devenus collectivement responsables de la mort de près de 50 millions d’êtres humains. Non le peuple n’a pas raison par nature. La démocratie, cela se mérite.

Enfermées dans un cadre national, nos sociétés politiques tournent à vide et ne fabriquent plus la moindre forme d’intelligence collective. La gauche ne redeviendra audible que si elle si elle contribue à revivifier le débat public. La gauche ne redeviendra audible que si elle réussit à la fois à s’encrer dans le réel (la mondialisation) et à être porteuse de valeurs universelles (démocratie universelle) pour permettre à la France et aux français de sortir de leur égotisme en se projetant dans un monde ouvert.

Si Obama, si Macron... rencontrent un tel écho, c’est parce qu’ils remplissent un vide. Obama a-t-il été une simple parenthèse entre 2 dérives, comme il est dit plus haut, ou a-t-il semé une petite graine ? Qui est Macron ? En s’inscrivant dans une rupture, ils nous disent au moins chose : une page doit être tournée. Mais il manque encore la construction d’un discours assumé. « On » (la droite et ses relais dans les médias) a essayé de nous faire croire que le temps des idéologies était terminé. C’était bien évidemment une arnaque. Nous avons besoin d’idéologie, de clarté, d’affirmation positive, d’espérance. Face à la complexité du monde, c’est le seul moyen de nous construire un avenir commun. Les 15 dernières années ont été dominées par le repli sur soi. Il faut exprimer une idéologie alternative et lui donner un contenue concret. Celui d’une démocratie ouverte seul outil pour construire l’égalité entre les hommes.