Le Café Politique

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  •   U125 Climat : la France à l'heure des choix énergétiques

    Lundi 21 mars à 20h45

    Salle du Centre culturel des Mourlingues à Balma

    Présentation des enjeux par Frédéric Durand

    Professeur de géographie à l’université Toulouse II-Jean-Jaurès, membre du laboratoire CNRS LISST et membre de l’ATECOPOL. Spécialiste des questions d’environnement, de "développement" et de géopolitique.

    voir : https://www.terrestres.org/2022/02/...

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3...

    Invités : tous ceux qui défendent un programme politique dans la campagne électorale

    En France la part du nucléaire dans la production d’électricité est de 70% au lieu de 10% au niveau mondial, mais il ne faut pas confondre "électricité" et "énergie". Le nucléaire représente en fait seulement 17% de l’énergie française et environ 2% de l’énergie mondiale. Face aux enjeux climatiques, le consensus était pour l’avenir de favoriser les énergies renouvelables et d’aller vers plus de sobriété énergétique. La récente augmentation des prix de l’énergie, conjuguée à l’objectif de décarbonation de nos modes de vie, le débat sur l’éventualité de renouveler le parc vieillissant. La volonté admise par tous de supprimer les multiples usages du charbon, du pétrole et du gaz, même avec quelques efforts de sobriété et quelques renoncements, notamment dans la mobilité, nécessite une réflexion de fond sur notre capacité à produire de l’électricité. En effet, il faudra multiplier la production d’électricité fortement décarbonée par un facteur d’au moins 10.

    La logique de la croissance qui est la base de notre économie conduit à une consommation excessive de biens et de services. Beaucoup d’experts pensent que le maintien de nos modes de vie énergivores est impossible et donc si on ne veut pas laisser les lois du marché décider des priorités dans les usages, l’urgence consiste à réorganiser le système économique et social pour favoriser la sobriété.

    Le maintien d’une bonne qualité de vie amène aussi à se poser la question d’une forte production d’énergie décarbonée et/ou d’une optimisation des modes de vie pour réduire les consommations.. Augmentation des énergies renouvelables et développement des capacités de stockage pour pallier l’intermittence de la production sont une première piste, mise en avant par les experts de Négawatt et proposée aussi comme possibilité dans les scénarios de RTE. L’autre est de passer outre le problème non résolu des déchets, la difficulté de garantir un approvisionnement suffisant en uranium, les difficultés techniques de réalisation, le manque de rentabilité économique des EPRs et surtout les risques d’accidents ou d’attentats terroristes, pour se lancer dans un gigantesque programme nucléaire à l’échelle mondiale.

    Cette deuxième option ne fait pas l’unanimité, loin de là, sachant qu’un tel projet ne permettrait pas de respecter les délais pour parvenir aux objectifs de l’accord de Paris et que les réserves de combustibles sont notoirement problématiques. Pourtant à quelques semaines de l’élection présidentielle le Président de la République a annoncé sa décision de construire 6 EPRs, sans même attendre que Flamanville démontre, par son démarrage, notre capacité à produire une énergie rentable et sûre d’ici quelques années. Si beaucoup de candidats sont comme Emmanuel Macron favorables à cette relance du programme nucléaire, EELV, la France Insoumise et le PS ne sont pas pour la construction de nouveaux EPR. À noter que la position pronucléaire du PC ne permet pas de réduire le débat au traditionnel clivage droite-gauche.

    Le choix de la stratégie nucléaire proposé par Messmer en 1974 n’a pas été précédé par un débat démocratique. Cette question du nucléaire, au-delà des aspects techniques, est pourtant un choix de société. Quel niveau de risques sommes-nous prêts à accepter pour maintenir notre société de consommation ? Ne risquons-nous pas, au nom du risque de prolifération ou du manque d’expertise de certains pays, d’accentuer les déséquilibres mondiaux en réservant le nucléaire à une minorité de pays riches capables de s’approvisionner en uranium et de maîtriser la technologie de construction et de maintenance. Pour respecter notre engagement de l’accord de Paris, mais avec l’effet de ralentir uniquement à la marge le réchauffement climatique, ne risquons-nous pas de prendre des risques environnementaux, économiques, sociaux et géostratégiques inutiles ?

    Nous espérons que sur ce thème important, ceux qui sont impliqués dans la campagne électorale viendront nombreux faire vivre la démocratie.

    L’équipe du café politique

    - Toute contribution écrite au débat sera bienvenue. L’adresser à lecafepolitique@free.fr

    - Le Centre Culturel / centre de loisirs des Mourlingues Avenue du Calvel à Balma :

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