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  Faut-il mépriser la comptabilité ?

samedi 1er mai 2010, par Stuart Walker

Le sujet peut être tout autant digne d’un débat national et d’un traitement comptable. D’où vient ce mépris de la comptabilité qu’on retrouve si souvent dans les milieux progressistes ? Est-ce une façon de dire que l’argent ne fait pas le bonheur ? Dans quel cas, comme disait Edmond Rostand, il faudrait le rendre. Ce que, malheureusement nous sommes incapables de faire, notre dette avoisinant 2,000 mds d’Euros, soit 20,000 par habitant. Les engagements pris par rapport aux retraits en font partie. Ce sont des engagements de ce type qui ont coulé les deux principaux constructeurs d’automobiles américaines.

Si on ne calcule pas le débit d’eau qui coule par le robinet, il ne faudrait pas s’étonner si un jour elle arrête de couler.

La déconfiture actuelle de la Grèce doit son origine, en grande partie, aux libertés qu’elle a prises avec sa comptabilité nationale. Il y a quelques temps un commentateur faisait remarquer que c’était quand la marée descend qu’on voit ceux qui se sont baignés sans maillot. Aujourd’hui leur embarras est si grand qu’on s’interroge sur un éventuel délitement de la zone Euro.

C’était les Rois de France qui dépensaient démesurément ce qu’ils n’avaient pas, provoquant ainsi la Révolution. Les Templiers étaient parmi ceux qui ont montré ce qu’il était possible de faire en respectant quelques règles comptables de base. Longtemps après, Pierre Mendès-France était le premier à vouloir faire une véritable comptabilité de l’État. Il avait tellement raison qu’on a écourté son mandat après une quinzaine de mois.

Ce n’est pas céder à l’endoctrinement des média de rappeler que le dernier budget équilibré en France remonte à Raymond Barre, et que deux pays, le Canada et la Suède ont, plus récemment, et après maintes difficultés, réussi à ré-équilibrer le leur.

Les pensions complémentaires seront donc le privilège de ceux qui ont la chance de pouvoir économiser. Que dire alors des milliers de femmes africaines ou indiennes qui, avec un revenu de moins de $2 par, arrivent, elles, à économiser ? Ou des Chinois qui, lorsqu’ils gagnent $1, en dépensent 40 centimes. (Le rapport étant plutôt de 1 à 1.20 chez nous.) La propension à économiser dépend autant de la volonté que de la chance.

Quant à la consultation, le débat dure depuis plus d’une décennie déjà. Luc ferry a, en son temps, lancé un débat national d’un an sur l’éducation, au bout duquel le principal syndicat enseignant s’est plaint de ne pas avoir été consulté. Il arrive un moment ou les paroles doivent céder la place à l’action.

Je suis tenté de dire que les plus aveugles sont eux qui refusent de voir. Il n’est pas déraisonnable de demander à ceux qui vivront 20 ans de plus, avec un niveau de santé manifestement améliorée grâce aux progrès scientifiques et une nouvelle hygiène de vie, de travailler quelques années de plus. Puisque un travail régulier devient un privilège rare, il faudrait aussi qu’il soit mis à contribution, à même titre bien entendu que les dividendes.

Les contrevérités d’Attac ne sont pas toutes totalement indiscutables. Les compensations dues aux femmes qui élèvent leurs enfants peuvent se justifier. Mais est ce que le particulier ne peut pas se responsabiliser par rapport aux autres trous. Il existe d’autres formes d’épargne moins risquées que les fonds de pension. Est-ce que le bon réflexe est de se dire "Je n’ai pas à m’occuper de ma retraite puisque l’Etat le fera pour moi"

Il ne s’agit pas de mettre en question le choix de société qui consiste à assurer des minima décents. Mais qui gagne quand, par exemple, on peut refuser indéfiniment des offres d’emploi sous prétexte qu’elles ne conviennent pas ? Est-ce que cela ne revient pas à encourager les effets pervers de l’État Providence ? Ou est la solidarité avec ceux qui triment pendant 40 ans, souvent sous des pressions qui ont déjà été évoquées au Café Politique ? Même en démocratie ça ne peut être que le payeur qui décide.

La réforme rompra la solidarité intergénérationnelle ? C’est oublier qu’elle a déjà été rompue par les seniors qui, pendant les trente glorieuses, se sont octroyé un niveau de protection sociale intenable dans la durée, puisqu’il était basé sur une hypothèse de croissance permanente. Pour le dire brutalement, ils ont vole leurs enfants. L’effet de cliquet n’est plus automatique. Pour concurrencer les pays émergents, pour donner sa chance au tiers monde, des ajustements s’imposeront, qu’on le veuille ou non . C’est évidemment trop simple de dire qu’il suffit de niveler par le haut. Darwin nous appris que l’avenir appartenait à ceux qui savent s’adapter.

Une répartition plus juste de la richesse est fondamentale. Surtout si 10% en a été transféré des salaires aux dividendes. Le bouclier fiscal est sans doute à détricoter. Mais jusqu’à maintenant on n’a pas trouvé la parade à la fuite des capitaux et des cerveaux, facteur plutôt d’appauvrissement. Le scénario du COR d’une augmentation de 6% d’ici 2050, des cotisations patronales ,sans impact sur la compétitivité ,semble effectivement hasardeux, et en tout cas difficile à avaler par le petit patronat ; tout comme , à mon avis celui de la richesse constante .