Le Café Politique

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  Manger aujourd’hui

lundi 26 novembre 2012, par Patricia Bruzac

1) Un casse tête révélateur de nos modes de vie.

Petit rappel

Au départ de son alimentation l’homme était un simple chasseur-cueilleur, puis il a appris à cultiver la terre et à pratiquer l’élevage, début d’une maîtrise sur son accès à la nourriture. Dans le monde d’après guerre les circuits de distribution étaient simples, on pratiquait beaucoup l’autoconsommation. Il existait quelques bouchers et boulangers et les épiciers assuraient l’approvisionnement en produits plus sophistiqués, comme le sel et les épices. Les repas servaient de ciment familial, et les soucis de santé liés à l’alimentation n’occupaient pas les esprits, chacun vivait avec ses convictions personnelles sur les vertus de la viande, du lait, du pain ou de la soupe. Lors du récent exode rural qui a accompagné le développement urbain, les modes de distribution ont évolué, notamment avec l’apparition des grandes surfaces. Parallèlement on a vu se développer des systèmes de production intensive et d’industrialisation qui ne tiennent pas vraiment compte de la qualité de l’aliment produit.

Dans un premier temps, le consommateur, figure centrale de cette nouvelle société de consommation, ne se pose pas de questions, heureux face à l’abondance des produits proposés et de leur prix défiant la concurrence des petits épiciers, qui en raison de l’essor de la voiture individuelle perdent en partie l’avantage de la proximité... Pourtant, rapidement la question du « que dois-je manger ? » va émerger en raison d’une prise de conscience critique par rapport à la composition des aliments ingérés. Si la qualité organoleptique des produits alimentaires est bien sécurisée, la qualité gustative diminue et les doutes sur les additifs, conservateurs et modes de production commencent à traverser les esprits.

2) Notre alimentation quotidienne

Production intensive

L’apparition de la production intensive nécessite l’utilisation des pesticides, fongicides et engrais de façon excessive. Ces produits se retrouvent dans notre environnement et nos assiettes. Les recherches actuelles révèlent l’action de perturbateur endocrinien de ces polluants, favorisant l’obésité et les cancers. Les progrès de la recherche nous ont laissé espérer, grâce à Monsanto, que ce problème serait résolu avec la culture des OGM qui rendraient les plantes résistantes aux insectes et autres maladies ! Nous savons aujourd’hui que cette « promesse » n’a pas été tenue et que ces cultures stériles maintiennent des populations d’agriculteurs dans la dépendance et la misère. L’étude de Monsieur Séralini, quant aux effets potentiels sur l’organisme de la consommation de ces OGM à encore augmenté la suspicion sur cette pseudo-révolution agricole. Industrialisation

Nous assistons aujourd’hui à une industrialisation grandissante nos produits alimentaires. Les rayons de supermarché nous proposent des produits élaborés prêts à consommer ou de cuisson rapide car la ménagère travaille et n’a plus le temps.

Que sont ces produits ?

o Céréales raffinées : le raffinement systématique des céréales permettent une cuisson rapide, cela veut dire que l’on a extrait les fibres alimentaires et en même temps malheureusement les vitamines et sels minéraux qui rendaient ces céréales intéressantes sur le plan nutritionnel. De plus nous avons transformé ces « sucres lents » très bénéfiques pour l’organisme et la santé en « sucres rapides » facteurs d’obésité. Ex : pain blanc, viennoiseries, biscuiterie, riz minute, etc.

o Produits élaborés : charcuteries, plats cuisinés Afin de rendre attrayant un produit de qualité inférieure, les exhausteurs de goût sont utilisés à outrance, sels et sucres rapides se retrouvent dans ces les acides produits, souvent dans l’ignorance du consommateur. Inutile de rappeler les méfaits de l’excès de sel et de sucre !

o Produits élaborés : la biscuiterie Afin de limiter leur coût de production les industriels utilisent essentiellement les acides gras trans et l’huile de palme, en vedette actuellement dans les médias. La consommation de ces produits favorise l’apparition du mauvais cholestérol

o Produits élaborés : les laitages

Comment ne pas remarquer l’essor de ces rayons ? Que proposent-ils ? Beaucoup de produits allégés, diktat de la minceur oblige, sur-dosés en édulcorants de synthèse tel l’aspartam. Je ne m’aventurerai pas à passer en revue notre offre alimentaire, mais nous pouvons simplement constater que notre chaîne alimentaire, résultat d’une course à la surproduction et au profit, ne respecte plus nos besoins nutritionnels et notre santé. Nous sommes arrivés à cette situation paradoxale : nous vivons dans une société de surconsommation alimentaire qui favorise l’obésité, le diabète et les maladies cardio-vasculaires et cette même société se trouve carencée en vitamines et sels minéraux essentiels.

3) Les actions de l’État contre la "malbouffe".

Les gouvernements se succédant tentent d’agir pour limiter les conséquences néfastes sur notre santé de l’alimentation moderne : mise en place du PNNS lancé en 2001 ou création de taxes sur le droit d’accise de divers produits alimentaires.

Taxes sur le droit d’accise

La dernière en date concerne la taxe Daudigny sur l’huile de Palme adoptée le 7 novembre dernier par la commission des affaires sociales du Sénat puis rejetée 15 jours plus tard sous la pression des communistes.

Cette taxe éphémère a pourtant été très connue du grand public du fait de sa présence importante dans notre célèbre pâte à tartiner dont elle a pris le nom « taxe Nutella ». En fait cette huile de Palme est présente dans la plupart de nos produits de consommation courante (biscuits salés, sucrés, viennoiseries industrielles, margarines, barres chocolatées, sodas, savons et cosmétiques.....)

On estime la consommation des français à 2kg par an, ce qui est important. Jusqu’à aujourd’hui, la mention légale « huile végétale » ou « graisse végétale » ne renseigne pas sur l’origine et la nature de ces graisses. Le règlement européen prévoit une loi applicable en décembre 2014 imposant aux industriels d’indiquer l’origine précise des matières grasses entrant dans la composition des produits alimentaires. Il faut savoir qu’actuellement toutes les huiles sont taxées, l’huile d’olive est deux fois plus taxée que l’huile de palme.

L’huile de palme est une huile naturellement hydrogénée, peu chère et présentant de nombreux avantages d’utilisation pour les industriels. Malheureusement c’est un acide gras saturé, dont la surconsommation favorise l’hypercholestérolémie, les maladies cardiovasculaires et le cancer du sein. Malgré tout cela Nutella refuse de modifier la recette de sa fameuse pâte à tartiner

La taxe Fillon en vigueur depuis janvier 2012 sur les sodas. Cette taxe dont l’objectif était de limiter la consommation des sucres raffinés des français a rapportée 280 millions à l’état, la moitié de cette somme a servie à diminuer les charges du secteur agricole , l’autre à renflouer les dettes de l’état. A l’époque, Coca Cola était parti en guerre contre cette taxe protestant qu’une telle taxe n’était pas dissuasive et n’aurait aucun effet sur la progression de l’obésité en France. Les boissons concernées sont les sodas, jus de fruits avec sucre ajoutés, nectars et laits aromatisés. A noter que ce droit d’accise est deux fois plus élevé que pour le vin.

Janvier 2013 devrait voir la mise en place d’une taxe sur la bière dans le cadre d’un projet sur la loi de finance de la sécurité sociale. Pour citer G. Bapt « La France est au 20ème rang en Europe et passera au 10ème après la mise en place de cette mesure ».

Le PNNS

Lancé en janvier 2001, le Programme national nutrition santé (PNNS) a pour objectif général l’amélioration de l’état de santé de l’ensemble de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la nutrition. Le programme a été prolongé en 2006 puis en 2011. Dans le domaine de la nutrition, ces objectifs quantifiés, ont été regroupés selon quatre axes :

1. Réduire l’obésité et le surpoids dans la population

2. Augmenter l’activité physique et diminuer la sédentarité à tous les âges

3. Améliorer les pratiques alimentaires et les apports nutritionnels, notamment chez les populations à risque

4. Réduire la prévalence des pathologies nutritionnelles (dénutrition, troubles du comportement alimentaire) Ces actions auprès des cantines scolaires est important : de nombreuses contraintes sont imposées aux catines scolaires et aujourd’hui les établissements sont contrôlés et sanctionnés s’ils n’appliquent pas les nouvelles directives.

Voir : http://www.dietetiquebruzac.com/fr/...