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  Petit feuillet politique 1 : les Assassins sont parmi nous.

samedi 20 janvier 2007, par Samuel D

Les Nizârites étaient une secte musulmane dont l’activisme militant radical a fait parlé de lui du VIIIe siècle au XIVe siècle : les croisés les appelaient du nom de la « secte des Assassins », pour Hashâchines. Les fedais, des adeptes endoctrinés de cette secte minoritaire shiite, n’hésitaient à se sacrifier afin d’attenter à la vie de califes et autres ennemis politiques de leur chef charismatique. Mais cette terreur politique n’avait de sens que dans la mesure où elle était capable de semer un trouble durable dans l’organisation des communautés adverses : on explique ainsi que les croisés chrétiens n’aient pas été la cible d’attentat, la disparition de l’un engendrant son remplacement par un autre.

La recette, au fil des siècles qui nous séparent de cette époque, a été fantasmée, améliorée, et nous arrivons par moult pointillés aux attentats de la période présente, où des hommes et des femmes sacrifient leur vie pour prendre celle d’autres dans le camp désigné comme adverse. En l’occurrence, ce sont des simples quidams, des civils, pris dans leurs activités quotidiennes jusque dans les endroits réputés comme sûrs. La stratégie serait de marquer les esprits du grand public, cette masse qui consomme, qui est soumise à la déferlante médiatique, qui vote. Marquer pour terroriser, et faire plier par le désespoir de l’insupportable. Cela ne semble pas cependant avoir les effets attendus : après le choc, les communautés et nations attaquées ont réagi avec vigueur, avec « force de frappe », avec « dommages collatéraux », avec « programmes d’aide au développement ». Une réaction certes. Mais qui semble être profitable au sens économique aux populations visées lorsque celles-ci sont suffisamment riches et disposant de moyens militaires considérables.

Il est intéressant dès lors de considérer le débat qui s’installe autour des évènements dits « du 11 septembre ». Dès les premiers mois suivant ce cataclysme, des personnes se mobilisaient pour remettre en question les thèses officielles, celles qui étaient reprises en cœur par les medias, et finalement, celles auxquelles tout le monde s’est mis à croire. L’alarme provenait du fait que, même si des bataillons entiers de journalistes travaillaient à satisfaire la curiosité traumatisée des spectateurs cois devant les mêmes images passées en boucle, la pauvreté des éléments rabachés et des déductions critiques occasionnées avait de quoi frustrer les plus dubitatifs. Sans compter sur la délicatesse des agences fédérales et des armées américaines qui s’approprièrent des piles entières de documents apportant un éclairage sur les faits.

Les toutes premières questions ont été soulevées autour du crash sur les bâtiments du Pentagone. Evidemment, c’est là que le plus grand secret est maintenu : il existerait des images de l’avion s’écrasant sur l’aile, mais elles n’ont pas été dévoilées au grand public, alors que tout le monde a vu des dizaines de fois les avions s’écraser dans les deux tours majeures du WTC de New-York quelques minutes après les faits. La polémique est relancée en 2004 par la vidéo « Pentagon strike » diffusée sur internet et relayée en France par le « réseau Voltaire » qui continue de remettre en cause les images déclassifiées comme une preuve de l’impact d’un avion. La polémique est alimentée à coup d’argumentaires pseudo-rationnels entre ceux qui affirment que l’impact est visiblement celui d’un missile, et ceux qui défendent l’impact d’un Boeing en pleine vitesse. Il est vrai que le phénomène est troublant, et contrairement à ce qui est annoncé dans la presse , on ne voit pas grand-chose d’évident sur les images proposées.

L’affaire devient plus troublante avec la sortie, toujours en visualisation libre sur internet, de « 911 Mysteries (Part I : Demolition) » où il est question de la suite de l’impact des avions kamikazes sur les « twin towers ». En l’occurrence, les derniers étages qui descendent dans un nuage de fumée jusqu’à anéantissement total. Un anéantissement si intense qu’il ne restera rien que des morceaux minuscules amoncelés dans ce que l’on appelle depuis lors « ground zero ». Le postulat usuel est que, suite à l’impact des Boeing, la fragilisation de la structure et éventuellement la chaleur dégagée dans l’incendie déclanché ont entraîné l’effondrement des étages au niveau de l’impact suivi d’un phénomène d’entraînement par propagation du front d’effondrement. Nous croyons à cette hypothèse car il nous semble que nous l’avons vu en témoin direct. Or le groupe de citoyens qui a mis au point le film de quatre-vingt dix minutes revisite les images de manière percutante. Ils partent de l’interrogation suivante : comment se fait-il que des bâtiments de bétons et d’aciers, spécialement conçus pour résister à des cataclysmes tels que l’impact de plusieurs aéronefs de la taille des avions qui l’impactèrent, aient cédé suite à l’impact d’un seul de ces avions ? Jusque là, on peut encore penser que les ingénieurs se sont trompés, ou alors ce sont les experts qui ont certifié les aciers, et encore ce sont les conditions de travail sur les chantiers qui ont entraîné de graves négligences, démonstration en est faite. Mais les choses se corsent lorsque l’on considère que les tours sont tombées à la même vitesse qu’un objet lâché dans le vide de la même hauteur : la physique de l’effondrement devrait au moins inclure un ralentissement dû à l’écrasement progressif ? Or les morceaux latéraux éjectés par cet écrasement tombent moins vite que le front d’effondrement. Face à ce défit fait à la gravité, à Newton et aux lois de la mécanique, le film apporte d’innombrables éléments qui tendent à démontrer que les tours ont été détruites par démolition contrôlée.

Si l’on se laisse interpeller par de tels éléments, on en vient automatiquement à se demander pourquoi nous ne sommes pas informés, pourquoi quelques uns auraient monté une telle machination, et puis qui a pu avoir des plans aussi cruels qu’efficaces ? Le but de cette résistance internautique est de faire cesser l’intoxication de la thèse officielle. « Thèse officielle ». La proximité sémantique est telle que l’on en vient rapidement à faire le lien entre « officielle » et « gouvernement ». Les éléments troublants ne manquent pas : le désormais célèbre documentaire de Michael Moore sur le sujet a popularisé auprès du public pas mal de ces éléments, dont la liste continue de s’étendre au fur et à mesure que le temps passe. Les plus virulents soutiennent alors ce que l’on nomme sous le sigle « théorie du complot » : un groupe de puissants auraient planifié le 11/9. Cela colle bien avec le désenchantement de nombreux citoyens : il y aurait une organisation secrète liant les hommes politiques, les patrons de presse et les puissances financières, capable de nous manipuler sans aucun équilibrage possible. La preuve ? Les médias sont synchronisés sur le même « politiquement correct ». La preuve ? La mondialisation qu’on nous présente pour nous servir le lard comme le cochon. D’autres preuves ? La plus troublante pour une nation qui se veut la reine des démocraties est la « mésaventure » du sénateur Paul Wellstone. Ce dernier était connu comme le loup blanc pour son opposition au fait d’intervenir en Irak : rare sénateur à dénoncer l’argument des armes de destruction massive, il était surtout en voie de se faire réélire au Sénat. Or, nous sommes en octobre 2002, et à un siège près, tout peut basculer en défaveur des plans d’intervention mis en place par l’administration Bush. Comme mis en avant dans le film de Moore, les élections de cette période étaient un sujet chaud pour les républicains car même la veuve d’un candidat démocrate disparu accidentellement une quinzaine de jours avant l’élection l’avait emporté. Le 25 octobre, Paul Wellstone prend l’avion, et ce dernier s’écrase dans des conditions douteuses : l’avion n’avait même pas de boite noire. Et manque de chance pour le camp démocrate, sa femme était avec lui à bord. Nombres de citoyens américains opposés à l’intervention en Irak le considèrent comme un Jaurès qui, s’il n’était pas mort, aurait empêché la guerre : ils placent un autocollant à l’arrière de leur voiture, ce qui est un acte très militant aux Etats-Unis, pour affirmer que Wellstone n’est pas mort. Et ainsi de suite, avec, on s’en souvient, l’épisode des révélations en Grande-Bretagne qui n’ont pas pu se faire suite à une mort prématurée.

Si tous ces éléments renforcent un sentiment qu’il y a des secrets derrière tout cela, attisant notre curiosité, cela consolide aussi une frustration qui s’exprime comme un double dégoût : comment pouvons-nous être si naïfs, et, comment pouvons-nous laisser faire cela ? A la première question répondent les contre-thèses, parmi lesquelles se trouvent celles que je viens de citer : l’information devient la responsabilité directe du citoyen qui ne compte plus sur les chaînes commerciales ou gouvernementales pour défendre l’impartialité ou faire preuve d’esprit critique. A la deuxième répondent les théoriciens du complot, qui visent à défier les conspirateurs, en employant si besoin est leurs propres armes.

Or, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la mise en place de cette arme théorique : « rares sont les militants de gauche qui apprennent l’économie politique en lisant Karl Marx », davantage sont ceux qui « perçoivent dans les méfaits de la classe dirigeante non pas la crise d’accumulation du capital, ou la recherche d’un taux de profit plus élevé, ou les rivalités interimperialistes, mais des manigances ourdies », nous explique Alexander Cockburn . Il est peut-être en effet plus simple de s’en prendre à Davos et à la CIA que de s’investir dans une critique constructive d’un néolibéralisme autrement plus violent que les coups qu’il reçoit de ses détracteurs. La simplification est dangereuse en soi, et le siècle précédant est riche d’erreurs ignominieuses provoquées par la radicalisation de théories simplistes. Et c’est sans côté sur la (elle aussi très longue) liste des raisons qui nous donnent matière à se convaincre que les Bush et copains n’ont pas vraiment les moyens et n’auraient pas eu tant d’intérêts que cela à faire tomber un missile sur le Pentagone ou à déconstruire le WTC en plus des coups portés par les terroristes…

S’opposer à cela, ce n’est pas non plus nier l’incendie du Reichstag, et la manipulation mise en place par les nazis pour s’en prendre à leurs opposants communistes. S’opposer à la théorie du complot, ce n’est pas non plus nier l’incendie de Rome par Néron, et les persécutions des chrétiens qui ont suivi. Les citoyens qui remettent en question les idées reçues ne doivent pas être tous mis dans le même panier que les théoriciens du complot : ils cherchent à remettre en cause les silences, les incohérences, les failles dans la sublimation des faits qui succède au choc, surtout quand celui-ci est institutionnalisé comme dans le cas du 11/9.

Il apparaît de plus en plus probant qu’il y a un écart entre ce qu’on a bien voulu croire sur le moment, et ce qui s’est réellement passé. Il y a bien sûr des kilomètres de réticences qui sont exprimées à ce sujet sur les blogs ou dans la presse : or, il me semble qu’à ce niveau de la démonstration, nous ne voulons pas admettre les évidences, car nous ne savons pas quoi en faire. Pris entre le doute, et son exploitation trop simpliste par certains radicaux ou cyniques, il est plus simple finalement de renoncer au doute, et de revenir à notre première explication. C’était la première, donc la plus simple, et en vertu du principe de parcimonie, c’est la meilleure. Ou alors, par un détour tout aussi malheureux, se dire qu’il n’y a pas de déduction logique « plausible » à considérer un autre perspective, donc, il n’y a pas d’autre perspective. Mais… puisqu’il semble qu’il y en ait ?

Or, pouvons-nous tirer des conséquences autres que celle d’un complot à la lumière de l’hypothèse qu’il y aurait une certaine intoxication autour du 11/9 et ses conséquences ? C’est ce que je pense.

Les détracteurs de la thèse officielle, d’une Amérique victime de Ben Laden et Al Qaïda, n’ont pas eu trop de mal à faire une certaine liste de ceux à qui profitent les attentats. Les deux documentaires cités donnent des éléments qui n’ont pas été attaqués en diffamation. L’horreur, quelle que soit sa cause, a donc pu être détournée au plus grand profit de certains groupes ou personnes. Les Bush et leurs relations en premier lieu, il n’y a qu’à voir les contrats pour l’Irak. Ou encore, la disparition de la tour adjacente aux « twin towers » comprenait l’anéantissement des bureaux d’agences fédérales où étaient stockés des dossiers chauds, tels que Enron, dont il n’existait sans doute pas de copie. On relèvera donc la réactivité du système à défendre certains intérêts.

Qu’on ne soupçonne pas ces dernières phrases de faire le lit du complot : qu’il y ait de l’intéressement ne veut pas dire qu’une organisation secrète avait tout manigancé de A à Z. Mais, autour de ces intérêts, qu’ils soient politiques, ou économiques, ou autre, s’il y a eu des petits arrangements, cela ne m’étonnerait pas. Cela ne me parait pas inconcevable, même pour une horreur de cette amplitude. Car je vois le même silence s’installer autour d’intérêts, de par le monde, même en France.

Pour sortir du passionnel lié à ce sujet, je vais prendre un exemple tout autre, que je qualifierai de fictif car je construis cette histoire pour illustrer mon propos. Je pense qu’il sera suffisamment clair. J’habite un petit village dans une vallée alpine glacière parmi les plus spectaculaires : le Grésivaudan. Ce petit village est surnommé, pour la plus grande fierté de toute la région, la « silicon valley » des Alpes : en effet, une importante usine de production de puces électroniques y a vu le jour. La revue officielle du département résume ainsi : « le 27 février 2003, Jacques Chirac en personne inaugurait (…) « le plus important investissement industriel de France depuis dix ans » (…). La mobilisation sans faille de toutes les collectivités locales – le Conseil général de l’Isère a apporté une contribution de 50 millions d’euros sur cinq ans, en contrepartie de la création de 1200 emplois directs -, a été déterminante. (…) Le site est aujourd’hui l’un des plus avancés d’Europe. Mais il doit perpétuellement innover pour rester dans la course mondiale. » Explication de texte : le consortium a bénéficié d’une subvention publique colossale avec laquelle il a monté une usine. Or maintenant, les technologies évoluent, il faudrait donc que le consortium investisse les profits dans la modernisation de l’usine, ce qu’elle ne semble pas faire à sa juste hauteur. De plus, les conditions de travail sont extrêmement difficiles et dangereuses : les ouvriers y sont sous-qualifiés, jeunes, le « turn-over » est très important. Pour finir, le site de l’usine est réparti sur plusieurs communes, ce qui lui permet d’arrondir un certain nombre de contraintes liées à la pollution. Qui doit agir face à cet incivisme ? Les voisins du site, qui ont entendu des rumeurs de cette espèce ? Ils ne voient pas ce qu’ils pourraient faire, et l’immobilier est déjà tellement cher dans la vallée, sans compter que les enfants ont tout sur place, impossible de déménager… La mairie ? Elle ne va pas prendre la responsabilité de poser des problèmes à ce qui fait de sa commune l’une des mieux équipées de la vallée, des équipements qu’elle n’a pas fini de rembourser. Le conseil général ? Il a déjà mis des millions dans le projet, et il est bien davantage préoccupé par le fait que le consortium soit déliquescent. Les ouvriers ? Que peut-on dire ou faire dans de telles conditions ? Comme les autres, changer de travail quand l’opportunité se présente. Les cadres ? Il faut bien tenir les rendements, sinon, ils sont bons pour devoir aller travailler à Taiwan. Les patrons ? Ils doivent le maximum de profit possible avec tous les moyens qu’ils ont, selon les principes néo-libéraux appliqués par eux et leurs concurrents. L’actionnariat ? Si le consortium n’est pas suffisamment profitable, il investira dans la concurrence… Etc, etc. Qui va prendre la responsabilité de dénoncer de ci les conditions de travail, de là la conséquence sur la nature ? Franchement, tant que cela n’est pas trop voyant, face à la fierté d’être la « silicon valley » française ! Au pire, s’il y a un problème, on mettra une ou deux personnes en prison.

Ainsi, face à la charge des intérêts pris dans la course à l’innovation et la pression de la libre concurrence, il est rapidement nécessaire de ne pas considérer certains aspects moralement et socialement inacceptables. Est-ce qu’il y a un complot pour l’exemple que je vous ai donné ? Le magazine cité n’est-il donc pas en train de faire une certaine intoxication ? Cette intoxication ne profite-t-elle pas à la plupart des acteurs directement concernés par le problème ? Il n’y a pas de complot, il y a une série de compromis fait pour soutenir le système dans son équilibre actuel, voire lui permettre de dégager davantage de richesses à court terme. Ces compromis vont à chaque fois dans le sens de l’intérêt à court terme de chacune des parties.

Alors, que le 11/9 ne soit pas aussi simple qu’une attaque de l’Amérique par Al Qaida, je veux bien le croire. Que l’horreur soit augmentée par une telle hypothèse ? Cela est vrai, et cela ne rabaisse pas le sentiment de solidarité et de compassion que l’on peut éprouver pour les victimes directes et indirectes de ces attentats ! C’est au contraire faire honneur à leur mémoire que de chercher à y voir clair, et orienter nos décisions de manière plus juste en connaissance de cause.

La question qui vient alors lorsque l’on admet cette hypothèse est : que faire ? Que faire s’il y a tant d’intéressement ? Que faire si certains sont prêts à tuer ? Il faut à mon avis s’en prendre à ce pourquoi tant de langues sont nouées, tant de lèvres cousues.

Il est très difficile de faire changer les choses de l’extérieur. Inversement, ceux qui ont un jour voulu mettre leur grain de sable savent à leur dépend qu’il est facile de briser un élément isolé, surtout s’il vient à déséquilibrer une structure dont il fait partie. Or, les structures économiques se modifient aujourd’hui bien plus vite que les réseaux de solidarité ne se construisent. La pression sociale, avec les choix de vie de plus en plus coûteux et la précarisation dans de nombreux secteurs, est telle que la mise en place d’actions militantes indépendantes est très défavorisée. Pour les générations actuelles, l’éducation à l’individualisme se cheville dans l’entre-soi de la famille, des amis, autour de plaisirs directs et immédiats. Face à ce constat, il est alors nécessaire de faire en sorte que quelques individus isolés puissent agir en contre-pouvoir.

Evidemment, on ne doit pas négliger que cela peut être extrêmement difficile à gérer : qui va modérer, et comment ? En mon sentiment, il faut ramener vers l’institution ce qui se produit sur internet : la prise de parole, critique et indépendante, doit pouvoir s’exprimer au-delà du compromis, convenu ou obligé, qui intervient au nom d’ « intérêts supérieurs ». Qu’on se garde les « choses honteuses » en réserve, qu’on garde à l’esprit ce qui à peser dans les choix, pour qu’on puisse y revenir à moyen terme. L’équation politique qu’il nous faut résoudre est donc, pour reprendre l’exemple donné plus haut, comment permettre aux ouvriers et aux cadres d’avoir la possibilité d’émettre des doutes sur l’impact de choix de production profitables sans qu’ils ne se fassent mettre à la porte ? Je veux dire, comment, institutionnellement permettre cela ? Et pour trouver un début de réponse politique, il nous faudra sûrement commencer par regarder de près ce qui se passe autour des petits compromis, des choix exécrables, que l’on peut être amené à faire, au nom d’intéressements à court terme.

Epilogue sur le 11/9 : les guerres menées par les Etats-Unis d’Amérique contre les pays de « l’axe du Mal » ont certes eu des effets spectaculaires sur la bonne marche de l’économie mondiale, et il était même annoncé qu’elles auraient un impact très favorable pour les populations locales « libérées ». Aujourd’hui, l’Afghanistan et l’Irak évoluent de façon très préoccupante. Les médias ne suivent plus l’enthousiasme de l’administration Bush dans sa réponse par la violence à la violence : les gâchis de vie d’hommes et de femmes, l’évaporation des sommes considérables d’argent public investies, la détérioration de l’image des « sauveurs », tout cela semble peser d’un poids mort sur le parti républicain qui fonce vers un fiasco électoral attendu. Je commençais en soulignant que les attentats n’avaient visiblement pas semé la terreur escomptée : la réplique organisée ne semble pas non plus obtenir les fruits attendus. A croire que d’elle-même, l’Histoire, avec sa grande hache, sait faire le ménage ? Mais l’impact sur les décennies à venir sera peut-être plus coûteux que ce qui a pu être gagné dans les quelques années écoulées, à ceci près que ce ne seront pas exactement les mêmes personnes qui vont payer le prix de la marche de cette Histoire, entraînées par les effets d’une appétence insinuée par de piètres intéressements. Il n’y a pas à lutter contre l’appétence, il y a à assumer les bassesses qu’elle entraîne au cas où ce serait les prémices de sa conséquence.