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  Résumé du livre d’Andréa Rea et Maryse Tripier sur l’immigration

mercredi 20 septembre 2006, par Juliette Helson

Auteurs : Andrea Rea, professeur de sociologie à l’Université libre de Bruxelles et directeur du Groupe d’étude sur l’ethnicité, le racisme, les migrations et l’exclusion, auteur de « Jeunes immigrés dans la cité » et Maryse Tripier, professeur de sociologie à l’Université Paris VII a fondé et dirigé l’unité de recherches « Migrations et Société » , auteur de « L’immigration dans la classe ouvrière en France »

L’immigration et l’intégration des immigrés sont des objets de passions politiques. Depuis près d’un siècle, de manière différente aux USA et en France, la sociologie a formulé des analyses et testé des concepts pour rendre compte des processus d’installation des migrants et de leur inclusion dans l’espace social et national. Ces derniers ne correspondent pas à un modèle unique, universel et intemporel, au contraire, ils sont parties prenantes des changements historiques. Un regard croisé sur les approches aux USA et en Europe (surtout en France permet de constater la convergence des questions posées et la diversité des réponses concernant la manière dont les sociétés civiles et les Etats incluent ou non, les immigrés et leurs descendants

Les états de l’Union européenne sont tous devenus des territoires d’immigration. Alors qu’à l’exception de la France, ils ont alimenté les flux migratoires vers les USA, ils sont désormais une destination des nouvelles migrations internationales. L’Organisation migratoire annonce en 2003 175 millions de migrants soit à peine 2,9 % de la population mondiale, ce chiffre relativise l’importance des flux., cependant les migrations vers l’Europe se sont concentrées vers les états de l’U.E, soit 19 millions d’étrangers, ce qui représente 5% de la population totale. Dans l’UE, 9 millions d’étrangers ont acquis une des nationalités des états membres. Ces phénomènes sociaux prennent une résonance particulière lorsqu’ils font l’objet d’un traitement politique ou médiatique : l’immigration s’y présente toujours comme un problème. Qu’il s’agisse de la régularisation des sans papiers, de l’intégration des générations issues de l’immigration, de la place de l’islam dans les sociétés européennes, les discours politiques font des immigrés une cause d’insécurité. Le mot d’immigration véhicule des peurs. Le livre ne se situe pas dans ce registre, il tente d’effectuer une rupture avec l’actualité et s’attache à restituer la rigueur du travail scientifique produit, par les sociologues. Le livre accorde plus de place à la problématique de l’installation des émigrés. Les migrations couvrent des situations très différentes selon 3 critères : - les espaces parcourus les durées (saisonnières, temporaires, durables,définitives) – les causes : les migrations forcées (asile), volontaires (exode des cerveaux), spontanées ou organisées (peuplement ou travail) Les travaux sur l’immigration sont traversés par des débats sur les catégories utilisées. Le terme immigrant est très usité aux USA où l’immigration participe au mythe de la constitution de la nation . En Europe, le mot immigré ou migrant est plus fréquent, et condense deux références., la 1ère juridique, renvoie au statut d’étranger de l’immigré , la 2ème socologique, vise le statut socialement inférieur de l’immigré. L’Insee, lors d’un recensement a repris ces termes. En Europe, un fil rouge structure la condition des immigrés et de leurs descendants : le déficit de légitimité. La présence des premiers est souvent contestée, les seconds, quels que soient leurs efforts de conformité, restent suspects de vouloir se soustraire aux obligations d’intégration. Le terme de seuil de tolérance a fait son apparition en France en 1974. L’analyse de l’intégration des immigrés a conduit à s’interroger sur la société d’installation. L’intégration suppose le passage du statut d’immigré à celui de citoyen , or ce passage n’est pas défini a priori, une opposition conceptuelle organise les débats autour de ce qu’il est convenu d’appeler l’intégration.