Le Café Politique

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  •   H 59 Face à la crise : le risque de la xénophobie

    Lundi 25 janvier 2010

    20h45 Salle de réception du stade de Balma

    La crise, malgré le récent rebond boursier et le retour aux super profits pour les banques, est toujours présente. Crise économique profonde avec des perspectives difficiles sur le climat et l’énergie. L’échec de Copenhague signe la fin de l’illusion de la "mondialisation heureuse" vendue sans vergogne par le néo-libéralisme des années 80. Dans le monde occidental les classes moyennes sont en difficulté, dans les pays les moins avancés la faim et la misère ont progressé, seuls quelques pays émergents semblent tirer leur épingle du jeu, parfois au prix d’une politique intérieure très contestable. Les beaux discours de l’ONU sur le développement durable n’ont pas réussi à maitriser les effets négatifs du productivisme, ni à rendre la répartition des richesses produites plus équitable.

    La Chine à l’avant-garde de cette production industrielle nous permet de consommer bon marché... mais la critique légitime du gouvernement chinois évolue trop souvent vers une critique acerbe des chinois. Les peuples qui se réclament de l’Islam sont très critiques avec l’évolution de nos sociétés et, s’ils ne sont pas en majorité sur une position conflictuelle, une minorité non négligeable est déjà dans le rejet de nombreuses valeurs qui nous semblent fondamentales. Les attentats terroristes sont exceptionnels, mais suffisent pour transformer aux yeux des services de sécurité le moindre musulman en suspect potentiel. L’attentat raté du vol 253 de la Delta Airline ou la récente tentative d’assassinat du caricaturiste danois en sont des exemples flagrants. En période difficile les sociétés aiment bien trouver des boucs émissaires. La responsabilité de la grande crise de 1929 a été attribuée aux banquiers et cela a fini par recouper le vieux fond d’antisémitisme européen.

    La démocratie ou la république présuppose un peuple qui a un lien historique avec un territoire et qui manifeste sa volonté de construire un espace de solidarité. La politique c’est "le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple" (article 2 de la constitution de 1958). Il est donc normal de débattre sur les valeurs et les objectifs de la communauté de destin que représente la nation. Par contre la question de l’identité n’est pas une question dont on a à débattre. Le peuple est ce qu’il est. Nous n’avons pas comme l’a proposé ironiquement Berthold Brecht à élire un autre peuple. Le gouvernement français en ouvrant la boîte de pandore de l’identité nationale a fait tomber la barrière du politiquement correct, qui jusqu’à présent imposait une certaine retenue dans l’expression de l’islamophobie.

    Mais ce serait une erreur de croire que les maladresses stratégiques du gouvernement sont seules en cause. L’élection surprise de Barak Obama, accompagnée par des discours d’ouvertures et des mains tendues aux anciens adversaires, masquent la tendance de fond. Les "unes" xénophobes du Daily Mail en Angleterre (2 300 000 exemplaires par jour) le disputent en bêtise au vote des suisses pour interdire les minarets ou aux diatribes de la ligue lombarde en Italie. Aux États-Unis en raison de la montée du chômage, le discours anti-immigrés commence à prendre de l’ampleur. La xénophobie est la plus grave maladie qui guette un "occident" vieillissant, incapable de se débarrasser de ses monceaux de dettes et de s’orienter vers un développement durable et qui semble bien décidé à conserver le plus longtemps possible les avantages acquis depuis le début de l’ère industrielle.

    Même les pays les plus démocratiques réagissent aux difficultés du moment en pointant les méchants coupables (immigrés, terroristes, talibans, iraniens, coréens du nord, chinois, et récemment yéménites....). Comment faire vivre ensemble, sur la même planète et parfois sur le même territoire, des peuples aux histoires si différentes, sans tomber dans la paranoïa ? Comment éviter la synergie entre les inquiets et les manipulateurs ? Que devons nous faire spécifiquement en France pour stopper cette spirale infernale de la peur de l’autre ? Nous vous invitons ce lundi 25 janvier à venir en débattre.

    François Saint Pierre