Le Café Politique

Quelques observations d’un physicien

1) Est-ce que la “Valeur” d’un bien est bien définie ?

Non, parce qu’il y a deux définitions de valeur : V1, le coût de la fabrication d’un copie aussi fidèle que possible, et V2, sa valeur à la vente. Ces deux définitions sont différentes, et c’est la source de beaucoup de nos problèmes. V1 est relativement bien déterminée, mais V2 est totalement irrationnelle, comme expliqué par la journaliste Noami Klein dans son livre “No Logo : la tyrannie des marques”, paru en janvier 2000.

Malheureusement, V1 et V2 sont exprimées dans les mêmes unités locales (Euro en France, dollar aux USA, etc.). Suite à la crise de 1929, en 1933 la Glass-Steagall Act a instauré une incompatibilité entre les métiers de banque de dépôt (qui utilise V1) et de banque d’investissement (V2). Hélas le Glass-Steagall Act, largement contourné par l’ensemble de la profession bancaire depuis les années 1970, a finalement été abrogé le 12 novembre 1999 par le Financial Services Modernization Act, dit Gramm-Leach-Bliley Act, qui a permis une fusion constitutive pour former Citigroup qui est ainsi devenu la plus grande organisation de services financiers au monde. Depuis la crise des subprimes et la crise financière et économique qui s’en est ensuivie, l’utilité de la Glass-Steagall Act est largement reconnue. Le principal volet législatif de la réforme du marché financier engagée par l’administration Obama est le Dodd–Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act de 2010.

2) Est-ce que le nucléaire est dangereux ?

Le plus grand danger est que l’homme devient incapable de maintenir une surveillance adéquate aux installations, leur démantèlement, et le traitement des déchets. L’accident de Fukushima est largement dû à la non-implémentation, pendant plusieurs années consécutives, de la révision annuelle préconisée pour les générateurs de secours essentiels pour refroidir les réacteurs et leurs piscines en cas de panne de la centrale elle-même. Ce constat est alourdi par le rejet de la recommandation issue par l’IAEA en 2006, que ces générateurs de secours soient déplacés sur un terrain plus haut par rapport au niveau de la mer.

Toute entreprise industrielle moderne devient dangereuse si les consignes de sécurité ne sont pas respectées, mais à cause de la pression économique la tentation de ne pas les respecter est grande. Par exemple, l’accident à la plateforme “Deepwater Horizon” dans le Golfe de Mexique le 20 avril 2010 est dû au non-respect des consignes de sécurité. Le phénomène n’est pas nouveau, par exemple, l’amiante.

Il faut moraliser et mieux contrôler le système financier, à commencer par la fermeture des paradis fiscaux.

3) Faut-il continuer avec le nucléaire ?

Le challenge est de survivre le 21ème siècle. Le protocole de Kyoto était censé de limiter les émissions à effet de serre ; il arrive à échéance à la fin de cette année, et rien n’est prévu pour le remplacer. L’année dernière on a vu la plus grande production de C02 jamais enregistrée. Si on n’arrive pas à maitriser rapidement notre consommation de fuels fossiles, le réchauffement climatique risque de s’emballer, avec conséquences désastreuses.

Si les calottes de glace de Groenland et de l’Antarctique se fondent, le niveau de la mer montera par quelques mètres. Dans ce cas les sites de beaucoup de centrales nucléaires côtiers seront noyés et, vu la longévité des produits radioactifs, ceux-ci risquent d’être disséminés dans les océans si le démantèlement et décontamination du site n’est pas effectué auparavant.

Il me semble essentiel de maintenir en opération suffisamment de centrales nucléaires à l’intérieur des terres, pour baisser autant que possible la production de CO2 et ainsi démanteler et traiter les déchets radioactives des sites côtiers avant qu’ils ne soient noyés.

A noter que la remontée des eaux noierait également beaucoup des paradis fiscaux : les Iles Caïman, Iles Vierges, Jersey, l’Ile de Man, ainsi que les grands centres financiers comme New York, Londres, Tokyo, …