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  L’Europe trop lente à se construire

vendredi 6 mars 2009, par Christian Bressan

L’Europe vie comme le reste du monde une grave crise économique. La croissance dégringole partout, dans tous les pays de l’Union comme sur tous les continents. Partout le chômage s’envole. Partout les banques sont en difficultés. Partout les branches industrielles sont menacées d’effondrement.

Un Conseil européen qui réunit les 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne s’est tenue à Bruxelles le 1er mars dernier. Selon les observateurs spécialistes les Européens n’ont pas affiché leurs désaccords, mais par contre en panne d’imagination ou par volonté ils n’ont rien décidé comme l’exigerait l’ampleur de la crise.

Pourtant unanimement ces spécialistes, comme tous les démocrates européens, sont convaincus qu’aucun des Etats membres ne s’en sortira seul, que la faiblesse des uns les affaiblit tous. Qu’il faudrait oublier les déficits, les contraintes de traités inadaptés à la situation actuelle, ne plus chercher à coordonner, a posteriori de surcroît, des plans de relance nationaux davantage bâtis pour servir les égoïsmes des Etats membres, mais définir une politique économique commune.

Il convient ici de rappeler plus que jamais les bienfaits de l’Europe quand elle joue collectivement. Sans la monnaie unique, les monnaies nationales s’affronteraient, aujourd’hui, à coup de dévaluations compétitives. Nous avons connu cela dans le passé. Sans les fonds structurels européens et la solidarité européenne, l’Espagne, le Portugal, la Grèce, l’Irlande et bien d’autres régions n’auraient pu rattraper aussi vite leur retard et contribuer à la prospérité de tous.

La construction européenne se fait trop lentement. Il s’écoule trop de temps entre les décisions successives de modification des traités, qui permettent à l’Union européenne de mieux fonctionner accueillir de nouveaux membres définir des politiques communes, et leur ratification par les Etats. Le traité de Lisbonne arrêté en 2007 pour surmonter la crise consécutive à la non-ratification du traité constitutionnel de 2004 n’est toujours pas ratifié par certains Etats. L’Irlande notamment qui pourtant est un des Etats qui a le plus bénéficié de l’Union européenne. Si bien que le traité d’Athènes en 2003 n’ayant servi qu’à consacré le cinquième élargissement de l’Union européenne, c’est le traité de Nice arrêté en 2001 qui régit aujourd’hui encore son fonctionnement ! Il aura fallu probablement au final plus de 10 ans pour changer significativement les règles de l’UE et s’adapter à l’évolution de notre monde plein d’incertitudes et de bouleversements.

Les réformes technocratiques et institutionnelles sont nécessaire mais non suffisantes pour ne pas dire insuffisantes. Il faut agir collectivement et coopérer dans tous les domaines susceptibles de fédérer les Européens. Comme ont su le faire efficacement les industriels européen de l’aéronautique avec le soutien et la contribution de leur pays pour le programme Airbus. Ainsi ils sont parvenus à damer le pion aux américains maîtres mondiaux des avions gros porteurs jusque là. Ce que tous les spécialistes qualifient d’exploit.

Il faut créer une structure d’investissements communs pour lancer des grands travaux européens d’infrastructure, routier et ferroviaire etc. Il faut rationnaliser les industries du transport ferroviaire, automobile, etc. L’industrie d’armement doit être européenne et non rester une prérogative de chaque Etat. Il coûte très cher et ne sert à rien de fabriquer plusieurs avions de combat ou porte avions en Europe, que nous ne parvenons même pas à vendre de surcroît. Pourquoi autant d’armements nationaux, pour combattre qui individuellement ? De surcroît sans industries d’armement nationales, mais européennes, nous ferons des économies importantes et les états membres de l’UE plus dépendants de celle-ci seront davantage solidaires entre eux pour progresser en commun. De multiples autres exemples peuvent être cités qui contribuent à rendre efficace l’Union européenne et à la placer sur la voie de l’Europe politique et des citoyens qui alors s’imposera.

L’Europe aujourd’hui se construit trop lentement pour pouvoir répondre aux enjeux actuels. Elle parviendra à se construire mieux et plus vite grâce au développement d’initiatives communes économiques, industrielles, entrepreneuriales plutôt que par la seule voie des technocrates et politiques, qui trop souvent s’en servent de surcroît pour défendre d’autres causes et la ralentissent.