Le Café Politique

Parce que le citoyen doit penser pour être libre !
  • Article

  Quelques remarques sur le texte introductif

vendredi 22 septembre 2006, par Joseph Saint Pierre

>La question de l’immigration n’est pas, d’après les sondages, la >préoccupation majeure des Français, pourtant elle sera certainement au >cœur de la prochaine campagne électorale, soit directement, soit à >partir de questions voisines comme la sécurité, les banlieues, ou >l’école.

Je pense que la présentation des questions que l’on classe dans le sujet "immigration" est souvent beaucoup trop simplifiée. Je pense que le simple fait de citer "l’immigration" comme un sujet "unique" comporte des caractéristiques implicites du phénomène. Le sujet est souvent présenté comme un "national", à mon avis il est urgent de l’aborder sur un plan continental et mondial. Une partie de l’immigration sur le territoire national français peut être vue comme faisant partie d’un mouvement plus vaste entre l’Afrique et l’Europe. L’expression "la prochaine campagne électorale" fait penser aux élections nationales françaises (législatives et présidentielles) et tend à donner une dimension nationale aux phénomènes migratoires.

La dimension nationale française des phénomènes migratoires est, à mon avis, un symptôme très fort d’un problème très fort de la société française par rapport à l’Europe. La situation dans le détroit de Gibraltar, dans les îles Canaries, ou les îles du sud de l’Italie est européenne/africaine et pas seulement italienne ou espagnole. Même si cela est sans doute imparfait il me semble important d’évoquer les enjeux migratoires dans le cadre de ce que l’on nomme l’espace Schengen.

Par ailleurs j’ai souvent noté que le sujet de l’immigration en France était, dans les media réduit à la situation de la "banlieue" parisienne. La terminologie banlieue, s’est généralisée pour désigner des situations assez différentes suivant les endroits, de nombreux débats sur les média nationaux (radio, télévision) n’abordent le sujet de l’immigration en France que sous l’angle des situations dans la banlieue parisienne et plus particulièrement du département de la Seine-Saint-Denis, les situations sont différentes à Marseille, à Toulouse, dans le Pas-de-Calais, à la Réunion ou en Guyane.

Le problème qu’a la France en tant qu’état/nation avec l’immigration me semble lié au passé colonial du pays, de nombreux immigrants en France venant des anciennes colonies du pays. le sujet des anciennes colonies intervient aussi dans les relations qui existent entre la France métropolitaine et les départements et territoires d’outremer (DOM/TOM). Si il y a intégration des états européens dans une union comment vont évoluer les relations entre les anciennes colonies des divers états composant l’union et leurs anciens colonisateurs si ceux ci se fondent dans un vaste ensemble dont la plus grande partie n’a pas été concerné. On ne peut pas demander à l’ensemble des européens d’assumer complètement le passé colonial des pays qui composent l’union.

Je voudrais aussi relier le problème national français concernant l’immigration avec la position de la France par rapport à la Charte Européenne des langues régionales ou minoritaires. La France refuse de ratifier cette charte car elle est jugée incompatible avec la constitution. Il me semble qu’il y des liens entre la façon dont l’état français a combattu les langues autres que le français sur son territoire, la façon dont s’est passé la colonisation française sur le plan de la langue et l’exigence dans ce domaine pour les candidats à l’immigration en France. Il me semble que la France construit plus que les autres pays européens son identité dans une langue et que cela a un rapport avec le sujet de l’immigration et les particularités de la France sur ce sujet, un pays comme la Belgique ne peut certainement pas avoir une position similaire à celle de la France sur le sujet de la langue.

L’immigration est parfois associée à ce que l’on nomme le choc des civilisations ainsi qu’aux conflits entre « religions », je mets religions entre guillemets puique je veux inclure de manière audacieuse l’athéisme et l’agnosticisme (dans lequel je me classe) comme des catégories de même niveau que les religions. La place des religions dans la politique pourrait faire un débat pour le café politique, mais parmi les hommes politiques qui utilisent l’immigration comme épouvantail il y a souvent des critiques, même pas voilées :-), contre l’Islam, Philippe de Villiers me semble symbolique de cette attitude. Je pense que la confrontation religieuse n’est pas spécifiquement française et je suis convaincu que cette confrontation a des liens forts avec les questions soulevées par les migrations.

Peut être que les mouvements migratoires actuels sont très faibles comparés à ceux que pourraient provoquer certaines évolutions climatiques apparemment éloignées si elles s’amplifiaient. D’après la plupart des spécialistes du climat, la température de la planète devrait augmenter et cela risque fort de rendre certaines régions du monde inhabitables et d’entraîner des migrations très importantes, il s’agit d’un trop vaste sujet.