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  Espoirs et réalités

dimanche 28 mars 2021, par Stuart Walker

Il semble peu probable que la lente disparition de la dichotomie politique établie en 1789 s’arrêtera en 2022. Les deux orientations principales s’étant tour à tour discréditées, elles ont cédé la place à un maître de ce que Clinton appelait la triangulation. Il est possible que l’ampleur des défis actuels soit de nature à imposer une forme ou une autre de gouvernement d’unité nationale, et que le mieux qu’on puisse espérer est que ses inspirations soient éclairées et ses pouvoirs circonscrits.

L’expérience des trois dernières années en France démontrent que ce ne serait pas une catastrophe. On ne peut pas taxer d’autoritarisme excessif une administration qui a :

  Respecté les engagements de son prédécesseur en ce qui concerne le mariage pour tous, ou les aides fiscales aux entreprises.

  Introduit la parité dans le milieu politique.

  Défendu le droit au blasphème.

  Fait voter des lois contre les conflits de pouvoirs des parlementaires, les abus sexuels contre des mineurs, ou les instances séparatistes qui menaçaient les fondements de la liberté d’expression

  Injecté, d’un commun accord avec les corps intermédiaires, plusieurs milliards dans l’économie pour atténuer les effets de la crise sanitaire.

  Fait preuve de solidarité européenne en ne faisant pas cavalier seul à l’anglaise dans sa politique vaccinale.

  Cherché, en écoutant toutes les parties concernées, un compromis acceptable entre les impératifs sanitaires et économiques, notamment en étant un des rares pays à tenter de garder les écoles ouvertes

Macron n’a certes pas réalisé le contenu de son catalogue d’A à Z. Mais sa présence à la barre a permis le minimum de stabilité nécessaire au fonctionnement de la démocratie, sans pour autant museler l’expression de positions divergentes. Il ne faut pas confondre objectifs et promesses, celles-ci n’engageant, dit-on, que ceux qui les écoutent. Il n’est pas rare qu’un président, par pragmatisme, soit contraint, dans des circonstances imprévues, de faire le contraire de ce qu’il a dit. On peut imaginer que l’occupant actuel de l’Elysée soit réélu sur un programme libéral, mais soit obligé par la pression publique de faire un nouveau revirement, cette-fois à gauche.

Il faut reconnaître que, autant les valeurs progressistes reviennent au premier plan, autant ceux qui devraient les porter restent incapables de s’unir. Une alliance naturelle gauche/ écologiste semble s’éloigner de jour en jour. Le début d’un tel front commun s’était manifesté à Paris. Pour voir la Maire, préconisée comme candidate présidentielle, s’écharper avec ses partenaires verts sur une question du choix d’un nom de rue. La crise sanitaire actuelle n’est qu’un galop d’essai par rapport à ce qu’une future crise écologique nous réserve. Si le choix doit se faire entre une tendance libéral/pragmatique et une tendance étatique/ xénophobe, ce n’est pas cette dernière qui sera à la hauteur de l’enjeu. Le programme de Marine Le Pen n’a pas plus de visibilité que ses présences dans l’hémicycle. Dans la mesure où on peut le cerner, il revient à « la prison de 7 à 77 ans » selon les dires du Garde des Sceaux.

On peut prévoir que le plus grand parti sera de nouveau celui de l’abstention. Alimenté, dans une grande mesure, par des Social-Démocrates déçus du macronisme , et les tireurs au flanc de LFI , qui se réjouiront ensuite de ressortir le refrain « élu par défaut ». Par défaut d’un meilleur programme porté par un meilleur chef de fil.