Le Café Politique

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  Compromis ou compromission

jeudi 29 novembre 2012, par Stuart Walker

Les avocats d’une alternative aux méthodes industrielles de production alimentaire aujourd’hui constituent un contre-lobby loin d’être inaudible. Des films comme "We Feed the World" de Wagenhofer, ou "Solutions locales …" de Coline Serreau, un livre comme celui de Marie-Monique Robin sur Montsano, ou encore les publications des associations telles que Attac ou Kokopelli, ont une influence certaine sur l’opinion publique. S’ils n’ont gagné que des batailles, ce n’est plus un combat de David contre Goliath. Quelle grande surface ne dispose pas d’un rayon bio ou des produits du commerce éthique ?

Ils ont raison de se dresser contre des monopoles, comme l’a fait de son temps Roosevelt. Ce n’est évidemment pas sain que le contenu de nos assiettes soit déterminé par un poignée de multinationales qui financent des laboratoires, censés être indépendants, pour publier un verdict favorable sur l’innocuité de leur production. Et pour qui l’appropriation des terres des petits producteurs n’est qu’un chiffre à rentrer dans leur calcul de rentabilité.

Il faudrait néanmoins raison garder

Un des griefs de ce mouvement est l’obligation pour le paysan de racheter chaque année des graines, plutôt que de réensemencer avec une partie de sa récolte. Il peut pourtant être considéré comme légitime qu’une société qui consacre de gros investissements à la recherche puisse en tirer un bénéfice. Si tel n’était pas le cas on n’aurait aujourd’hui ni ordinateur ni téléphone portable.

Les politiques de tous bords réclament plus de recherche et d’innovation pour améliorer notre compétitivité et atténuer le chômage. Pourquoi est ce que cela s’appliquerait à tous les domaines sauf l’agriculture ?

On peut répondre que la santé du consommateur est en jeu. Mais est ce qu’il n’existe pas un lien entre l’utilisation excessive de la communication en ligne, ou les jeux vidéo et des troubles psychiques ou du comportement ?

Comme pour les banques, il ne s’agit pas de mettre en question l’existence de ces établissements, mais de mettre en place une réglementation qui les incite à agir davantage dans l’intérêt public. En tenant compte cependant que des procédures trop complexes et contraignantes favorisent paradoxalement les grands groupes qui sont les seuls à pouvoir y faire face.

En ligne de mire se trouve également les restaurants Macdonald. Plutôt que de les démonter, ne serait- il pas possible de créer une chaine française de restauration rapide proposant des menus en conformité avec une alimentation saine, la principale réponse aujourd’hui étant une copie conforme de l’original. Les sandwicheries nous donnent un peu d’espoir, mais sont loin d’arriver à la hauteur des self bio Exkis en Belgique ; un comble pour le plus grand pays agricole en Europe, fier de sa tradition culinaire et son inventivité. Les Macdonald ont, quand même, démocratisé mondialement l’accès à des repas relativement équilibrés. Celui qui a subi des ennuis intestinaux en voyageant en Inde saura à quel point il est rassurant de trouver un Macdo, servant des plats, certes standardisés, mais exempts des aléas d’exotisme, ou de manque d’hygiène, qui sont souvent le cas ailleurs dans ce pays.

Il est d’ailleurs possible de manger une salade chez Macdonald à midi, de le manger lentement, et de se promener pendant une demi-heure avant de reprendre le travail.

Les OGM sont ils un mal absolu ? Les populations pour qui le riz est la base de leur alimentation ne seraient pas de cet avis, puisque une version transgénique de ce produit le permettrait de conserver du béta carotène et ainsi réduire leurs carences en vitamine A. Certains Ougandais non plus, qui survivent grâce à une variété locale de banane, menacée par des maladies, auxquelles elle pourrait résister avec l’aide d’une mutation génétique. Depuis qu’il s’est sédentarisé l’homme n’a cesse d’améliorer le rendement en quantité et qualité de ses récoltes. La révolution verte en Inde est un exemple spectaculaire La modification génétique semble être une évolution plus efficace des techniques de croisement, en court circuitant la contrainte d’expérimenter sur des dizaines de milliers de combinaisons.

La démographie mondiale se stabilisera, nous dit on, vers 2050. On ajoute que, théoriquement, les ressources potentielles de la terre permettraient à sa population de 9mds de se nourrir (même si tous ne pourront manger de la viande) Cette hypothèse, déjà fragile de par des raisons politiques, ne serait-elle pas confortée par une utilisation raisonnable des techniques de modification génétique ? D’autant plus que, aujourd’hui même, les conclusions du Dr Séralini ont été rejetées par l’Europe.

Le principe de précaution a ses limites. Poussée trop loin elle devient paralysante. Toutes les grandes innovations (dont les machines agricoles et l’automobile) ont été contestées à leurs débuts. C’est aux hardis que la fortune sourit.

L’homme nait en criant. Il ne retrouvera jamais le sentiment de sécurité totale qu’il éprouvait enveloppé dans le sein de sa mère.