Le Café Politique

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  • Rubrique
  •   K83 Cultures, territoires et politique

    Lundi 25 novembre 20h45

    Salle de réception du stade de Balma

    Invité : Samuel Balti

    Chercheur au LISTT

    Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires

    Entrée libre

    « La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. » UNESCO Mexico City, 6 août 1982.

    Chacun incarne une partie des cultures qui lui ont permis de se construire à travers une histoire personnelle. Mais la culture est aussi un bien collectif qui se perpétue sur un territoire et évolue en fonction des contraintes économiques et des politiques publiques. Sur un territoire donné plusieurs cultures peuvent cohabiter et l’indispensable diversité ne doit pas faire obstacle à l’élaboration d’une culture commune qui permet de vivre ensemble. Les récentes déclarations de Manuel Valls sur le supposé refus d’intégration des Roms, qui vivent pourtant depuis mille ans comme peuple semi nomade en Europe, reposent douloureusement la question. Le dépérissement de la nation ne s’est pas accompagné de la création d’une forte identité européenne. Les nombreux replis identitaires que l’on peut observer constituent le principal échec d’une Europe qui a trop privilégié la construction d’un libre marché économique. Faire un espace de solidarité à partir d’une si grande diversité culturelle aurait nécessité une très grande volonté politique et certainement une moins grande rapidité d’élargissement. Le refus de l’immigration et l’intolérance à l’islam ne sont plus l’apanage de l’extrême droite. "A chacun son territoire et sa culture" est un discours qui, au nom du pragmatisme, pointe son nez dans la plupart des grands partis et trop souvent la diversité culturelle n’est plus présentée comme un atout, mais comme un danger.

    La partie de la culture que l’économie mondiale a réussi à transformer en banal produit de consommation ne fait peur à personne. Cette part de la culture qui permet de générer des richesses est considérée comme un des moteurs de l’économie et les politiques publiques sont invitées à favoriser tous les événements et toutes les initiatives qui participent de la logique de l’attractivité des territoires. La culture comme atout de compétitivité semble le nouveau paradigme du développement des métropoles, mais la production standardisée de biens culturels consommables partout dans le monde n’est certainement pas la bonne réponse aux inquiétudes identitaires.

    En France Malraux et les ministres qui lui ont succédé ont construit une politique culturelle sur un modèle descendant : permettre aux classes populaires de découvrir le patrimoine culturel légitime des classes aisées. Jack Lang a réussi à donner un peu de légitimité à des formes culturelles moins classiques, mais en gardant une politique de label qui laisse beaucoup de marge de manœuvre aux politiques et aux fonctionnaires en charge de la culture. La décentralisation a changé la situation, le budget du Ministère de la Culture ne représente guère plus que le quart des dépenses publiques affectées à la culture, le reste vient des différentes collectivités locales. Si la dépense dans le secteur de la culture représente d’après l’INSEE un peu plus de 5% du PIB, la dépense publique n’y participe que pour 0,6%. Malgré leur forte capacité d’impulsion les politiques culturelles ne sont pas en capacité de contrebalancer les effets négatifs liés à l’inégalité sociale. Une analyse plus fine des budgets peut même conduire à se demander si les politiques culturelles nationales ou locales ont réellement cet objectif.

    La volonté de promouvoir une culture de qualité n’a-t-il pas servi de justification à une politique qui favorise largement le conservatisme culturel et social ? Si dans une démocratie représentative la responsabilité des élus est importante, n’est-il pas pour autant de leur responsabilité de mettre en place des mécanismes ascendants pour adapter l’offre à la demande citoyenne ? Si les logiques libérales poussent à valoriser la valeur d’échange de la culture (valeur marchande, attractivité territoriale, compétitivité économique) ne faut-il pas que les politiques publiques défendent plus clairement la valeur d’usage de la culture, dont la nécessité est évidente pour tous ?

    L’importance de la politique culturelle ne se résume pas loin de là, à la hauteur de l’engagement budgétaire. Les élections municipales et européennes qui viennent sont l’occasion de réfléchir en profondeur à ce que doit être une politique culturelle réellement démocratique.

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