Le Café Politique

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  • Rubrique
  •   U124 Abstention : l'impasse démocratique

    En visio le lundi 31 janvier à 20h30

    Invité : David Gouard

    Chercheur en sciences politiques au CERTOP

    Centre d’Étude et de Recherche Travail Organisation Pouvoir

    Après deux élections, dans des conditions sanitaires compliquées et une très forte abstention, beaucoup espèrent un retour des français vers les urnes pour la prochaine élection présidentielle. Les futures campagnes publicitaires, pour rappeler que le vote est un devoir citoyen, feront certainement remonter un peu la participation. D’autant plus que cette participation est corrélée à la perception par les électeurs de l’impact de leur vote sur le réel et que l’élection du Président est la clé de voûte de notre système représentatif. Mais tout ceci ne fera pas oublier que 5,5 millions ne sont pas inscrits sur les listes électorales et 7,5 millions sont inscrits dans un bureau de vote éloigné de leur véritable résidence. L’électorat traditionnel de la gauche, très amer de l’incapacité des partis de gauche à construire un socle idéologique commun, doute de plus en plus de la validité démocratique de nos institutions. L’incapacité du mouvement des gilets jaunes ou celui de la contestation du passe-sanitaire à trouver un relais politique institutionnel risque aussi d’accentuer la marginalisation de certaines catégories sociales.

    Notre démocratie représentative pourtant considérée comme la seule forme possible de gouvernement n’est plus à la hauteur des grands enjeux du moment. Ne pas voter c’est ne pas croire en la capacité de nos représentants à peser positivement sur notre vie personnelle et collective. En effet, la puissance des multinationales, notamment dans le numérique, s’impose aux États et à leurs représentants. L’excès de délégation déresponsabilise totalement les citoyens entre deux élections. Une démocratie qui réduit l’essentiel de ses choix politiques à la désignation d’un président pour 5 ans ne correspond pas au principe de la République comme étant le “gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple” affiché clairement dans l’article 2 de la Constitution.

    L’exemple des retraites montre l’inadéquation entre la conviction des français et l’offre électorale. 71% des français se disent opposés à une hausse de l’âge légal de la retraite et 91% à une baisse du montant et pourtant ils sont largement convaincus que le candidat qui sortira vainqueur de la prochaine élection ne respectera pas ce choix. Sur l’enjeu climatique le vote semble largement inopérant, car le choix de dirigeants nationaux n’a qu’un effet extrêmement marginal sur un enjeu qui concerne quasiment 200 États bien décidés à défendre leur souveraineté nationale. Difficile de croire que des dirigeants français, malgré leur ralliement tardif à la cause écologiste, puissent contraindre un tant soit peu les logiques du marché mondialisé qui poussent à la société de consommation. Le choix de la jeunesse de mener des actions radicales comme celle d’Extinction Rébellion est une critique radicale de l’incapacité de la gouvernance mondiale, basée sur quelques grandes messes interétatiques, à régler la crise climatique. Difficile pour les jeunes de se motiver pour des débats électoraux centrés sur les obsessions sécuritaires des seniors et sur la recherche de la croissance à tout prix.

    Le système électoral français malgré quelques dérapages comme l’affaire Bygmalion n’est pas comme le système américain totalement dominé par l’argent, mais le système médiatique qui joue un rôle prépondérant dans la cote de popularité des candidats est dans les mains d’une élite financière, ce qui introduit un biais important sur la possibilité d’être candidat et sur les résultats. L’émergence rapide d’Éric Zemmour soutenu par le milliardaire Bolloré en est un exemple flagrant

    Face à l’inadaptation de nos institutions nationales et internationales aux enjeux sociaux et environnementaux se pose dans l’immédiat la question du choix entre d’une part la tentative de changement en jouant le jeu actuel de l’élection et d’autre part l’abstention comme outil de délégitimation d’un système que l’on pense incapable d’évoluer.

    Pour lancer le débat nous avons invité David Gouard qui a publié plusieurs articles sur les comportements électoraux.

    L’équipe du Café politique

    - Vous pouvez envoyer une contribution à ce débat à lecafepolitique@free.fr , qui sera mise sur le site http://lecafepolitique.free.fr)/

    - Deux ouvrages récents évoquent cette problématique

    "La Fracture" de Frédéric Dabi et Stewart Chau

    "Extinction de vote" ouvrage collectif sous la direction de Vincent Tiberj et Tristan Haute

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