Le Café Politique

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  Quand la France est menée par des bâtons.

vendredi 31 mars 2006, par Alcaly DANSOKHO

Depuis l’avènement de Chirac pour un deuxième mandat, grâce à un sursaut populaire qui voulait éviter le basculement dans l’extrême droite qui nous aurait menés tout droit vers une situation bien pire que celle qui est traversée par l’Italie, les dirigeants politiques font preuve d’une bêtise volontaire, aveugle et dangereuse pour conserver le pouvoir ou pour se préparer à y revenir. La droite qui est au pouvoir est prête à tous les recours à la force pour faire passer ses projets les plus insolites qui soient mais qui ont pour point commun de détruire ce que des dizaines de générations ont eu à construire aux prix de sacrifices et même de vies. Quant à la gauche, comme à l’accoutumée, toujours prompte à critiquer les tenants du pouvoir elle nous a habitué à ne jamais revenir sur ce que la droite à détruit. Ce que nous vivons est une véritable faillite de la démocratie et des aspirations populaires de la France, qui n’est fondamentalement pas contre les réformes. Que l’on soit ouvrier du Nord, pêcheur marseillais, étudiant, chercheur ou cadre, on voit bien que l’on va vers un mur qui ne se brisera pas quand il y aura un choc et il faudra beaucoup de temps pour en compter les dégâts. Ce que les français ne peuvent accepter, c’est toujours cette arrogance du monde politique, technocratique et syndical qui se lève le matin avec une batterie de réformettes sorties de nulle part si ce n’est de la tête d’individus complètement coupés de la réalité depuis parfois plus de 20 ans après être sortis de grandes écoles visant à reproduire une bourgeoisie dirigeante qui tient toujours à ses intérêts. Dominique de Villepin voudrait inviter des groupes pour discuter du CPE, mais franchement qui y sera ? Ces syndicats qui deviennent presque ridicules depuis qu’on leur a fait passer la pilule du CNE et bien pire encore, celles des retraites ou ces jeunes étudiants et lycéens qui ont une volonté farouche de rupture comme ceux en pleine crise d’adolescence. En effet ces derniers, après avoir montré une témérité que leurs parents syndicalistes semblaient avoir oublié, commencent à se faire damer le pion quand tous les syndicats se mettent à rajouter des mots d’ordre n’ayant rien à voir avec le CPE pour les jeunes dans le but de motiver des travailleurs plus que jamais laminés par des luttes passées tout à fait inefficaces et contre-productives à l’égard du pouvoir en place. Et voilà, ces grands syndicats vieillissants qui se sentent revivre à l’aube de la grande bagarre. Ce genre de comportements vise uniquement à retrouver un honneur et un pouvoir perdu il y a bien longtemps sans vraiment prendre en compte l’intérêt des travailleurs. Et pourtant ce CPE reste abject pour les jeunes, les réformes de la retraite obtenues sans consensus national grâce aux divisions syndicales seront une catastrophe d’ici quelques années, ainsi que tout le reste qui est passé en force à l’assemblée entre 1h et 2h du matin avec 20 députés présents. Cette droite de plus en plus violente socialement s’en sort toujours bien, de toutes façons, certains ont le courage de dire qu’ils veulent : les voix du FN. Ils accablent ces jeunes en les montrant comme des violents qu’il faut retrancher dans les quartiers à coups de matraques, les jeunes de banlieues sont des racailles, les immigrés sans diplôme dehors par contre les doctorants, soyez les bienvenus, la France vous aime, et les prostituées, cachez-vous, vous n’êtes pas belles à voir voyons ! Les fonctionnaires sont paraît-il des gens qui ne travaillent pas et qui ne font que défendre leurs privilèges, mais bon..... ils ne se rendent pas compte ces technocrates que depuis la sortie de l’ENA ou de polytechnique eux aussi ils sont fonctionnaires ; Mais eux ce n’est pas pareil, ils ont le soucis de la chose publique, n’est-ce pas ? Et ils n’oublieront pas de dire que ces syndicats ne représentent qu’une minorité de travailleurs et que l’on en trouve uniquement dans les grandes sociétés (qui ont été privatisée) et dans la fonction publique. D’ailleurs, le pire c’est que c’est vrai, en Suède, exemple qu’on nous rabâche sans arrêt, il y a 90% de syndiqués, donc les réformes doivent être plus aisées à faire passer légitimement. En France, il y a 10% à peine de syndiqués et ça baisse. En Espagne, le nombre de syndiqués a plus que doublé en 7 années d’après les chiffres du BIT qui affirme que ces augmentations ou ces forts de taux de syndiqués ne vont pas à l’encontre de la mondialisation mais arrangent les façons de l’aborder dans une plus grande stabilité et consensus. Mais en France, on n’en veut pas ou du moins, les syndicats n’en veulent pas ; ce serait dangereux pour certains corporatistes que tous ces travailleurs de PME, libéraux, cadres, employés de Mac Do, techniciens de surface, bouquinistes, étudiants ou artistes soient syndiqués. L’équilibre des pouvoirs sera inévitablement changé à la manière qu’implique l’entrée des pays de l’Est dans l’Europe (où la vieille garde a du mal maintenant) ou pire celle que provoquerait celle de la Turquie avec sa centaine de nouveaux députés qu’elle pourrait avoir. De plus, la faiblesse des syndicats arrange les gouvernements de gauche ou de droite pour passer leurs lois visant à avoir plus de flexibilité, d’ouverture ou d’échanges, disent-ils ! Voilà comment en France, 217 ans après la Révolution, une bande d’égoïstes bornés s’accaparent le pouvoir. Ils invoquent la République prétendant être les garants d’un modèle de société qui est tout le contraire de ce qu’ils font. Ils sont comme les consuls de la Grèce Antique qui pensaient incarner une vérité immuable et qui empêchaient les femmes, les esclaves et les barbares de participer aux débats publics car ils les considéraient comme des incapables. Chaque soir dans les débats télévisés, à la radio et même dans les journaux, les jeunes ne comprennent rien, heureusement on pense pour eux, ils ne sont pas assez grands pour comprendre, ils n’ont qu’à voir 6 mois de CPE et ils se rendront compte que nous sommes des génies. Les autres français aussi ne comprennent pas, nous, nous savons ce qu’ils veulent ; moins de retraite, plus de temps de travail, moins de santé, d’éducation, plus de flexibilité et de concurrence, c’est la recette de la richesse et de la croissance à durée indéterminée. En 20 années, la classe moyenne n’existe plus, Raffarin avait raison, il y a bien la France du bas celle qui souffre, qui n’a droit à aucune largesse, qui maîtrise mal les connaissances du droit, de l’administration et des enjeux politiques ; et celle d’en haut qui maîtrise bien toutes les ficelles influentes de cette société de plus en plus cannibale. Alors au lieu d’attendre la prochaine vague de croissance pour que le chômage baisse, que les taux du CAC 40 augmentent, que le prix du baril baisse, que les Israéliens et Palestiniens s’embrassent pendant qu’on irait se faire bronzer sur les plages (nourri évidemment par les Chinois qui eux travailleraient), on ferait mieux de changer de modèle démocratique. Les avantages sociaux par rapport au travail, à la santé et à l’éducation que nous perdons chaque minute sont la conséquence du déficit de citoyenneté. On vote pour sauver la démocratie en 2002, on montre notre désaccord pour une constitution européenne par référendum et on a discrédité le pouvoir en place aux régionales mais les méthodes et les issues proposées ne changent pas, et mieux elles s’empirent. En Suisse ou dans les pays du Nord de l’Europe et même au Canada, on peut voir ce qu’un ministre, un maire ou un député dépense à midi aux frais du contribuable. Les suisses votent leurs impôts et budgets chaque année comme ils voteraient le passage d’un train dans leur village ou leur entrée dans l’espace Schengen, ils se lèvent maintes fois dans l’année pour donner leur avis. Et preuve qu’ils ne sont pas idiots, il leur est souvent arrivé de voter des augmentations d’impôts car des rapports précis leur expliquent quels sont les risques de baisse d’impôts. Dans tous nos pays voisins, les dirigeants ont des comptes à rendre, que ce soit Aznar devant les commissions d’enquête sur les attentats de Madrid, Helmut Kohl ou Schroder dans des scandales politico financiers, Berlusconi en aura certainement même avec tous les efforts qu’il a mis à détruire le système juridique ou Tony Blair qui n’est pas très fier devant la Chambre des Communes ces derniers temps. En France, les présidents sont des rois ad vitam æternam, qui écoutent nos communications téléphoniques à souhait ou demeurent au pouvoir pour échapper à la justice. Notre constitution devant être la même pour tous. Quant aux femmes représentant les français dans les institutions de l’État, un enfant de 10 ans pourrait les compter et on voit des grands partis de gauche ou de droite s’empoisonner la vie pour savoir quelle sympathiques dames auraient le droit de prendre la place d’un homme dans les futures élections. De même, il n’est pas un jour où la Cour des Comptes n’épinglent pas violemment certains comportements et gâchis de la l’État, tant pissi elle a juste un droit de regard qui lui permet d’observer ces incohérences avec les pieds et les mains liés. Ainsi tant que ces institutions démocratiques ne seront pas changées en profondeur, rien ne se passera dans ce pays, on a un système qui a permis de se passer de l’avis de citoyens dans des décisions cruciales pour leur quotidien. La République Française est devenue un vrai royaume à la solde d’intérêts personnels et égoïstes qui n’ont rien à voir avec le quotidien des gens qui ne vont même plus voter car cela sert de moins en moins, on en a la preuve ! Et ces personnes, de plus en plus au-dessus des citoyens, se donnent le droit d’imposer non pas des réformes mais des diktats, car la force est de leur côté, ainsi que l’arrogance et le manque de respect. Le plus malheureux, c’est que dans toute cette dérive, de part et d’autre, ils nous forceront à voter pour eux au nom de "sinon ce sera Le Pen (père ou fille) ou Laguiller". Eh ben, messieurs, dames quand on est forcé de voter, c’est de la dictature purement et simplement. On est en plein chantage "républicain". Et l’idée que les français refassent une fois le même exercice de style qu’en 2002 me laisse perplexe. Parler de réforme telle qu’on la prononce aujourd’hui n’a pas de sens à mon avis, on pourra me proposer tous les CPE, CNE, 35 heures, PACS et autres que je ne serai pas content car toutes ces réformes étaient acquises d’avance à un instant donné sans le moindre débat et implication des citoyens, et cela quelque soit la nullité ou l’intelligence des réformes, notions très subjectives mais de droit. Certains diront que la France aime la crise mais c’est faux, on impose la crise aux français tels des parents qui s’entêtent à faire de leur enfant un avocat ou médecin alors que ce dernier voudrait écrire des livres, être travailleur social ou réfléchir à ce dont il a envie, tout simplement. Alors à quand la France où certains diront que les français sont masochistes et qu’on pourra les faire souffrir ? En attendant, contentons-nous des bâtons !